Que faire des centrales à charbon qu’il faut impérativement fermer ? L’un des problèmes de la transition énergétique est de ne pas établir clairement des priorités pour en améliorer considérablement l’efficacité économique, technologique et convaincre les populations. Faut-il ainsi en France consacrer des sommes considérables au développement des renouvelables éolien et solaire tandis que nous avons une électricité déjà décarbonée à plus de 92% et en revanche un parc considérable de logements et de bâtiments qui sont des passoires thermiques ? De la même façon et à l’échelle planétaire cette fois, la priorité absolue devrait être de se passer des centrales à charbon avant même de pousser au déclin du pétrole et du gaz. Rappelons qu’aujourd’hui encore la principale source d’énergie utilisée pour fabriquer de l’électricité dans le monde (35%), c’est le charbon… Le charbon est tout simplement le plus grand émetteur de gaz à effet de serre de l’humanité. Il représente 40% de toutes les émissions liées à l’énergie, soit 15,5 gigatonnes de CO2 sur un total estimé de 36,8 gigatonnes.
Une nouvelle vocation pour les centrales à charbon
Et jusqu’à aujourd’hui le développement rapide des renouvelables a relativement peu d’impact sur cela. Car dans la plupart des cas, ils s’additionnent aux centrales au charbon et ne les remplacent pas, en Chine et même en Allemagne. Il faut bien des moyens de produire de l’électricité quand il n’y a pas de vent ou de soleil… Ainsi, la Chine est le premier producteur au monde d’hydroélectricité, d’électricité solaire, d’électricité éolienne et… de charbon dont elle est aussi le premier consommateur.
Maintenant, une des façons d’accélérer la fermeture des centrales à charbon est de les transformer et de leur donner une nouvelle vocation. C’est ce qu’essaye de démontrer l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) en affirmant dans une étude récente que plus de 800 centrales à charbon pourraient, sans subventions ni aides publiques, être transformées d’ici 2035 en parcs solaires dans les économies émergentes et que les opérations seraient rentables.
La plupart des centrales identifiées ont plus de 30 ans et sont amorties
« Seuls 10% de la capacité mondiale de production d’électricité à partir du charbon devrait être déclassés d’ici à 2030. Davantage d’opérations de fermeture de centrales au charbon peuvent réalisées au cours des trois à cinq prochaines années. Les gouvernements, les investisseurs et les organisations philanthropiques devraient s’efforcer d’identifier ces opportunités », écrit l’IEEFA. Environ 215GW de capacités de production électrique au charbon devraient être fermés d’ici la fin de la décennie sur un total de 2.082 gigawatts (GW) en service dans 75 pays. Et cela sans compter les nouvelles centrales au charbon en construction, essentiellement en Asie du sud-est.
La plupart des 800 centrales identifiées par l’IEEFA ont plus de 30 ans et sont donc en grande partie amorties, exemptes de dette et ne sont plus pieds et poings liés par des contrats à long terme de vente de leur production d’électricité. Compte tenu du fait que l’énergie solaire est devenue très bon marché, au moins à l’installation, cela signifie qu’elles pourraient être mises hors service et converties tout en générant des profits.
« Les opérations peuvent être structurées de manière à couvrir tous les coûts associés à la transition du charbon vers les énergies décarbonées. Cela comprend non seulement les coûts de fermeture des installations au charbon et des nouvelles capacités de production, mais aussi les coûts sociétaux/publics tels que la reconversion des travailleurs directement et indirectement employés, la modernisation de l’infrastructure du réseau pour soutenir davantage d’énergies renouvelables, le déclassement du site, la récupération des pertes de capitaux propres liées à la fermeture d’un actif opérationnel, et les coûts de financement et de restructuration des accords d’achat d’électricité », affirme l’IEEFA.