<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le réacteur EPR numéro 1 de la centrale nucléaire de Taishan en Chine va finalement être arrêté

2 août 2021

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Les deux EPR de Taishan Chine
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Le réacteur EPR numéro 1 de la centrale nucléaire de Taishan en Chine va finalement être arrêté

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L'opérateur chinois CGN a décidé, sous la pression d'EDF, de «mettre à l'arrêt pour maintenance» le réacteur numéro un de la centrale nucléaire de Taishan. Il connait un problème d'étanchéité de certaines barres contenant le combustible et d'une accumulation de gaz rares radioactifs dans le circuit primaire (étanche). EDF co-exploitant minoritaire de la centrale a demandé officiellement il y a plusieurs jours l'arrêt du réacteur pour remédier au problème.

Un mois et demi après la révélation par la chaîne de télévision américaine CNN de dysfonctionnements dans le réacteur EPR numéro 1 de la centrale nucléaire de Taishan, l’opérateur chinois CGN (China General Nuclear Power Group) s’est finalement résolu à le «mettre à l’arrêt pour maintenance».

«La centrale nucléaire de Taishan (…) faisant de la sûreté sa première priorité (…) a décidé d’arrêter le réacteur 1 pour maintenance, afin de trouver la cause des dommages affectant le combustible et de remplacer le combustible endommagé», a indiqué CGN le 30 juillet dans un communiqué. Le groupe chinois précise que la décision a été prise «après une discussion substantielle entre le personnel technique chinois et français». EDF est co-exploitant de la centrale, mais minoritaire dans la joint venture avec 30% du capital au côté de CGN qui en détient 70%.

Des seuils réglementaires relevés, étonnamment, il y a peu de temps

Après les révélations de CNN, le 14 juin les autorités chinoises ont reconnu l’existence d’un problème sur le réacteur numéro 1 du site. Un petit nombre de barres de combustible d’uranium endommagées («crayons») sont à l’origine d’une accumulation de gaz rares radioactifs dans le circuit primaire, étanche, de la centrale. Les autorités avaient qualifié le phénomène de «courant» et écarté tout danger.

EDF avait toutefois publiquement déclaré dans un communiqué il y a une semaine que si l’incident était arrivé en France, le réacteur aurait été mis à l’arrêt. «Au regard des analyses effectuées, les procédures d’EDF en matière d’exploitation du parc nucléaire français conduiraient EDF, en France, à mettre le réacteur à l’arrêt».

CGN qui n’entendait pas se faire dicter sa conduite par un média américain et par son partenaire français a donc fini par céder. Selon le groupe chinois, la mise à l’arrêt du réacteur n’est pas consécutive à un danger imminent. Ce que personne ne conteste. Les fuites vers le circuit primaire «restent dans la plage admissible des spécifications techniques» et le réacteur aurait pu «continuer à fonctionner de manière stable».

En dépit de la présence de gaz rares dans le circuit primaire du réacteur, les seuils réglementaires en vigueur à la centrale de Taishan sont respectés. Problème: ces seuils ont été relevés, étonnamment, à 324 giga becquerels par tonne (GBq/t) d’eau (en France, ce seuil est fixé à 150 GBq/t), afin, justement, de permettre au réacteur de pouvoir continuer à fonctionner… Les concentrations de gaz rares dans le circuit primaire auraient atteint 290 GBq/t à la fin du mois de mai. Depuis, les niveaux de concentration ont selon toute probabilité continué à augmenter.

Les deux seuls EPR opérationnels

Il y a deux EPR opérationnels à Taishan, les deux seuls au monde qui produisent de l’électricité. Le premier (Taishan 1), affecté par les défauts d’étanchéité, a été mis en service en décembre 2018 et le deuxième, Taishan 2, en septembre 2019 (voir la photographie ci-dessus de la centrale). Ils ont été construits par CGN et EDF et par un troisième industriel chinois, Guangdong YUDEAN. Taishan se trouve à 120 kilomètres au sud-ouest de Hong Kong.

Le problème rencontré dans la centrale a alimenté ces dernières semaines les critiques récurrentes contre la technologie EPR des réacteurs nucléaires de troisième génération. La France est le seul pays à avoir développé cette technologie, considérée comme la plus sûre au monde.

Mais les chantiers en France (Flamanville), en Finlande (Olkiluoto) et dans une moindre mesure au Royaume-Uni (Hinkley Point) ont accumulé les retards, les surcoûts et les problèmes techniques. Marqué par de multiples déboires, le chantier de l’EPR de Flamanville lancé en 2007 devrait être opérationnel en 2023 – avec dix ans de retard. Le retard est le même en Finlande où la mise en service du réacteur EPR construit laborieusement, le mot est faible, par le consortium Areva-Siemens est prévu cette année.

Tout ne s’est pas passé non plus facilement à Taishan, mais les difficultés ont été surmontées bien plus rapidement. Les deux réacteurs EPR chinois ont été construits respectivement en 110 et 113 mois, avec cinq ans de retard sur le calendrier initial et avec un coût total de 12,2 milliards d’euros par réacteur, supérieur de 60% au budget prévu. Mais le temps de construction effectif de Taishan2 a été considérablement réduit, avec l’expérience acquise, à environ 70 mois selon des ingénieurs directement impliqués dans le chantier. Et jusqu’à aujourd’hui, les deux EPR, dont la construction a été lancée en 2009 et 2010, ont fonctionné avec un taux d’utilisation de 7.500 heures par an, soit 86% du temps. Ils fournissent de l’électricité à environ 5 millions de personnes pour un prix du mégawatt heure de 56 euros, très compétitif.

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