L’Agence internationale de l’énergie (AIE) se veut optimiste sur le marché pétrolier l’an prochain. Il devrait se remettre des montagnes russes qu’il a connu depuis deux ans. D’abord en 2020, avec un effondrement historique, et en 2021 avec une reprise brutale des cours liée à la reprise de l’économie mondiale et amplifiée par la décision des pays producteurs de limiter l’offre. Pour l’AIE, le marché pétrolier mondial sera dans une situation «plus confortable», et en fait largement excédentaire en 2022. Cela sera notamment la conséquence d’une augmentation rapide de l’offre et également des conséquences d’un regain de la pandémie avec le variant Omicron. Le marché pétrolier bénéficie de potentiels de production importants dans plusieurs pays, ce qui n’est pas le cas du gaz et dans une moindre mesure du charbon.
La consommation va retrouver en 2022 les niveaux d’avant la pandémie, mais la production repart fortement
«En raison des nouvelles restrictions sur les voyages internationaux, nous avons revu en baisse notre prévision de la demande mondiale de pétrole pour 2021 et 2022 de 100.000 barils/jour en moyenne, essentiellement pour tenir compte de la moindre utilisation des carburants aériens», écrit l’AIE. Dans son rapport mensuel, l’agence table sur une demande en augmentation de 5,4 millions de barils par jour (Mb/j) à la fin de l’année 2021 et de 3,3 Mb/j à la fin 2022. La demande devrait ainsi retrouver l’an prochain les niveaux atteints avant la pandémie de Covid-19, soit 99,5 Mb/j.
Côté offre, celle-ci doit dépasser la demande à partir de décembre, avec une production en hausse aux États-Unis et dans certains pays du cartel mondial baptisé Opep+. Il compte les 13 pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avec à leur tête l’Arabie Saoudite et leurs dix alliés menés par la Russie. L’Opep+ avait réussi à enrayer une chute catastrophique des cours du baril au début de l’année 2020 en limitant considérablement sa production. Les 23 pays du cartel s’étaient entendus pour limiter de près de 10 millions de barils par jour leurs productions. Ils ont ensuite maintenu cette discipline une partie de l’année 2021 en remontant très progressivement leurs exportations ce qui a accéléré la remontée des cours dans la foulée de la reprise économique mondiale.
Mais la grande peur des producteurs de pétrole de 2020 a disparu et a fait place à l’envie incontrôlable de certains paysd’augmenter rapidement leurs recettes pétrolières. Le cartel a décidé début décembre de poursuivre sa politique d’augmentation dite graduelle de la production. Les cours du pétrole qui sont montés cette année jusqu’à 85 dollars le baril sont retombés depuis, face aux perspectives d’une augmentation sensible de la production et aux craintes que le nouveau variant Omicron fait peser sur la conjoncture. Le 15 décembre, les cours du brut qualité brent mer du nord étaient de 73 dollars et qualité WTI de 69 dollars.
Une bataille entre producteurs pour les parts de marché
La bataille pour les parts de marché, qui avait conduit à des baisses spectaculaires du prix du pétrole depuis les années 2014-2015, est en train à nouveau de se mettre en place. L’an prochain, plusieurs pays qui ne sont pas liés à l’Opep+ comme les États-Unis, le Canada et le Brésil, devraient «pomper à leurs plus hauts niveaux annuels jamais enregistrés», souligne l’AIE. Après une augmentation de 1,5 Mb/j en 2021, l’offre mondiale de brut pourrait bondir de 6,4 Mb/j l’an prochain.
En supposant que l’Opep+ continue à abandonner progressivement ses coupes volontaires, et donc à augmenter sa production, le surplus mondial de brut pourrait, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, atteindre 1,7 Mb/j au premier trimestre et même 2 Mb/j au deuxième. Cela garantit presque une baisse des cours…