Posséder des mines et des réserves de lithium et détenir sur son sol les usines qui raffinent ce métal blanc, le plus léger existant, est devenu un enjeu stratégique majeur. Qui contrôle le lithium, contrôle les batteries indispensables aux véhicules électriques et contrôle une part non négligeable de la transition énergétique. La Chine l’a bien compris.
Mainmise chinoise
Selon Bloomberg New Energy Finance (NEF), Beijing raffine aujourd’hui sur son sol 60% du lithium mondial, contrôle 77% des capacités de production de cellules de batterie et 60% de la fabrication mondiale de composants de batteries. Sur les 200 méga-usines de batteries en projet d’ici 2030, pas moins de 148 se trouvent en Chine. Le soutien financier public permet aux entreprises chinoises d’investir massivement et très rapidement pour saisir les opportunités dans des conditions que leurs concurrents occidentaux sont incapables de suivre. Les groupes chinois ont ainsi acheté presque autant de réserves de lithium en 2021 que le reste du monde combiné en a acquis en 2020, selon S&P Global Market Intelligence.
Le lithium n’est pas un métal rare. Mais son exploitation est très exigeante. Parce que ce métal est très réactif au contact de l’air, il n’existe que quand il est enfermé et protégé dans une gangue d’autres matériaux. Ainsi, il est enfoui profondément dans la croûte terrestre et difficile à trouver. Cela signifie aussi que pour l’extraire, il faut des mines importantes dont l’exploitation est coûteuse et qui nécessitent des investissements de long terme pas toujours rentables au cours des dernières années. Pour donner un ordre d’idées, la batterie lithium-ion d’un véhicule électrique pèse environ 400 kilos. Elle contient 15 kilos de lithium. Pour les obtenir, il faut traiter 10 tonnes de saumure de lithium…
Données radar des satellites et intelligence artificielle
Et depuis plusieurs années, les investissements dans de nouveaux gisements de lithium n’ont pas été suffisants et le risque de pénurie est important d’ici la fin de la décennie. Tout simplement, parce qu’il faudrait augmenter les capacités de production par un facteur 10 d’ici… 2030.
C’est là qu’intervient Asterra. La startup israélienne a développé une technologie permettant de détecter les fuites sous-marines dans l’industrie des services d’eau via des images satellites. Utilisée dans plus de 70 pays depuis 2015, la solution d’Asterra utilise des algorithmes avancés et l’intelligence artificielle pour décoder les données radar des satellites en utilisant une fréquence unique de pénétration du sous-sol.
Cette technologie permet également de détecter le lithium et Asterra vient de déposer un brevet sur cette utilisation. Les algorithmes complexes d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique d’Asterra extraient le signal de concentration de lithium souterrain à partir de données PolSAR (Polarimetric Synthetic Aperture Radar ) satellitaires et peuvent ainsi localiser les emplacements contenant une forte teneur en lithium.
«Le développement vers l’exploitation minière est une progression naturelle de notre capacité à utiliser l’analyse de l’Intelligence artificielle pour détecter l’humidité sous terre», explique Elly Pérets, le Pdg de la société.
Pour Lauren Guy, fondateur et responsible scientifique d’Asterra, «le lithium est le métal miracle au cœur du désir mondial de passer à une énergie plus propre avec des émissions de carbone réduites, mais la demande dépasse l’offre. Cela a provoqué une augmentation de près de 500% des prix du lithium et nuit aux efforts visant à arrêter le réchauffement climatique… La demande mondiale de lithium est insatiable et la crise d’approvisionnement a déjà commencé. Asterra peut désormais concentrer les efforts des entreprises pour extraire le métal de manière beaucoup plus efficace et précise.»