Transitions & Energies

Les Pays-Bas, grand pays gazier, passent à la géothermie


Pour des raisons de sécurité et de secousses sismiques, les Pays-Bas ont arrêté définitivement l’exploitation du gisement de gaz naturel de Groningue, le plus important d’Europe occidentale. Pour remplacer cette énergie locale et bon marché tout en la décarbonant, le pays n’a trouvé qu’une seule solution : investir massivement dans la géothermie. Aujourd’hui, dans tout le pays, pas moins de 96% des projets de construction comprennent une installation de géothermie de surface, en milieu rural comme urbain.

Une des clés de la prospérité des Pays-Bas au siècle dernier a été le gigantesque gisement de gaz naturel qui se trouve à proximité de la province septentrionale de Groningue, le plus grand d’Europe occidentale. Mais l’extraction du gaz à Groningue est aujourd’hui définitivement arrêtée car elle présente de sérieux risques. Même si c’est une technologie conventionnelle et pas la fracturation hydraulique utilisée pour extraire le gaz de schiste, elle provoque des mini tremblements de terre.

Les spécialistes évaluent à plus de mille le nombre de secousses recensées depuis plus de 30 ans. Ces tremblements de terre ont créé d’importants dégâts au fil du temps. Des milliers de maisons ont été endommagées. La population locale a protesté pendant des décennies avant de finalement obtenir gain de cause. Et cela même s’il reste au moins encore 450 milliards de mètres cubes de gaz qui reposent et reposeront sous le sol argileux et mou de Groningue.

Victime de la rente pétrolière et gazière

La situation était toute autre dans les années 1970. A l’époque, le pays associé à une filiale du géant pétrolier et gazier Shell extrayait de son sous-sol jusqu’à 88 milliards de mètres cubes par an (en 1976). Une production si profitable à l’État néerlandais que Groningue avait reçu le surnom de « distributeur de billets du pays ». Les recettes générées au fil des décennies ont été très supérieures (aux prix actuels) à 400 milliards d’euros. Ce qui n’a pas été sans effets pervers.

La malédiction de la rente pétrolière et gazière a été ainsi aussi appelée « syndrome hollandais » en référence aux conséquences économiques et financières de l’exploitation du gaz de Groningue dans les années 1970. Elle s’est traduite par un afflux de capitaux étrangers dans l’économie néerlandaise et une appréciation rapide de sa devise, le florin. Sa surévaluation a lourdement handicapé la compétitivité des entreprises du pays. Les exportations hollandaises sont devenues de plus en plus chères, à l’opposé des importations. L’industrie comme l’agriculture néerlandaises ont connu ainsi une succession de faillites et de pertes d’emplois.

Aides et subventions publiques massives

Pour autant, les Pays-Bas font face aujourd’hui à un sérieux problème : comment remplacer cette énergie locale et bon marché tout en la décarbonant ? Ils n’ont trouvé qu’une seule solution : la géothermie.

La priorité est ainsi donnée à la géothermie de surface, moins de 200 mètres de profondeur. Elle permet d’accéder tout au long de l’année, via des échangeurs et des sondes, à des températures de l’ordre de 12 à 13 degrés Celsius et ainsi via des pompes à chaleur de chauffer et refroidir les bâtiments et les logements que ce soit dans un environnement rural ou urbain (voir la photographie ci-dessus d’un forage géothermique à La Hague de la société Huisman). Cela permet de mettre au rebut les chaudières à gaz.

La géothermie coche toutes les cases. Il s’agit d’une source d’énergie renouvelable, abondante, présente sur quasiment tout le territoire et dont les équipements sont très durables. Son seul problème est que l’investissement initial, même s’il finit toujours par être rentable, est important. Ce qui est compensé en partie par des aides et des subventions publiques massives.

Les Pays-Bas bénéficient aussi d’une géologie favorable. Il est bien plus facile de forer pour atteindre les températures recherchées dans un sol qui est en général sableux. Voilà pourquoi, aujourd’hui dans tout le pays pas moins de 96% des projets de construction de logements et de bâtiments industriels et tertiaires comprennent une installation de géothermie de surface, en milieu urbain comme rural.

La rédaction