Après la voiture électrique pendant la campagne européenne, c’est au tour du prix du gaz de devenir un objet électoral de la courte campagne pour les élections législatives. La démonstration, une fois encore, de l’impact des prix de l’énergie sur l’économie en général et le pouvoir d’achat en particulier. Contrairement à une erreur commise depuis de nombreuses années par les économistes et les politiques, l’énergie n’est pas un intrant comme les autres dans une économie. Elle est l’économie ! Le PIB d’un pays peut se résumer à 99% à des transferts d’énergie.
Les pays européens s’en sont sdoudain souvenus lors de la crise énergétique de 2022, liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, quand ils ont alors craint de manquer de gaz et de geler en hiver. Ils ont relancé leurs mines et leurs centrales à charbon et se sont surtout précipités sur tout ce qu’ils pouvaient acheter comme cargaisons de gaz liquéfié dans le monde. Peu importait le prix. Une espèce de sauve-qui-peut. La crainte de pénurie avec la baisse en forme de chantage des exportations russes et plus encore après les sabotages des gazoducs Nordstream 1 et 2 a fait s’envoler les cours du gaz.
La situation a bien changé aujourd’hui et après avoir atteint des sommets historiques à 346 euros le MWh en août 2022 le prix du gaz en Europe est revenu à un peu moins de 35 euros le MWh après avoir légèrement remonté depuis quelques semaines. Cela n’empêchera pas le consommateur français de le payer beaucoup plus cher à partir du 1er juillet.
Une hausse du prix moyen de 11,7% au 1er juillet
Le prix moyen de la facture de gaz des Français va ainsi augmenter de 11,7% au 1er juillet conséquence avant tout d’une hausse du coût des réseaux de distribution. Ils sont plus élevés, paradoxalement, parce que la consommation de gaz a considérablement baissé… de 20% entre 2021 et 2023. Elle est ainsi retombée à son plus bas niveaux depuis trois décennies. Cela est lié la fois à des progrès en termes d’efficacité énergétique, à la désindustrialisation et à une sobriété plus ou moins contrainte par l’envolée des prix. Les Français ont été vertueux, mais les coûts d’entretien des réseaux eux ne baissent pas et augmentent même, notamment du fait de l’incorporation du biogaz…Et comme ses coûts sont supportés par des quantités de gaz commercialisées en baisse, il faut augmenter le tarif pour chaque kWh acheté! Cela ne va pas être facile de l’expliquer aux Français. La sobriété tant vantée a parfois des conséquences inattendues.
Répercutée sur la quasi-totalité des factures de gaz des 10 millions d’abonnés résidentiels
Le niveau moyen du prix de référence se situera le mois prochain à 129,2 euros TTC du mégawattheure (MWh) contre 115,7 euros le MWh, selon le chiffre de la commission de régulation de l’énergie (CRE). Comme les factures se font en kWh la plupart du temps, cela correspond pour juillet à un prix de référence d’environ 13 centimes/kWh. Selon la CRE, la facture annuelle d’un client résidentiel ayant une offre indexée sur le prix repère s’établira à 1.184 euros par an à partir du 1er juillet contre 1.060 euros par an auparavant.
La hausse est avant tout la conséquence de la décision de la CRE en février de revaloriser le tarif d’acheminement du gaz, autrement dit le péage que facture le gestionnaire du réseau GRDF aux différents fournisseurs. Cette hausse sera repercutée sur la quasi-totalité des factures de gaz des 10 millions d’abonnés résidentiels raccordés au réseau de GRDF. La plupart des offres sont indexées sur le prix repère, tant pour l’abonnement que pour le tarif du kWh. EDF et Engie ont informé leurs clients qu’ils allaient répercuter la hausse et TotalEnergies a indiqué qu’il le fera également sur ses offres indexées pas sur celles à prix fixe.
La CRE prévoyait en février une hausse sur la facture de juillet de 5,5% (pour les ménages chauffés au gaz) et de 10,4% (pour les consommateurs en cuisson/eau chaude). Mais l’impact moyen sur la facture, toute option confondue, sera finalement de +11,7% pour tenir compte aussi de la « hausse constatée ces dernières semaines » des prix de gros du gaz.