Les pompes à chaleur devaient envahir la France. A tel point, que l’ambition du gouvernement Borne était d’en produire un million sur le sol français d’ici 2027. Le pays devrait péniblement en avoir fabriqué 170.000 d’ici la fin de l’année et les industriels qui ont investi dans de nouvelles lignes de production se retrouvent dans une situation très compliquée. Tout simplement, parce que la demande n’est pas là. Encore des objectifs de transition énergétique irréalistes et irréalisables sortis de la seule imagination des technocrates.
Comme la vente de voitures électriques en Allemagne, la demande de pompes à chaleur s’est en fait effondrée en France quand les subventions massives ont disparu. Avec le changement permanent des règles du dispositif MaPrimeRenov’, il est devenu plus coûteux d’acheter une pompe à chaleur et les Français sont revenus à la chaudière à gaz… que le gouvernement Borne a failli interdire totalement d’ici 2026 avant de se raviser sous les pressions à l’été 2023.
De trois à quatre fois moins cher
Un problème qui n’est pas seulement français. En Allemagne, la coalition gouvernementale avait déjà failli tomber sur la question de l’interdiction des chaudières au gaz et au fioul. Et les Pays-Bas sont revenus purement et simplement sur leur décision de bannir le chauffage avec des énergies fossiles.
Il faut dire qu’une pompe à chaleur air-eau (les plus efficaces) coûte entre 12.000 et 18.000 euros contre environ 4.000 euros pour une chaudière à gaz. Du coup, les ventes de chaudières à gaz sont en augmentation depuis le début de l’année.
Les errements de MaPrimeRénov’
Sur les dix premiers mois de l’année, le nombre d’installations de chaudières à gaz individuelles (puissance de moins de 70 kW) s’est accru de 15%, selon les chiffres d’Uniclima le Syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques, dans un contexte de marché de l’immobilier déprimé. Et cela alors même qu’il s’agit avant tout de remplacements. L’installation d’une chaudière à gaz est aujourd’hui interdite dans les maisons individuelles neuves.
Le retour des chaudières à gaz s’explique en grande partie par les errements du dispositif MaPrimeRénov’ qui n’a cessé d’être modifié. Son financement devait être encore raboté d’un milliard d’euros en 2025 si le budget Barnier avait vu le jour. En tout cas, les opérations dites « monogestes » avaient été exclues des aides avant d’être réintégrées en catastrophe. Résultat : le nombre de logements accompagnés par les aides MaPrimeRénov’ a fondu, à 231.000 à fin septembre 2024, contre 624.000 sur toute l’année 2023. Les prix du gaz sont, eux, revenus à un niveau raisonnable après la flambée de 2022 même s’ils sont repartis à la hausse depuis le printemps.
Les gaziers veulent promouvoir les chaudières à haute performance énergétique
Cela dit, la crise de l’immobilier et la baisse de consommation des Français, inquiets de la situation économique et politique, ont un impact sur les achats de dispositifs de chauffage. Et il se pourrait que le regain d’intérêt pour les chaudières à gaz soit conjoncturel plus que structurel. Il devrait y avoir cette année environ 450.000 installations de chaudières, contre 508.000 en 2022 et 715.000 en 2021.
Les gaziers ont aussi des arguments à faire valoir. Selon leurs calculs, la promotion de chaudières à haute performance énergétique (THPE) est à la fois un instrument de décarbonation et de soutien au pouvoir d’achat. Elles permettent par rapport aux chaudières plus anciennes qui constituent encore la moitié du parc de réaliser des économies d’énergie de 20 à 30%.