Le gestionnaire du réseau électrique français, RTE, a publié il y a quelques jours son bilan de l’année 2019. Il en ressort que la production d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 537,7 TWh, soit 2% de moins qu’en 2018. Cette baisse de production est liée avant tout au recul des deux principales filières contribuant au cocktail électrique français: à savoir le nucléaire et l’hydroélectricité. Deux modes de production qui présentent le grand avantage d’émettre l’un comme l’autre très peu de gaz à effet de serre.
En 2019, la production nucléaire française a baissé de 3,5% «du fait d’une moins bonne disponibilité du parc» mais la filière a encore représenté pas moins de 70,6% de l’ensemble de la production électrique en France métropolitaine. Cela permet à nouveau de mesurer le défi que représente la loi énergie-climat adoptée en septembre 2019. Elle fixe pour objectif de réduire cette part à 50% d’ici 2035 et donc de trouver des substituts au nucléaire qui n’émettront pas non plus de CO2. L’hydroélectrique, de loin la première des sources renouvelables, a aussi moins contribué à la production électrique française (11,2% en 2019 contre 12,5% en 2018) «en raison de conditions météorologiques défavorables».
Plus de production d’origine thermique, gaz et fioul
Cette baisse des productions nucléaire et hydraulique a eu pour contrepartie «une hausse de la production thermique à combustible fossile (+9,8%) malgré un très fort recul de la production des centrales à charbon», indique RTE. Les centrales à charbon, qui doivent fermer définitivement d’ici à 2022, (avec toutefois une dérogation concernant la centrale de Cordemais) n’ont compté que pour 0,3% de la production électrique française en 2019 (contre 1,1% en 2018). En revanche, les centrales à gaz (7,2% du mix électrique français) et au fioul (0,4%) ont apporté une bien plus forte contribution.
En pourcentage, c’est même la production au fioul qui a connu la plus forte progression en 2019 (+ 26,5%), devant le gaz naturel (+ 23,8%) et enfin l’éolien (21,2%). Il s’agit une évolution plutôt inquiétante. Quand les productions nucléaire et hydroélectrique, qui émettent très peu de CO2, baissent, les centrales thermiques prennent le relais et plus que les renouvelables éolien et solaire, trop intermittents et aléatoires…
La consommation d’électricité stable depuis 10 ans
En volume de production, c’est le gaz qui a la plus progressé en 2019 (+ 7,2 TWh), devant l’éolien (+ 6,3 TWh). En 2019, l’éolien a représenté 6,3% de la production électrique en France métropolitaine, consolidant ainsi sa place de deuxième filière renouvelable après l’hydroélectricité. Le solaire photovoltaïque et les bioénergies ont par ailleurs respectivement compté pour 2,2% et 1,8% de la production.
Au total, les émissions de CO2 liées à la production française d’électricité ont atteint 19,2 Mt en 2019 soit 6% de moins qu’en 2018. Mais cette baisse, à saluer, est liée avant tout, comme aux Etats-Unis, aux changements intervenus dans la production thermique à combustible fossile avec une «forte baisse de la production à partir de charbon au profit de celles fonctionnant au gaz significativement moins émettrice de CO2».
Plus gros exportateur d’électricité d’Europe
En 2019, la consommation brute d’électricité en France métropolitaine a atteint près de 474 TWh, soit 1% de moins qu’en 2018. RTE indique que cette baisse «s’explique par des températures globalement plus douces en début d’année et par une croissance économique moins soutenue qu’en 2018». Le gestionnaire de réseau souligne que la France connaît une phase de «relative stabilité» de sa consommation électrique depuis 2010. Cela est la conséquence de plusieurs facteurs: les actions d’efficacité énergétique, avant tout dans les bâtiments et l’industrie, le ralentissement de la croissance économique et démographique et la désindustrialisation du pays.
La bonne nouvelle pour l’appareil de production électrique est qu’en 2019, la France est restée «le pays le plus exportateur d’électricité d’Europe». Le solde exportateur net avec les pays voisins représente 55,7 TWh (contre 60,2 TWh en 2018). Mais le gestionnaire de réseau est prudent car l’avenir s’annonce moins favorable. Il rappelle au passage que les échanges d’électricité dépendent «directement des écarts de prix entre la France et ses voisins» et qu’il «est parfois plus favorable économiquement d’importer de l’énergie de nos voisins plutôt que d’activer des moyens de production coûteux sur le territoire». Dans les années à venir, notamment en 2021, 2022 et 2023, la France n’aura plus les mêmes capacités de production et d’exportation. C’est d’ailleurs pour cela que la centrale à charbon de Cordemais restera opérationnelle en cas de nécessité. Cette situation tient notamment à la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, dont la capacité de production correspond à celle de 3.000 éoliennes, et des autres centrales au charbon. Il faut y ajouter le retard de la mise en service de l’EPR de Flamanville et la lente entrée en service des équipements éoliens maritimes, même si leur production est intermittente et dépend de la force des vents et ne peut être mobilisable à la demande.