La Confédération Helvétique vient de lancer officiellement son projet baptisé Cargo Sous Terrain (CST). Il s’agira un jour d’un métro logistique réservé aux marchandises qui reliera la plupart des métropoles du pays et devrait réduire fortement la circulation de marchandises sur les voies très empruntées par le grand public (routière, ferroviaire, aérienne), la pollution et la consommation d’énergie.
L’alimentation électrique du métro de marchandises proviendra exclusivement d’énergies renouvelables. Les émissions de CO2 par tonne de marchandises transportées devraient ainsi être réduites de 80% en comparaison avec le transport routier. Avec un tel réseau, la Suisse espère réduire la circulation sur ses réseaux routiers et ferroviaires d’au moins 30%.
Un premier tronçon en 2031
Une nouvelle réglementation adoptée par le parlement suisse et qui entrera en vigueur le 1er août permettre au projet de démarrer. Il s’agira de construire un immense tunnel qui reliera des centres logistiques implantés dans les plus grandes métropoles suisses. Il est financé par des investisseurs et industriels suisses dont la Poste, Swisscom, CFF Cargo, les groupes de distribution Coop et Migros, ainsi que le groupe énergétique BKW Energie et l’assureur La Mobilière. D’ici 2031, un premier tronçon reliera les principaux centres de distribution de Härkingen-Niederbipp à Zürich, deux villes du nord de la Suisse. La section fera 66,7 kms de long et comportera dix principaux carrefours ou hubs permettant le chargement et déchargement. Elle devrait coûter environ 3,55 milliards de francs suisses.
À l’horizon 2045, le réseau devrait s’étendre sur 490 kilomètres et ira de Génère à l’extrême ouest du pays, à Saint-Gall située à l’est. Deux tronçons permettront de relier des villes plus au sud: entre Härkingen-Niederbipp et Lucerne, ainsi qu’entre Berne et Thoune (voir la carte ci-dessous). Il n’y a aucun équivalent dans le monde d’un tel projet de réseau logistique sous-terrain. À titre de comparaison, le métro de Paris est doté d’un réseau de 227 kilomètres.
Des véhicules autonomes
Le tunnel sera à une profondeur comprise entre 20 et 40 mètres. Il mesurera 6 mètres de diamètre et comportera trois voies, une voie par sens de circulation et une voie de service centrale. Les engins roulants autonomes les plus gros se déplaceront à 30 kilomètres heure. Ces véhicules auront des roues et un entraînement électrique à l’aide d’un rail d’induction. De plus, un monorail à trois voies est prévu au plafond, permettant de transporter les marchandises plus légères à 60 km/h. Des hubs seront installés tous les quelques kilomètres pour alimenter les marchandises par ascenseur dans le système ou pour les retirer du système.
Mais évidemment le chantier s’annonce particulièrement compliqué sur le plan technique et politiques. La construction des longs tunnels sera un défi au niveau environnemental, afin d’éviter les obstacles naturels, mais aussi en terme politique, avec les expropriations et les négociations avec les métropoles et les opposants.