<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La Russie et l’Iran vont avoir bien plus de difficultés à vendre leur pétrole à la Chine et à l’Inde

14 janvier 2025

Temps de lecture : 4 minutes
Photo : Pont tanker wikimedia commons
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La Russie et l’Iran vont avoir bien plus de difficultés à vendre leur pétrole à la Chine et à l’Inde

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L’administration Biden a sanctionné bien plus lourdement au cours des derniers jours les navires des flottes dites « fantômes » transportant « discrètement » le pétrole russe et iranien vers la Chine et l’Inde. Ce que l'agence Bloomberg a qualifié de « message d'adieu » à la Russie avant l'entrée en fonction dans quelques jours de Donald Trump. Le message en question devrait cette fois restreindre sérieusement les capacités d’exportations de Moscou et de Téhéran et contribuer au passage à amplifier la remontée des cours du pétrole.

La raison pour laquelle la Russie n’a pas trop souffert jusqu’à aujourd’hui des embargos et sanctions imposés par les pays occidentaux et leurs alliés depuis l’invasion de l’Ukraine il y a près de trois ans tient au fait que Moscou a trouvé de nouveaux clients pour son pétrole, surtout en le vendant à prix cassés. La Chine et l’Inde se sont ainsi précipitées sur les barils russes. Et si les exportations de gaz russe se sont effondrées, cela n’a pas été du tout le cas de celles de pétrole qui ont un impact bien plus important sur les entrées de devises du pays. Mais la situation pourrait radicalement changer dans les prochains mois avec ce que l’agence Bloomberg a qualifié de « message d’adieu » de l’administration Biden à la Russie quelques jours avant l’entrée en fonction de Donald Trump.

A la fin de la semaine dernière, le 10 janvier, le Trésor américain a imposé de nouvelles sanctions aux producteurs de pétrole russe Gazprom Neft et Surgutneftegas ainsi qu’à pas moins de 183 navires de la flotte dite « fantôme » qui transporte leurs barils. Les mesures visent également les réseaux d’intermédiaires qui font le commerce du pétrole de contrebande et les services associés. Les assureurs russes Ingosstrakh Insurance Company et Alfastrakhovanie Group sont aussi sanctionnés.

« Sanctions les plus importantes jamais prises à l’encontre du secteur énergétique russe… »

Un grand nombre des 183 pétroliers visés ont été utilisés pour transporter du pétrole russe vers l’Inde et la Chine, car les sanctions occidentales et le plafonnement des prix imposé par le Groupe des Sept en 2022 ont de fait déplacé la quasi-totalité du commerce du pétrole russe de l’Europe vers l’Asie. Certains de ses pétroliers ont également transporté du pétrole en provenance de la République islamique d’Iran, qui fait également l’objet de sanctions. Et l’impact des nouvelles sanctions contre la Russie a été immédiat. L’agence Bloomberg rapporte que trois pétroliers transportant « discrètement » plus de deux millions de barils russes qui devaient arriver le 15 janvier dans des ports chinois se sont soudain arrêtés au large des côtes…

Daleep Singh, l’un des principaux conseillers de la Maison Blanche en matière d’économie et de sécurité nationale, a déclaré dans un communiqué que les mesures prises constituaient « les sanctions les plus importantes jamais prises à l’encontre du secteur énergétique russe, qui est de loin la principale source de revenus de la guerre menée par Vladimir Poutine ». Les sanctions devraient coûter à la Russie des milliards de dollars par mois si elles sont suffisamment appliquées, a déclaré un autre fonctionnaire américain. « Il n’y a pas une étape de la chaîne de production et de distribution qui ne soit pas touchée, ce qui nous donne l’assurance que la contrebande sera encore plus coûteuse pour la Russie », a déclaré ce responsable.

En retour, Moscou a accusé les Etats-Unis d’être prêts à risquer de provoquer une instabilité énergétique mondiale. Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré qu’à la veille de la fin du « temps peu glorieux au pouvoir » de Joe Biden, Washington tentait de « causer au moins un peu de tort à l’économie russe, même au prix de la déstabilisation des marchés mondiaux ».

La chute annoncée des importations chinoises

Et il est vrai que les sanctions en raréfiant de fait l’offre mondiale devraient contribuer à la poursuite de la remontée des prix du pétrole qui se poursuit depuis maintenant quatre mois. Les cours du pétrole ont ainsi bondi de plus de 3% au moment de l’annonce des nouvelles sanctions prises par Trésor américain. Depuis les plus bas atteints en septembre dernier, les cours du baril ont augmenté de 20% pour la qualité WTI (West Texas Intermediate) et de 17% pour le Brent. Ils se situaient le 13 janvier à respectivement 78 et 81 dollars.

Les analystes semblent convaincus pour la plupart que les exportations de pétrole russe devraient cette fois être affectées par les nouvelles sanctions. Elles contraindront les raffineurs indépendants chinois à réduire leur production à l’avenir ont affirmé sous le sceau de l’anonymat deux sources commerciales chinoises à l’agence Reuters. Parmi les navires sanctionnés, 143 sont des pétroliers qui ont transporté plus de 530 millions de barils de brut russe l’année dernière, soit environ 42% des exportations totales de brut par voie maritime du pays, estime pour sa part Matt Wright, analyste principal du fret chez Kpler.

Sur ce total, environ 300 millions de barils ont été expédiés vers la Chine et le reste vers l’Inde. Au cours des 11 premiers mois de l’année dernière, les importations indiennes de brut russe avaient augmenté de 4,5% par rapport à 2023 pour atteindre 1,764 million de barils par jour, soit 36% des importations totales de l’Inde. Un négociant basé à Singapour, toujours cité par l’agence Reuters, a estimé par ailleurs que les pétroliers sanctionnés ont aussi expédié près de 900.000 barils de brut russe par jour vers la Chine au cours des 12 derniers mois et que les importations « allaient maintenant chuter de façon vertigineuse».

Nouvelles sanctions contre la flotte « fantôme » iranienne

Les nouvelles sanctions devraient donc inciter la Chine et l’Inde à revenir sur le marché du pétrole officiel et à chercher davantage d’approvisionnement au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du nord et du sud. Les cours du baril ont notamment augmenté au cours des derniers mois en raison d’une demande déjà croissante de la Chine et de l’Inde.

Enfin, le mois dernier l’administration Biden avait déjà sanctionné un plus grand nombre de navires de la flotte « fantôme » transportant du brut iranien. Et il est généralement anticipé que l’administration Trump prendra des mesures encore plus sévères contre la République islamique d’Iran. Cela a conduit le Shandong Port Group à interdire aux pétroliers sanctionnés de faire escale dans ses ports de la province de l’est de la Chine.

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