<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Près de 40% de l’électricité des Etats-Unis pourrait provenir de l’énergie solaire d’ici 2035

13 septembre 2021

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Panneaux solaires en Californie à la base aérienne Nellis
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

Près de 40% de l’électricité des Etats-Unis pourrait provenir de l’énergie solaire d’ici 2035

par

L'administration Biden veut que la principale source d'énergie utilisée pour produire de l'électricité aux Etats-Unis devienne en moins de quinze ans le solaire. Pour cela, plus de 560 milliards de dollars seront investis. Mais il faudra moderniser un réseau électrique vieillissant et que le pays puisse produire massivement et à des coûts maîtrisés des panneaux photovoltaïques sur son sol.

Pour le Département américain de l’énergie, si les investissements sont au rendez-vous, les Etats-Unis pourraient produire 37% de leur électricité avec de l’énergie solaire d’ici 2035 et même 44% d’ici 2050. Cela représenterait en 2035 environ 1.000 gigawatts (GW) d’électricité solaire et 1.600 GW en 2050, plus d’électricité que tout ce qui est consommé aujourd’hui par les particuliers et les services. Pour y parvenir, les investisseurs public et privés devront consacrer 562 milliards de dollars entre 2020 et 2050 à la construction de centrales solaires et au développement des réseaux pour les supporter. La partie publique de ses investissements devrait provenir des plans massifs de construction et modernisation des infrastructures du pays présentés par la Maison-Blanche et en cours de négociation au Congrès.

«L’énergie solaire, notre source d’énergie propre la moins chère et à la croissance la plus rapide, pourrait produire suffisamment d’électricité pour alimenter toutes les maisons aux Etats-Unis d’ici 2035 et employer dans le même temps jusqu’à 1,5 million de personnes», a déclaré la ministre de l’Energie, Jennifer Granholm en présentant une étude sur l’avenir du solaire. Selon le scénario développé par l’administration Biden, en 2035 l’énergie solaire produirait donc 37% de l’électricité, le reste étant fourni par l’éolien (36%), le nucléaire (11%-13%), l’hydroélectrique (5%- 6%), la biomasse et la géothermie (1%). En 2020, les renouvelables fournissaient 21% de l’électricité du pays, le reste étant produit par le gaz naturel (40%), le nucléaire (20%) et le charbon (19%). L’effort devra être considérable. En 2020, les panneaux photovoltaïques et les centrales solaires thermiques ont produit un peu moins de 80 GW aux Etats-Unis, soit de quoi répondre à 3% de la demande du pays.

Sortir de la dépendance chinoise

«Un rôle considérablement plus important pour le solaire dans la décarbonisation du système électrique américain et de l’énergie plus largement est atteignable», affirme l’étude du Département de l’énergie. «Mais cela ne sera possible qu’avec des efforts politiques et réglementaires concertés et des progrès soutenus dans les technologies solaires et d’autres technologies d’énergie propre».

Pour atteindre les objectifs présentés par le Département de l’énergie, il faudra quadrupler le déploiement de l’énergie solaire en moins de dix ans, en le faisant passer de 15 GW en 2020 à 30 GW chaque année d’ici 2025, puis à 60 GW par an entre 2025 et 2030. Au jour d’aujourd’hui, ce plan est respecté. Les Etats-Unis devraient installer sur leur sol 26 gigawatts de nouveau solaire cette année et pas moins de 33 gigawatts en 2023 selon une étude à paraître de Wood Mackenzie and SEIA citée par le Wall Street Journal. Le solaire a bénéficié à la fois de la baisse rapide, jusqu’au début de l’année, des coûts des panneaux photovoltaïques et des subventions de l’Etat fédéral sous la forme de crédits d’impôts sur les investissements solaires. Un cinquième de la capacité du pays a été installé l’an dernier selon le Département de l’énergie, un niveau record.

Mais il ne faudra pas seulement multiplier les parcs solaires. Il est tout aussi nécessaire pour rendre cette électricité accessible aux consommateurs d’adapter le réseau électrique américain, par ailleurs vieillissant et qui a connu au cours des dernières années et décennies de multiples pannes et black-out. En outre, ce réseau est conçu pour approvisionner les consommateurs à partir de centrales puissantes à charbon, à gaz ou nucléaire, pas pour s’adapter à l’énergie solaire, intermittente par nature et nécessitant une grande quantité de lieux de production dispersés.

Autre problème, la dépendance vis-à-vis des panneaux solaires fabriqués avant tout en Chine à laquelle l’administration Biden veut échapper. Elle entend promouvoir cette production sur le sol américain. La Maison-Blanche a maintenu les droits de douane imposés aux importations de panneaux photovoltaïques chinois mis en place par l’administration de Donald Trump. La production de panneaux aux Etats-Unis va augmenter mais cela va prendre du temps et les coûts ne seront certainement pas comparables à ceux des panneaux qui sortent des usines chinoises accusées parfois d’utiliser de la main d’œuvre forcée.

Plus d’aides et de subventions

Et puis, les coûts des matériaux et matières premières nécessaires à la fabrication des panneaux photovoltaïques (aluminium, cuivre, acier, polysilicium…) se sont envolés depuis le début de l’année sans parler des pénuries de semi-conducteurs. Ainsi, pour la première fois depuis plus d’une décennie, les prix des panneaux solaires sont repartis à la hausse depuis le début de l’année. Si l’énergie solaire photovoltaïque est celle dont la croissance a été la plus rapide au monde depuis plusieurs années, cela tient notamment au fait que ses coûts n’ont cessé de baisser. Les prix des cellules photovoltaïques se sont littéralement effondrés, baissant de 90% entre 2010 et 2020. Mais cette période semble aujourd’hui révolue.

C’est pour cela que dans une lettre adressée aux responsables politiques, 748 entreprises américaines du secteur de l’énergie solaire ont alerté sur la nécessité, pour tenir les objectifs fixés par le Département de l’énergie, d’augmenter les politiques de soutien en place et de les assurer sur le long terme. Quadrupler le rythme actuel des installations d’ici 2030 est «une course contre la montre», écrivent-ils. Elle ne se fera pas sans un renforcement du crédit d’impôt actuel sur les investissements dans le solaire.

À propos de l’auteur

La rédaction

La rédaction

Newsletter

Voir aussi

Share This