Il faut souhaiter que l’hiver prochain soit clément. Sinon les factures de chauffage des français vont s’envoler. La raison en est simple les prix du gaz et de l’électricité augmentent rapidement et vont continuer à le faire. Déjà, et c’est sans précédent, le 1er juillet le tarif du gaz a été augmenté de près de 10%. Le 1er août, ce sera au tour du prix de l’électricité. Et cela ne devrait pas s’arrêter à la fois car les prix du gaz naturel sont en forte hausse dans le monde. Ils rattrapent en quelque sorte ceux du pétrole (et au-delà) et sont victimes d’une raréfaction de l’offre par rapport à la demande. Par ailleurs, le prix de l’électricité pour le consommateur ne peut que continuer à augmenter ne serait-ce que pour financer les renouvelables qui contrairement aux annonces incessantes sont plus coûteux que les sources d’énergie qu’ils remplacent. Non seulement parce qu’ils bénéficient de subventions et de prix garantis, parce que leur raccordement aux réseaux nécessite des investissements et également parce que leur intermittence (pour l’éolien et le solaire) contraint à avoir des installations alternatives mobilisables à tout moment. Ce n’est pas pour rien si les pays et les Etats où les renouvelables assurent la plus grande part de la production électrique les prix du kWh sont les plus élevés. Expliquer que les renouvelables permettront de baisser les prix de l’électricité est une tromperie.
Pas moins de 33% de hausse pour le gaz en un an
Ceci dit, la flambée actuelle concerne avant tout le gaz naturel. En 2018, le tarif réglementé du gaz avait connu une forte progression de 9,2%. Le 1er juillet 2020, les prix ont augmenté de pas moins de 9,9%. Il s’agit tout simplement de la plus forte hausse jamais enregistrée… Elle porte depuis un an, la hausse du coût de cette énergie à 33% selon les calculs du comparateur BeMove. Cela dit, les prix du gaz avaient beaucoup baissé pendant la pandémie et même auparavanr. Depuis janvier 2019, la progression n’est que 1,1%. La flambée actuelle est en grande partie (7,8%) la conséquence de la reprise économique mondiale qui dope la demande. Et c’est pour cela qu’elle ne devrait pas disparaître du jour au lendemain.
En un an, les prix de gros du gaz ont triplé passant de 6 à 8 euros le mégawattheure à plus de 25 euros. Par comparaison, les cours du pétrole ont doublé. Cela s’explique notamment parce qu’il est plus difficile de stocker le gaz que le pétrole même si cela se fait dans les anciens gisements comme celui de Lacq en France.
La hausse rapide des cours du gaz est la conséquence du faible niveau des stocks de gaz et du nombre important d’opérations de maintenance sur certaines plateformes gazières de la mer du Nord. Dans le même temps, les prix du carbone, ces «droits à polluer» qui s’échangent sur le marché européen ont beaucoup progressé sur le gaz. Désireux de s’affranchir de leurs centrales à charbon qui émettent énormément de CO2, l’Allemagne, la Pologne et la République tchèque consomment aujourd’hui davantage de gaz. Enfin, l’hiver et le printemps ont été relativement froids cette année et les renouvelables intermittents (éolien et solaire) ont produit assez peu. Même la France a du lors des cinq premiers mois de l’année faire tourner à fond ces centrales à gaz. La consommation de gaz en France a augmenté sur la période de plus de 15%.
Electricité: près de 50% de hausse en dix ans
Le 1er août, ce sera au tour des prix de l’électricité de progresser. La hausse qui concerne la partie transport et distribution sera évidemment sans commune mesure avec celle du gaz. Comme en août 2020, elle pourrait être de l’ordre de 1,4 à 1,6%. Cela est faible. Mais en dix ans, le tarif réglementé de vente de l’électricité en France a progressé de près de 50%, quatre fois plus que l’inflation, met en avant une étude récenre d’UFC-Que Choisir. Cette hausse tient en grande partie à la transition énergétique.
Après avoir été stables pendant plus de 20 ans, les prix de l’électricité domestique augmentent plus vite que l’inflation depuis maintenant une dizaine d’années. L’explication est simple. Hors TVA, les taxes pesaient l’an dernier trois fois plus sur le prix de l’électricité qu’en 2008 au moment de la libéralisation du marché… Une taxe, en particulier, a eu un impact important, la Contribution au service public de l’électricité (CSPE) qui finance les subventions aux renouvelables. Son assiette a été multipliée par 5 entre 2009 et 2016. Depuis 2016, la CSPE a cessé d’augmenter mais la Contribution climat-énergie (CCE), payée directement par les consommateurs d’énergie fossile (de carburants notamment), a pris le relais.
L’autre explication de la hausse continue des tarifs repose sur l’ouverture en trompe-l’œil du marché de l’électricité depuis près de 15 ans. La création artificielle d’une concurrence à EDF qui n’en est pas une. Non seulement elle n’a pas bénéficié aux consommateurs tout en affaiblissant EDF. Sans parler des comportements agressifs et parfois trompeurs d’une multitude de fournisseurs alternatifs… qui achètent à EDF l’essentiel de l’électricité qu’ils revendent ensuite.
La France n’a plus d’avantage sur le tarif de l’électricité
Le mécanisme dit de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) a été construit depuis près de 15 ans afin de satisfaire les demandes de l’Union Européenne et de créer une concurrence dans la commercialisation en France de l’électricité. Il contraint EDF à vendre à ses concurrents de l’électricité nucléaire à des prix artificiellement bas (42 euros le mégawattheure), ces derniers pouvant ensuite la proposer aux consommateurs. Dans les faits, ni EDF, ni le consommateur, ni la transition énergétique ne bénéficient de ce mécanisme absurde qui illustre une fois encore les absurdités de l’administration française et de sa multitude d’organes de régulation et d’agences. Il existe aujourd’hui pas moins de… 43 distributeurs alternatifs selon les chiffres de la Commission de régulation de l’énergie.
En tout cas la France a perdu tous ses avantages en terme de tarification de l’électricité. En 2016, le prix de la fourniture d’électricité était de 13,5% moins cher en France qu’en Europe, note l’UFC-Que Choisir. L’écart en 2020 n’est plus que de 1,7%.
Cela se traduit par le fait que l’énergie dans son ensemble pèse de plus en plus lourd dans les dépenses contraintes des ménafes français. D’après les données du comparateur LeLynx publiées par le magazine Capital, un foyer français composé de 4 personnes et vivant dans un logement de 111 mètres carrés débourse en moyenne 1.495 euros par an en gaz et en électricité, soit 125 euros par mois. Un couple sans enfant résidant dans un logement de 79 mètres carrés s’acquitte lui d’une facture mensuelle de 84 euros. Le troisième profil, celui du célibataire (dans un 50 mètres carrés), paye chaque mois 62 euros. Des statistiques provenant de l’analyse de près de 580.000 devis. Elles montrent qu’en 10 ans la facture d’énergie des français pour leur domicile a augmenté de 50%.