Une part importante de la pollution atmosphérique aux particules fines provenant des véhicules est le résultat de l’abrasion sur la chaussée des pneumatiques. Elle est totalement indépendante du type de motorisation et peut représenter jusqu’à 50% des émissions de particules fines d’un véhicule. Le chiffre le plus couramment accepté par les experts est de l’ordre de 30 à 35% des particules fines dites PM2.5 (de diamètre inférieur à 2,5 microns ou micromètres) émises par un véhicule à moteur thermique, bien plus que celles provenant de l’échappement. Ces particules sont considérées comme cancérigènes et à l’origine de troubles cardiovasculaires. Pour donner un ordre d’idée, le diamètre moyen d’un cheveu humain est de l’ordre de 50 à 70 microns.
The Tyre Collective
La société britannique spécialisée dans la mesure des émissions des véhicules, Emissions Analytics, a décidé de quantifier précisément la part des pneus et des freins dans les émissions de particules d’une berline familiale compacte en conditions réelles d’utilisation. Les résultats sont édifiants. Équipé d’un laboratoire roulant, le véhicule circulait avec des pneumatiques gonflés à la pression recommandée par le fabricant. L’usure de ses quatre enveloppes a relâché l’équivalent de 5,8 milligrammes de particules au kilomètre (1) contre 4,5 mg/km pour le moteur. L’usure des pneumatiques émet donc à peu près autant de particules fines qu’un moteur!
Réduire la dispersion dans l’atmosphère de ses particules est donc une nécessité, surtout si avec les véhicules électriques à batteries, leur poids supplémentaire (les batteries) et le couple important des moteurs notamment au démarrage augmentent l’abrasion des pneumatiques. Une jeune entreprise anglaise appelée The Tyre Collective a inventé un équipement (voir la photographie ci-dessous) qui permet de capturer une part importante des particules provenant de l’usure des pneumatiques. Il est efficace pour toute sorte de véhicules, les voitures, les camions, les bus… et vient d’obtenir le prix annuel de la Fondation James Dyson qui récompense l’innovation.
200.000 tonnes dans les océans chaque année
L’appareil est attaché à la roue et utilise l’électricité statique pour récupérer jusqu’à 60% des particules. Quand elles sont capturées, elles peuvent être ensuite recyclées pour fabriquer de nouveaux pneus ou offrir d’autres possibilités comme l’impression 3D et l’isolation phonique. L’équipe de chercheurs constituée d’étudiants à Londres du Imperial College et du Royal College of Art a découvert que les particules de caoutchouc ou de micro plastique provenant des pneux sont chargées positivement du fait de la friction. En utilisant des plaques électrostatiques, il est possible de les récupérer. Cela consomme peu d’énergie et est facilement alimenté par l’alternateur du véhicule.
D’après une étude récente du Norwegian Institute for Air Research publiée par la revue Nature Communications, plus de 200.000 tonnes de particules de micro plastique provenant des pneumatiques finissent chaque année dans les océans. Selon l’institut norvégien, les particules de micro plastiques dans l’atmosphère sont une plus grande source de pollution des océans que ce que charrient les fleuves et les rivières.
L’équipe de The Tyre Collective estime que les émissions de particules provenant des pneumatiques ne vont pas diminuer dans l’avenir mais augmenter avec l’utilisation de véhicules électriques à batteries qui seront plus lourds, du fait justement des batteries qu’ils emportent.
«Tout le monde sait que les pneus s’usent, mais personne ne pense où cela va et nous étions vraiment choqués de découvrir que les particules provenant des pneumatiques sont la deuxième plus importante source de pollution aux micro plastiques de nos océans», explique au magazine Forbes Hugo Richardson, un des membres de l’équipe de chercheurs de Tyre Collective
(1) Correction d’erreur. Nous avons écrit par erreur que l’usure des quatre pneumatiques d’une voiture, mesurée par Emissions Analytics, dispersait 5,8 grammes de particules au kilomètre. Il s’agissait de 5,8 milligrammes au kilomètre. L’erreur a été corrigée. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs.