Ragaillardie par le succès des Jeux Olympiques, Anne Hidalgo, la maire de Paris, poursuit sa croisade contre les automobilistes… non parisiens qui ont l’outrecuidance de venir fouler les rues de la capitale. En l’occurrence d’emprunter le périphérique pour contourner Paris. Après les voies sur berge fermées il y a déjà huit ans, son obsession est maintenant le périphérique. Elle veut pérenniser la voie réservée aux accrédités des Jeux olympiques et paralympiques cet été et la réserver en permanence aux taxis, aux particuliers qui circuleraient à plusieurs et aux transports en commun. Elle entend aussi imposer une limite de vitesse de 50 kilomètres heure à cette voie qui fait le tour de Paris sur l’emplacement de ce qui était les remparts de la ville.
Et elle l’a réaffirmé le 9 septembre sur RTL, la mesure entrera en vigueur le 1er octobre. Peut-être… Quelques jours avant de s’exprimer sur RTL, Anne Hidalgo avait déclaré à Ouest-France : « je prendrai mes responsabilités. C’est une mesure de santé publique pour les 500 000 personnes qui vivent aux abords du périphérique ». Ce que rien ne prouve.
Peu importe si le gain, en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques (particules fines et oxyde d’azote), est proche de zéro avec la limite de vitesse actuelle de 70 kilomètres heure, que Mme Hidalgo a d’ailleurs déjà imposé en abaissant en 2014 de 10 kilomètres heure la limite précédente de 80 kilomètres heure. Aucune étude préalable démontre les avantages et bienfaits d’une limite à 50 kilomètres heure. Mais la maire de Paris n’a pas grand-chose à faire des faits. Elle avait tout de même expliqué un temps que la pollution atmosphérique transportait le virus du Covid-19… Et concernant la fermeture des voies sur berge, une étude de l’Institut des politiques publiques réalisée en 2021 avait démontré qu’elle n’a en rien diminué la circulation et la pollution.
« Un amateurisme total… »
Pour en revenir au périphérique, cet anneau de 35 kilomètres qui ceint la capitale depuis 1973, est emprunté chaque jour par 1,2 million de véhicules, franciliens en très grande majorité. En fait, 66% des usagers viennent de la Petite et de la Grande Couronne, et seulement 18% sont des Parisiens. La vitesse maximale autorisée sur cette voie a déjà été ramenée de 90 km/h à 80 km/h en 1993, puis donc à 70 km/h en 2014.
L’association 40 Millions d’Automobilistes dénonce pour sa part « un amateurisme total dans la prise de décision ». Une mesure qui d’après l’association ne repose sur « aucune étude d’impact, aucune étude de report du trafic ». Elle ajoute avec un certain nombre de données à l’appui que les émissions polluantes à 50 kilomètres heure sont supérieures à celles à 70 kilomètres heures.
« Un axe d’intérêt national »
La mesure aurait d’autant moins d’impact que la caractéristique du périphérique est d’être très souvent embouteillé avec une vitesse de circulation moyenne alors bien plus faible que 50 kilomètres heure. Entre 7 heures et 21 heures, la vitesse moyenne du trafic sur le périphérique s’établit à 36,4 km/h. La limitation à 50 kilomètres heure pénalisera les automobilistes seulement quand la voie est dégagée, entre 21 heures et 7 heures, avec une seule logique, les décourager. Anne Hidalgo oublie volontairement que personne ne prend le périphérique pour le plaisir, mais par nécessité…
Mais ce n’est pas gagné. Au début de l’année, le ministre des transports alors en poste, Clément Beaune, avait affirmé que l’Etat « ne validera[it] pas » cette mesure, tandis que la ministre de la transition énergétique de l’époque, Agnès Pannier-Runacher, avait dénoncé une mesure « antisociale » et susceptible de générer davantage de bouchons et donc d’émissions de CO2. Et la maire de Paris, contrairement à ce qu’elle clame, aura besoin de l’accord de la Préfecture de Police, et donc… de l’État et du nouveau Premier ministre Michel Barnier.
Le périphérique est bien une voie communale située sur les terres parisiennes et dont la gestion, l’entretien et l’exploitation sont du ressort de la capitale. Mais il s’agit aussi « d’un axe d’intérêt national ». À ce titre, sa gestion est contrôlée par l’État. La mairie de Paris seule n’est pas habilitée à installer les nouveaux panneaux de signalisation à 50 km/h, ni à faire recalibrer les 16 radars qui jalonnent la voie. En 2014, quand la vitesse maximale sur le périphérique avait été ramenée de 80 à 70 kilomètres heure, le Premier ministre, Manuel Valls, avait donné son accord.
Opposition de la Préfecture de Police et de la région
La Préfecture de Police a exprimé à de nombreuses reprises au cours des derniers mois son opposition à ce projet tout comme la Région Île-de-France. Le vice-président LR de la région Île-de-France Othman Nasrou a réaffirmé il y a quelques jours sur France info l’opposition de la Région à cette baisse de la vitesse sur le périphérique : « c’est une décision idéologique, à marche forcée, qui ne produira pas les résultats escomptés. »
La Région Ile-de-France avait organisé en novembre 2023 une consultation publique sur l’avenir du périphérique. À la question, « êtes-vous pour ou contre la suppression d’une voie pour tous sur le périphérique », 90.2% des 79.000 participants s’étaient dit opposés à la mesure.