Cela fait des années que l’opinion est abreuvée de fake news sur la pollution aux particules fines. Elle proviendrait des automobiles et plus particulièrement des plus anciennes. Résultat, dès qu’une alerte aux particules fines est donnée, les restrictions de circulation se multiplient et touchent plus particulièrement les vieilles voitures des gens modestes… Le problème, c’est qu’il s’agit d’informations tronquées voire fausses et de décisions arbitraires et totalement inefficaces.
Tout d’abord, la pollution aux particules fines, qui sont bien extrêmement nocives pour la santé, ne provient pas majoritairement de la circulation automobile, mais de l’industrie, de l’agriculture, des centrales thermiques, de la nature… Cela a été prouvé de façon incontestable quand par exemple, en 2020, sur les trois épisodes d’alerte aux particules fines en Ile-de-France, deux se sont produites pendant les périodes de confinements marquées par des restrictions importantes de circulation… Une information qui étonnamment n’a pas été vraiment relayée par les médias et dont les pouvoirs publics se sont bien gardés de tirer des conclusions. Et pourtant, de nombreuses études montrent que les particules fines voyagent sur des centaines voire des milliers de kilomètres et que les restrictions de circulation n’ont presque aucun impact sur leur présence dans l’atmosphère.
Airparif, à l’époque où cet organisme était moins soumis au politiquement correct, avait même eu l’audace d’écrire que les endroits les plus pollués aux particules fines en Ile-de-France étaient les stations souterraines du métro et du RER…
Une étude du cabinet Emissions Analytics
Et voilà donc une étude britannique récente du cabinet Emissions Analytics qui montre que les émissions de particules fines proviennent avant tout de l’abrasion des pneumatiques sur la chaussée et pas des gaz d’échappement. Une autre, plus ancienne, réalisée en 2020 par l’agence allemande de protection de l’environnement, soulignait déjà que les pneumatiques et les systèmes de freinage répandaient beaucoup plus de particules fines dans l’atmosphère que les moteurs. Cela signifie que l’âge des véhicules et le type de motorisation ont un impact limité. sur ce type de pollution.
Selon Emission Analytics, qui a réalisé de nombreux tests d’usure sur une Mercedes Classe C, la quantité de particules fines provenant des seuls pneumatiques est très nettement supérieure à celle générée par les gaz d’échappement. Jusqu’à près de 2.000 fois plus que sur une voiture récente à moteur thermique à essence.
Ces particules d’une taille inférieure à 23 nanomètres sont particulièrement dangereuses: elles sont si petites qu’elles pénètrent plus facilement dans les organes humains au travers des poumons et ensuite de la circulation sanguine…
Pour Emission Analytics, l’usure des pneus produit 36 milligrammes de particules à chaque kilomètre parcouru. C’est 1.850 fois plus que les 0,02 milligrammes provenant des gaz d’échappement d’un véhicule récent à moteur à essence. Et encore, avec une conduite agressive et sportive sollicitant beaucoup plus les pneumatiques, les émissions provenant des pneumatiques augmentent considérablement…
On trouve à l’origine de ce problème le poids grandissant des véhicules. C’est notamment le cas des voitures électriques qui transportent des centaines de kilos de batteries et par ailleurs ont un couple très important lié à la nature même des moteurs électriques. Tout cela contribue à accélérer l’usure des pneumatiques et donc les émissions de particules fines.