<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le premier EPR construit, celui d’Olkiluoto en Finlande, a enfin démarré dimanche 16 avril

17 avril 2023

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Olkiluoto EPR
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Le premier EPR construit, celui d’Olkiluoto en Finlande, a enfin démarré dimanche 16 avril

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Le premier EPR dont la construction a été lancée en 2005, à Olkiluoto en Finlande, est finalement entré en service dimanche 16 avril. Avec une puissance de 1,6 GW il fournira 14% de l’électricité du pays, plus que les importations d’électricité de Russie stoppées depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.

C’est le prototype, le premier EPR dont la construction a été lancée en 2005 sur l’île d’Olkiluoto dans le sud-ouest de la Finlande par Areva et Siemens, dans des conditions acrobatiques. Une bonne partie des plans a été finalisée au fur et à mesure de l’avancement du chantier… En tout cas, et c’est symbolique, il est finalement entré en service dimanche 16 avril, avec 14 années de retard, et quelques heures après l’arrêt définitif par l’Allemagne de ses trois derniers réacteurs nucléaires en service.

Le plus puissant réacteur nucléaire d’Europe

Deux autres EPR sont aujourd’hui en service en Chine, Taishan 1 depuis décembre 2018, et Taishan 2 depuis septembre 2019. Ils se trouvent, comme leur nom l’indique, à Taishan à 120 kilomètres au sud-ouest de Hong Kong. Trois autres EPR sont en construction dans le monde, un en France à Flamanville commencé en 2007 et qui devrait entrer en service, si tout se passe bien, l’an prochain et deux au Royaume-Uni à Hinkley Point dont les chantiers ont été lancés en décembre 2018 et décembre 2019.

Le réacteur nucléaire Olkiluoto 3 (voir la photographie ci-dessus) sera avec une puissance de 1,6 GW le plus puissant existant en Europe. Il est prévu pour fonctionner au moins 60 ans. Il vient juste de terminer une période d’essai commencée en mars 2022 et qui s’est prolongée à la suite de plusieurs incidents techniques, notamment lors de tests sur les turbines permettant de produire de l’électricité à différents niveaux de puissance. Le fonctionnement à plein régime de l’EPR permettra de stabiliser et sécuriser le marché électrique finlandais car sa production annuelle de 12 TWh couvrira 14% des besoins du pays, plus que les importations russes interrompues depuis mai 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou. En tout, avec les réacteurs Olkiluoto 1 et 2 à eau bouillante d’une génération plus ancienne d’une puissance chacun de 890 MW, 30% de l’électricité finlandaise sera produite sur ce site.

L’EPR Olkiluoto 3 permettra aussi à la Finlande, en parallèle avec la forte augmentation des capacités éoliennes terrestres, de bénéficier de prix de l’électricité parmi les plus bas d’Europe. Lorsqu’il a fonctionné un temps à pleine capacité pendant la période d’essai, il a fait baisser les prix de l’électricité en Finlande de 30% à 47 euros par MWh en moyenne.

Un chantier cauchemardesque

Le lancement commercial d’Olkiluoto 3 met fin en tout cas à un chantier cauchemardesque à l’image de celui de l’EPR de Flamanville en France. Il a été marqué par une succession de problèmes techniques, de retards permanents et répétés, de conflits sur les responsabilités des difficultés et de milliards d’euros de dépassements de coûts.

Olkiluoto 3 a encore connu un incident majeur en mars 2020 avec la défaillance d’une soupape de sûreté du pressuriseur, un élément essentiel de la sûreté du réacteur, du fait d’un défaut de conception. Ce qui a contraint à revoir et modifier totalement cette soupape et les deux autres installées. Les soupapes de sûreté du pressuriseur permettent de relâcher la vapeur au cas où la pression deviendrait trop forte dans le circuit primaire. Dans l’EPR, il y a trois soupapes de sûreté au sommet du pressuriseur. Une surpression non maîtrisée, si les soupapes ne s’ouvrent pas, pourrait conduire à la rupture de la cuve, un accident majeur. Si les soupapes de sûreté ne se referment pas, cela peut conduire à un accident tout aussi grave, la vidange du circuit primaire et la fusion du combustible nucléaire. L’accident nucléaire de la centrale de Three Mile Island (Etats-Unis), le 28 mars 1979, a été provoqué en partie parce qu’une vanne du pressuriseur ne s’était pas refermée, ce qui a entraîné la fusion partielle du combustible nucléaire.

Plus de 11 milliards d’euros

Selon les annonces d’Areva en 2005, le concepteur initial de l’EPR et maitre d’œuvre de sa fabrication à Olkiluoto, le réacteur aurait dû entrer en service en 2009…  L’envolée des coûts provoquée par les retards répétés a provoqué un conflit juridique, aujourd’hui réglée, entre le consortium Areva-Siemens, fournisseur du réacteur, et Teollisuuden Voima (TVO) son acheteur et opérateur. TVO est contrôlé par l’un des principaux groupes nordiques d’énergie, le finlandais Fortum.

Le coût du réacteur s’élève à environ 5,8 milliards d’euros contre une estimation initiale de 3,2 milliards selon le rapport annuel 2022 de l’exploitant finlandais. En fait, le coût réel d’Olkiluoto est d’au moins 11,3 milliards d’euros et sans doute plus ce qui correspond à l’investissement de TVO et aux pertes colossales d’Areva liées au projet, qui s’élèvent à 5,5 milliards d’euros. Mais comme le réacteur commence seulement à être exploité commercialement et vient juste d’être transféré à son propriétaire, les coûts de financement ont continué à s’accumuler au cours des derniers mois.

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