Pionnier et précurseur des véhicules électriques à batteries de haut de gamme et de haute performance, Tesla s’est toujours défini comme une entreprise de technologie. Wall Street l’a d’ailleurs longtemps considéré et valorisé à l’égal presque des Apple, Alphabet, Meta… Mais ce n’est plus le cas depuis deux ans et demi. Résultat, entre novembre 2021 et avril 2024, l’action Tesla a perdu 60% de sa valeur… Au plus fort de la bulle Tesla, la capitalisation boursière du groupe automobile avait atteint 1.200 milliards de dollars. Elle est aujourd’hui de l’ordre de 500 milliards de dollars. Ce qui reste très respectable. Mais en fait Tesla a changé de statut et est redevenue aux yeux des investisseurs une entreprise comme les autres.
La société, qui n’est plus une start-up et a maintenant 20 ans, est aujourd’hui jugée comme un constructeur automobile à part entière et plus comme un groupe de haute technologie innovant mené par le gourou Elon Musk. Tesla est ainsi touché de plein fouet par le ralentissement mondial du marché des véhicules électriques, par une concurrence farouche, notamment chinoise, par des difficultés commerciales et des questions sur ses produits, leurs qualités et leurs prix.
« Il faut en passer par là »
Conséquence, Tesla va licencier « plus de 10% » de ses effectifs dans le monde, selon un courrier interne envoyé par Elon Musk aux salariés et obtenu par le média spécialisé Electrek. Dans ce texte, Elon Musk explique : « nous avons effectué une analyse approfondie et pris la décision de réduire nos effectifs de plus de 10% au niveau mondial ». Tesla « a grandi rapidement » au cours des dernières années, une croissance qui a créé des « doublons (…) dans certaines activités ». Elon Musk ajoute que Tesla « se prépare pour sa prochaine phase de croissance » et cherche, ce faisant, à réaliser des « économies de coûts » et des « gains de productivité ». « Il n’y a rien que je déteste davantage » que de procéder à des licenciements, « mais il faut en passer par là », écrit Elon Musk. « Cela va nous amincir, nous rendre plus innovants et mobilisés pour notre prochain cycle de croissance ». Le vice-président senior de Tesla, Drew Baglino, a annoncé son départ et selon l’agence Bloomberg, un autre vice-président, Rohan Patel, va également quitter l’entreprise.
Tesla a cédé au constructeur chinois BYD sa place de premier constructeur mondial de véhicules électriques au dernier trimestre de l’année 2023 et souffre de ne pas avoir une offre à un tarif relativement abordable. Selon l’agence Reuters, le constructeur aurait renoncé à produire le Model 2, un véhicule au tarif bien plus bas que le reste de sa gamme, autour de 25.000 dollars. L’information a été démentie, à demi-mots, par Elon Musk sur X (ex-Twitter).
Un recul de la production sur un an
Le ralentissement de la croissance du marché des véhicules électriques n’affecte évidemment pas que Tesla. Le chinois BYD n’a livré que 300.114 véhicules électriques à batterie au premier trimestre, soit une baisse de 43% par rapport aux trois derniers mois de l’année 2023. Des constructeurs tels que Volkswagen, General Motors et Ford ont retardé, réduit ou même carrément abandonné des projets de nouveaux véhicules électriques.
Au premier trimestre 2024, Tesla a en tout cas livré bien moins de voitures que prévu, ce qui ne lui était plus arrivé depuis quatre ans, et sa production a ainsi reculé de 1,6% sur un an en dépit de baisses répétées des tarifs pour préserver ses parts de marché. « Les livraisons du premier trimestre ont été un cauchemar, avec la demande chinoise et mondiale de voitures électriques qui fléchit. Tesla est coincé entre deux vagues de croissance et la patience des investisseurs commencent à s’éroder », soulignent les analystes de Wedbush Securities. Et les annonces des licenciements ne semblent pas avoir vraiment rassuré les actionnaires. Le titre Tesla a perdu plus de 5% à la clôture de la Bourse de New York.