La plus vieille centrale nucléaire française, Fessenheim, entrée en service en 1977, cessera de fonctionner en 2020. Ce qui ne sera pas sans poser quelques problèmes de capacités au réseau électrique. Fessenheim a produit 11,9 TWh en 2018. Comme le nouveau réacteur nucléaire EPR de Flamanville n’entrera pas en service avant 2023, pour remplacer Fessenheim il faudra d’abord compter sur les énergies renouvelables. Etant au contraire du nucléaire, des énergies peu intensives, il faudra installer beaucoup d »équipements, occuper beaucoup de terrains et utiliser beaucoup de turbines, d’acier et de béton.
On peut se faire une idée de ce qu’il faudra comme éolienne à la place de Fessenheim avec le calcul suivant. Tout d’abord, les éoliennes comme toutes les énergies renouvelables sont intermittentes. Elles ne produisent pas tout le temps, il faut qu’il y ait du vent. L’an dernier, 27.800 gigawattheures (GWh) d’électricité ont été produits par les éoliennes en France. Le parc éolien français à une capacité de 15 GW. Le rapprochement de ces chiffres (la puissance théorique et la production) permet de voir que les éoliennes, évidemment, ne fonctionnent pas en permanence. En divisant la production totale annuelle (27.800 GWh) par la capacité (15GW), on arrive à un fonctionnement moyen du parc de 1.853 heures pleines dans l’année. Si on compare cela au total des heures dans une année (8.760), on en conclut que les éoliennes ne fonctionnent à plein que 21% du temps.
La centrale de Fessenheim, la plus vieille de France, dispose de deux réacteurs de 900 MW chacun. Elle a donc une puissance théorique de 1.800 MW. Mais, les centrales nucléaires ne fonctionnent pas non plus tout le temps à pleine capacité. En 2018, Fessenheim a produit 11,9 TWh. Pour remplacer ces 11,9 TWh, en tenant compte du facteur de capacité de 21% de l’éolien calculé précédemment, il faut donc un total de 5.660 MW d’éoliennes.
Si on prend comme référence la puissance unitaire moyenne du parc actuel (un peu moins de 2 MW), on arrive à plus de 3.000 éoliennes pour remplacer Fessenheim. Si on imagine remplacer Fessenheim par des éoliennes plus modernes et plus puissantes (d’une puissance moyenne de 3MW), on arrive à un nombre de 1.900 éoliennes.
On peut aussi prendre pour faire le même calcul, un autre critère moins favorable aux éoliennes: celui de la puissance disponible aux heures de pointe. Cela correspond à la puissance appelable à volonté, quand elle est nécessaire. Ce qui est la caractéristique d’une centrale nucléaire, hors périodes de maintenance. Cette caractéristique d’une installation de production d’électricité, primordiale pour la solidité et la stabilité du réseau, s’appelle le crédit de capacité.
Le crédit de capacité de l’éolien terrestre est de seulement 10%. Ce qui signifie que 3MW d’éolien permettent de remplacer seulement 300kW de puissance ferme. Par comparaison, le crédit de capacité du nucléaire est de l’ordre de 70%.
Pour remplacer une centrale de 1.800 MW fonctionnant «normalement», en tenant compte des crédits de capacité respectifs de l’éolien et du nucléaire, il faudrait donc un peu plus de 4.000 éoliennes terrestres d’une puissance moyenne de 3MW. Cela fait vraiment beaucoup de turbines, de terrains, d’acier et de béton.