Nul doute, la COP29 qui se tient en ce moment à Bakou en Azerbaïdjan sera très certainement l’occasion d’engagements solennels de réduire rapidement la consommation d’énergies fossiles. Mais les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Celles de renoncer au charbon faites à la COP26 de Glasgow en 2021 et réitérées à la COP28 l’an dernier à Dubaï sont restées lettre morte. La consommation de charbon atteindra de nouveaux sommets historiques cette année après une progression de 4,5% l’an dernier. Il représente 43% des émissions de CO2 de tous les combustibles fossiles dont il est de loin le plus émetteur de gaz à effet de serre et le plus polluant (1.060 grammes de CO2 par kWh contre 418 grammes pour une centrale à gaz).
En France, l’une des deux centrales électriques au charbon encore en activité, celle de Saint-Avold en Moselle (voir la photographie ci-dessus), a repris du service le 12 novembre. Elle fonctionne tout au plus une vingtaine de jours par an, pendant la saison la plus froide, pour faire face aux pics de consommation liés alors à l’utilisation massive du chauffage électrique, et… à l’intermittence des renouvelables éolien et solaire. Ils ont en général la mauvaise idée de produire peu au cœur de l’hiver. Par définition, les journées sont alors courtes et l’ensoleillement faible et les périodes de grands froids sont souvent liées à la présence sur l’hexagone d’un anticyclone qui se traduit par des vents faibles ou inexistants.
La Pologne (63%) et l’Allemagne (25%) produisent encore beaucoup d’électricité avec du charbon et du lignite
La centrale de Saint-Avold doit cesser définitivement son activité au charbon en 2027 tout comme celle de Cordemais en Loire-Atlantique. Mais contrairement à Cordemais, Saint-Avold pourrait bénéficier d’une hypothétique reconversion sous la forme d’une centrale produisant toujours de l’électricité mais avec de la biomasse ou du gaz naturel. Le projet de conversion de Cordemais à la biomasse a été abandonné par EDF car trop coûteux. Saint-Avold pourrait ne pas disparaître, mais aucune décision n’a encore été prise.
En Europe, tous les pays sont loin d’abandonner le charbon comme la France ou le Royaume-Uni, qui a fermé sa dernière centrale le 30 septembre dernier. La Pologne (63%) et l’Allemagne (25%) produisent encore une grande part de leur électricité, surtout en hiver, avec cette énergie fossile. Et la situation dans le reste du monde est encore plus problématique. Le charbon produit plus d’un tiers de l’électricité consommée sur la planète, précisément 35,2% l’an dernier.
Il y a plus de 6.500 centrales au charbon dans le monde
La capacité totale de production des centrales à charbon dans le monde a même augmenté de 11% depuis 2015, selon le Think Tank E3G. Il existe aujourd’hui plus de 6.500 centrales électriques au charbon dans le monde, avec une capacité de production combinée d’environ 2.245 GW.
La région Asie-Pacifique consomme près de la moitié de l’énergie mondiale et environ la moitié de cela provient du charbon tout simplement parce que les deux pays les plus peuplés de la planète, la Chine et l’Inde, en ont en abondance. L’inde construit pour 88 GW de nouvelles centrales à charbon d’ici 2032. Et ce n’est rien à côté de la Chine qui construit 243 GW de nouvelles centrales au charbon et prévoit de porter ce chiffre à 392 GW. Si on met ces chiffres en perspective, la Chine et l’Inde ajouteront, d’ici à 2032, la totalité de la consommation de charbon de l’Europe, de l’Amérique du Nord, de l’Amérique latine, de la CEI, de l’Afrique et du Moyen-Orient…
La demande d’électricité ne cesse d’augmenter en Chine et en Inde
Tandis que la part du charbon dans le total de la production électrique de la Chine a diminué de 75% à 70% au cours des neuf dernières années, sa production totale a augmenté de 48%… La demande d’électricité dans le pays s’est accrue en moyenne de 5,5 % au cours des cinq dernières années. Le phénomène est encore plus marqué en Inde. La demande d’électricité a augmenté de 7% en 2023 et devrait connaître une croissance moyenne de 6% par an jusqu’en 2026 en raison du développement économique et démographique du pays devenu le plus peuplé au monde.