<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Stockage du CO2 et décarbonation de l’industrie lourde, une première étape franchie

1 septembre 2022

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Stockage du CO2 et décarbonation de l’industrie lourde, une première étape franchie

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Northern Lights (Aurores boréales), le grand projet norvégien de stockage du CO2, associant TotalEnergies, Equinor et Shell devient réalité et va récupérer et enterrer sous la mer le carbone émis dans une de ses usines par le fabricant d'engrais norvégien Yara. Pour le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et le World Economic Forum, la transition ne peut se faire sans la capture et du stockage à grande échelle du CO2 émis par l’industrie.

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie, il n’existe fondamentalement que deux moyens. Le premier consiste à en émettre moins, en en consommant moins et en utilisant des énergies dites décarbonées pour les substituer aux énergies fossiles. Ce processus est en cours depuis deux décennies, mais comme toutes les transitions énergétiques de l’histoire, il est lent et difficile. Plus encore au XXIème siècle compte tenu de l’échelle des transformations à faire que dans des domaines clés grands consommateurs d’énergie comme les transports, le chauffage, l’industrie et l’agriculture. Le monde consomme plus de 10 milliards de tonnes de carburants fossiles (pétrole, charbon, gaz) par an.

Et cela devient même encore plus incertain quand le principal problème auquel est confronté maintenant l’humanité est celui de la pénurie d’énergie. C’est notamment le cas en Europe et en Asie. Cela signifie qu’il faudra impérativement utiliser le second moyen pour réduire les émissions, empêcher qu’elles se répandent dans l’atmosphère en les capturant et en les stockant ensuite, notamment dans le sous-sol. C’est un processus coûteux et difficile techniquement mais sans risques. Il n’y a tout simplement aucune raison d’avoir peur du CO2. Il ne s’agit pas d’un polluant dangereux au sens premier du terme. Il a un impact dans l’atmosphère sur le réchauffement climatique, mais il est indispensable à la vie sur terre, et il en sort en permanence de nos appareils respiratoires.

Rejeté par les écologistes

Pour autant, la technologie de capture et au stockage du CO2 (CCS) est rejetée par les écologistes de tous poils pour de mauvaises raisons. D’une part parce qu’elle pourrait ne pas nous contraindre à faire suffisamment d’efforts et ensuite parce qu’elle prolongerait l’utilisation des énergies fossiles. Il s’agit à leurs yeux d’un stratagème. Il s’agit certainement d’un pis-aller, d’une technologie à usage limité pendant quelques décennies, mais nous n’avons pas vraiment le choix. Et faire de la transition une question purement morale est le meilleur moyen de ne pas y parvenir.  Car la réalité est que 82% de l’énergie consommée dans le monde est d’origine fossile et que 90% de l’humanité n’a aucune intention de réduire sa consommation d’énergie et a même l’ambition de l’augmenter pour améliorer son niveau de vie…

C’est pour cela que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et le World Economic Forum sont très favorables au CCS. Ils ont calculé qu’il faut que cette technologie soit cent fois plus utilisée qu’aujourd’hui dans les trente prochaines années pour réussir la transition. Et que cela ne peut se faire qu’avec un soutien d’ampleur des États et des grandes entreprises.

Northern Lights

Les pétroliers TotalEnergies, Equinor et Shell sont ainsi engagés dans Northern Lights (Aurores boréales), projet norvégien de stockage du CO2. Il a annoncé au début de la semaine un premier accord commercial qui constitue «une étape majeure dans la décarbonation de l’industrie lourde en Europe». Le projet Northern Lights vise à injecter et stocker du CO2 liquéfié dans des couches géologiques se trouvant à 2.600 mètres sous les fonds marins. Son premier client est le fabricant d’engrais norvégien Yara «pour le transport et la séquestration du CO2 capté sur le site de Yara Sluiskil, une usine d’ammoniac et d’engrais située aux Pays-Bas».

«A partir de début 2025, 800.000 tonnes de CO2 par an seront ainsi captées, comprimées et liquéfiées aux Pays-Bas, puis acheminées jusqu’au site de Northern Lights, afin d’y être définitivement séquestrées dans des couches géologiques enfouies à environ 2.600 mètres sous les fonds marins, au large d’Øygarden, en mer du Nord norvégienne», a précisé TotalEnergies.

Le ministre norvégien de l’Energie Terje Aasland a salué une «étape importante» et un grand «jour pour l’histoire et l’avenir» tandis qu’Anders Opedal, directeur général d’Equinor, a souligné «que les ambitions climatiques peuvent devenir des actions réelles». Le gouvernement norvégien finance 80% des 6,9 milliards de couronnes (650 millions d’euros) nécessaires à la première phase de construction.

Les installations de cette première phase du projet doivent permettre de stocker jusqu’à 1,5 million de tonnes de CO2 par an et Northern Lights se prépare désormais pour une deuxième phase qui permettra «d’accroître sa capacité totale entre 5 et 6 millions de tonnes de CO2 par an»

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