Si le baril de pétrole continue son ascension presque ininterrompue depuis près de trois mois et si la stratégie de l’Arabie Saoudite et de la Russie, les chefs de file du cartel Opep+, de réduire l’offre pour faire monter les cours est une réussite, ils ont tout de même du souci à se faire pour les prochaines années. Elles devaient être marquées par l’entrée en force sur le marché de nouveaux pays producteurs avides de profiter de la manne pétrolière, la Guyane (Guyana) et le Brésil, en Amérique latine et la Namibie en Afrique australe.
Et les choses vont très vite. En à peine quatre ans, le Guyana est passé de l’annonce de la découverte de pétrole à être le pays dont la croissance économique a été l’an dernier la plus forte au monde (+62%). Et la Namibie compte bien faire de même. Quant au Brésil, il ambitionne tout simplement de devenir le quatrième producteur mondial de pétrole derrière les Etats-Unis, la Russie et l’Arabie Saoudite.
Des milliards de barils de pétrole au large de la Namibie
C’est aujourd’hui en Namibie que les découvertes de pétrole se succèdent. En septembre 2022, le ministre namibien des mines et de l’énergie déclarait que les découvertes faites dans le pays par Shell et TotalEnergies pourraient se chiffrer en milliards de barils. Il y a quelques jours, selon Upstream Online, les réserves découvertes par les deux compagnies dans le Orange Basin sont maintenant estimées à 11 milliards de barils… Et elles ne sont pas les seules. Une autre compagnie, Global Petroleum, vient de recevoir l’autorisation du gouvernement d’étendre ses travaux d’exploration en mer. Cette prolongation dépendait des résultats d’explorations déjà menées, qui ont donc dû être prometteurs…
Le gouvernement namibien se prépare déjà au boom pétrolier. Le mois dernier, l’agence Bloomberg a annoncé qu’il allait investir 2,1 milliards de dollars afin transformer les ports de Walvis Bay et Luderitz en terminaux pétroliers. La Namibie pourrait commencer à exporter du pétrole en 2029 selon la compagnie pétrolière nationale Namcor, qui est partenaire minoritaire des projets de Shell et de TotalEnergies. Et d’ici 2035, le pays pourrait figurer parmi les 15 plus grands producteurs de pétrole au monde, a déclaré le Premier ministre Saara Kuungongelwa-Amadhila.
Le Guyana en plein boom pétrolier
Pour la Guyane, il ne s’agit plus de projets mais de réalité. En l’espace d’à peine quatre ans, le pays est passé de l’annonce de découvertes de pétrole à une production déjà substantielle. Voilà pourquoi le Guyana est devenu l’an dernier le pays dont la croissance économique a été la plus importante au monde, avec une envolée du Produit intérieur brut (PIB) de 62%. Les experts et le gouvernement de Georgetown estiment que le Guyana pourrait produire 1,2 million de barils de pétrole brut par jour d’ici 2027, un chiffre supérieur à celui de nombreux membres de l’Opep.
Une vaste campagne de forage d’exploration menée par Exxon a permis de faire plus de 30 découvertes et de trouver ainsi des gisements de plus de 11 milliards de barils. Selon les experts de Rystad Energy, l’empreinte carbone de l’extraction du pétrole du Guyana est l’une des plus faibles au monde. Il s’agit là d’une caractéristique extrêmement intéressante à l’heure où les grandes compagnies pétrolières sont poussées à réduire fortement leurs émissions. Et en outre, cela abaisse le coût de l’extraction du pétrole du Guyana estimé par Rystad à 28 dollars le baril en moyenne. Cela rend son exploitation particulièrement rentable, en particulier lorsque le baril se vend à plus de 90 dollars…
C’est pour ces raisons que la production pétrolière du Guyana ne s’arrêtera certainement pas à 1,2 million ou 1,3 million de barils par jour. Au début de l’année, l’agence guyanaise de protection de l’environnement a donné son autorisation à une nouvelle campagne de forage de 35 puits par Exxon. Et d’autres compagnies ont aussi des ambitions dans ce pays, notamment TotalEnergies et la compagnie nationale brésilienne Petrobras.
Petrobras va investir 78 milliards de dollars en cinq ans
Cette dernière est aussi le principal artisan de l’augmentation rapide annoncée de la production de pétrole du Brésil qui ambitionne de devenir le quatrième producteur mondial. Petrobras devrait investir pas moins de 78 milliards de dollars en cinq ans pour atteindre cet objectif. L’an dernier, le Brésil s’est classé au neuvième rang mondial pour la production de pétrole, devant le Koweït et derrière l’Iran, avec une moyenne d’un peu plus de 3 millions de barils par jour. Le ministère brésilien de l’énergie prévoit que le pays pompera 5,4 millions de barils par jour d’ici 2029. Ce qui serait très supérieur à la production actuelle du Canada, le quatrième pays producteur avec 4,5 millions de barils par jour. Le Brésil a des réserves très importantes estimées à plus de 35 milliards de barils et pouvant aller, selon certains experts, jusqu’à plus de 60 milliards de barils.