Le solaire photovoltaïque est l’énergie renouvelable qui se développe le plus rapidement. Les équipements coûtent peu cher, grâce notamment à la surproduction massive chinoise, et sont faciles à installer que ce soit sous forme de parcs ou de panneaux sur les toits des maisons, des parkings ou des hangars. Cela ne veut pas dire que cette source d’énergie n’a que des avantages. Elle est évidemment intermittente. Sa production est très limitée par rapport à sa capacité théorique, un peu plus de 20% sur l’ensemble de l’année. Elle occupe des surfaces importantes pour une production électrique peu intensive. Et cette industrie est totalement dominée par la Chine. A tel point que face à l’effondrement des prix, les fabricants chinois de panneaux ont créé un cartel à la fin de l’année dernière pour tenter de contrôler le marché et que la dernière usine photovoltaïque en France vient juste de mettre la clé sous la porte.
Mais l’emballement pour le solaire, notamment des particuliers, crée aussi un problème à l’Etat contraint par la situation catastrophique des finances publiques de réduire ses dépenses. Il a donc décidé de revoir à la baisse son dispositif de soutien au solaire. Et cela aura des conséquences.
Une année 2024 faste pour le solaire
L’année 2024 aura encore été très faste pour le solaire, pas sûr que cela se poursuive au même rythme. Boom de l’autoconsommation, installations records de panneaux solaires en toitures, au point de devenir le principal moteur du développement des renouvelables. La production d’électricité solaire a ainsi augmenté de 8,4% pour atteindre 23,3 TWh. Elle a représenté 4,3% de la production totale.
Premier signal, la fameuse PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) qui dans les faits n’a rien d’une réelle programmation et s’apparente plus à une feuille de route vaguement indicative, a révisé, très légèrement à la baisse les ambitions solaires du pays.
Réduction du dispositif de soutien public
La version mise en consultation il y a quelques semaines a réduit les objectifs d’installation de capacités solaires entre 65 et 90 gigawatts d’ici 2035 au lieu d’une fourchette comprise entre 75 à 100 GW comme prévu jusque-là. Pour 2030, 54 GW sont prévus au lieu de 60 GW, sachant que 25 GW sont déjà installés.
Plus significatif est la réduction du dispositif de soutien public au solaire pour les particuliers, entré en vigueur via un arrêté publié le 27 mars dernier. Le discours officiel habille la réalité puisque le gouvernement explique vouloir « encourager à se tourner vers l’autoconsommation ». Il ne sera plus possible désormais de vendre la totalité de sa production solaire à EDF… qui n’en a pas du tout besoin.
Baisse de la TVA, décalage de la réduction des tarifs d’achat, les lamentations de la filière ont été entendues
La prime d’investissement, versée un an après l’installation, passe au tarif unique de 80 euros le kilowatt-crête (kWc) contre 160 à 210 le kWc auparavant pour les configurations d’une puissance inférieure à 9 kWc, celles de la plupart des particuliers en France. Les professionnels du secteur ont réclamé pour compenser une baisse immédiate de la TVA, avec un passage au taux réduit de 5,5% au lieu de 20%. Comme toujours en France, une baisse des dépenses publiques… a donc été compensée par une augmentation des dépenses publiques. La loi de finances 2025 prévoit cette baisse de TVA à partir d’octobre.
Il faut ajouter à cela la réduction du prix d’achat de l’électricité produite. Les propriétaires ne consomment en moyenne que 60% de leur production et revendent le reste à EDF… qui n’en a pas du tout besoin. Sans parler des coûts démesurés de raccordement des productions solaires au réseau. Cela doit coûter 10 milliards d’euros à Enedis entre 2022 à 2040.
Pour en revenir au prix d’achat de l’électricité photovoltaïque, pour les installations inférieures à 9 kWc il passe de 12,69 euros le kilowattheure (kWh) à 4 euros. Les installations plus puissantes de 100 à 500 kWc, généralement celles implantées sur les bâtiments, hangars ou ombrières, ont obtenu un répit jusqu’en juillet avec le maintien de leur tarif d’achat à 95 euros le kWh, un prix exorbitant par rapport aux tarifs du marché de gros de l’électricité.