A priori, passer d’un véhicule thermique à un véhicule électrique à batterie n’a rien d’un saut dans l’inconnu. En terme de tarifs, les prix des véhicules électriques neufs deviennent compétitifs et ceux des occasions de quelques années, Nissan Leaf, Renault Zoé et Bmw I3, sont devenus réellement intéressants. Il faut compter entre 6.000 et 12.000 euros environ sans les aides. Avec un coût de recharge de 2 euros pour 100 kilomètres et une charge d’entretien extrêmement limitée (ces véhicules s’usent peu), c’est presque imbattable économiquement. Il faut juste accepter une autonomie qui ne dépasse pas les 100-150 kilomètres (ce sont d’anciens modèles) et pour les Renault Zoé la dépense supplémentaire de la location de la batterie.
Les différences techniques ne sont en apparence pas si considérables. Le véhicule électrique n’a pas de moteur thermique et de boite de vitesse, il a beaucoup plus de couple au démarrage et à basse vitesse. Il est très silencieux. Il faut recharger sa batterie. Et c’est tout… ou presque.
Comme le montre le magazine The Atlantic, les choses sont plus compliquées que cela. Le conducteur doit aussi s’adapter à un écosystème et à un mode d’utilisation qui n’ont rien à voir avec la voiture à moteur thermique. La principale différence est d’ordre psychologique.
«Quand vous achetez une voiture thermique, vous vous en servez comme tous les conducteurs le font depuis un siècle. Vous roulez pendant plusieurs centaines de kilomètres avant de refaire le plein. Quand vous avez besoin de carburant, vous allez à une station service. Il y en a partout. Quand vous achetez une voiture électrique, vous devez vous demander: quelle est son autonomie, puis-je la charger à la maison, au travail ou entre les deux? Comment adapter cette utilisation à mon mode de vie?»
La réalité est que le conducteur d’un véhicule électrique doit renoncer à avoir les mêmes attentes qu’avec une voiture thermique. Certains changements ont des avantages. Vous pouvez recharger votre voiture chez vous le soir quand vous dormez. Mais quand vous quittez votre maison, ne pas savoir où et parfois même comment (à quelle vitesse) vous allez recharger le véhicule introduit de nouvelles incertitudes à la conduite.
Si vous chargez votre voiture au travail et qu’un de vos enfants tombe malade et vous devez l’emmener voir le médecin sans passer sur votre lieu de travail, cela peut devenir compliqué…
La balle en fait est dans le camp des constructeurs et des pouvoirs publics. La clé du passage à la voiture électrique qu’ils tentent d’imposer se trouve dans les infrastructures, leur nombre et leur qualité. Le consommateur n’a pas l’intention de se sacrifier… même pour une bonne cause.