<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Des milliers de ralentisseurs illégaux sont aujourd’hui menacés de destruction

23 août 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Ralentisseur Wikimedia Commons
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Des milliers de ralentisseurs illégaux sont aujourd’hui menacés de destruction

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La persévérance finit par payer. Tout le monde sait que la grande majorité des ralentisseurs, dos d’ânes et autres coussins berlinois qui pullulent dans les rues des villages et des villes françaises ne respectent pas les normes. Cela fait des années que des associations dénoncent cela sans obtenir la moindre réaction des pouvoirs publics. Mais le temps de l’indifférence et l’impunité est peut-être arrivé à son terme. Le Tribunal administratif de Toulon vient d’exiger la destruction de deux d’entre eux dans le Var. Un jugement qui pourrait faire jurisprudence.

Plus de 450.000 ralentisseurs, dos d’ânes et autres coussins berlinois sont installés dans les rues des villages et des villes françaises provoquant une augmentation sensible de la consommation des véhicules et de nombreuses nuisances, notamment quand ils ne respectent pas les normes, ce qui est le cas d’une écrasante majorité. Les trois-quarts des équipements installés… Et ils sont aussi parfois dangereux pour les deux-roues.

Mais les municipalités ont longtemps agi en toute impunité, au nom de la sécurité routière. Ce qui est loin d’être toujours démontré. Mais en l’occurrence, il s’agit surtout pour elles de montrer qu’elles agissent pour protéger les citoyens. La situation est pourtant en train de changer. Le Tribunal administratif de Toulon a exigé que deux ralentisseurs installés dans le Var et jugés non conformes soient démolis. Ce jugement unique en son genre pourrait faire jurisprudence et avoir un impact dans tout le pays.

Une réglementation précise souvent ignorée

Pour rappel, les ralentisseurs ont pour vocation de réduire la vitesse des automobilistes, principalement dans des zones piétonnes ou à proximité de points sensibles comme les écoles. D’autres aménagements permettent également de réduire cette vitesse qu’il s’agisse de rétrécir la chaussée, d’installer des chicanes ou des îlots centraux, des radars, des avertisseurs etc…

La réglementation qui limite à la fois les possibilités d’installations et les dimensions des ralentisseurs existe en fait depuis plus de 30 ans mais n’a jamais été vraiment appliquée. Ce qui est assez fréquent dans le beau pays de France… Dans le cas du jugement du tribunal administratif de Toulon, la démolition de deux ralentisseurs illégaux fait suite à une plainte d’habitants pour nuisance sonore. L’infraction constatée est qu’ils avaient été installés sur une route où circulent chaque jour plus de 3.000 véhicules, ce qui est interdit par le décret 94-447 du 27 mai 1994 qui régit l’installation de ses infrastructures.

Cette réglementation sur les ralentisseurs trapézoïdaux (norme NF P 98-300) impose les principaux points suivants. Ils doivent être situés sur un axe où la vitesse est limitée à 30 km/h, ce qui doit être signalé en amont par des panneaux appropriés, avoir un plateau compris entre 2,5 et 4 m, avec deux pentes de 1 à 1,4 m de long et ne pas dépasser 10 cm de haut. Et donc ils ne doivent pas être implantés sur des axes empruntés régulièrement par des transports publics de personnes ni sur des axes où le trafic est supérieur à 3.000 véhicules par jour en moyenne.

Nuisances sonores, dommages aux véhicules, surconsommation

Si des citoyens un peu partout en France viennent à contester la légalité des ralentisseurs installés dans leur commune, il y a de grandes chances que nombre d’entre eux soient condamnés à la démolition. Car les installations non conformes sont susceptibles de causer des nuisances sonores, d’endommager les véhicules et de représenter un danger, notamment pour les deux roues.

La Ligue de défense des conducteurs et l’association pour une mobilité sereine et durable (PUMSD), qui traque depuis des années les ralentisseurs illégaux partout en France, estiment que les trois quarts des 450.000 ralentisseurs recensés en France, toutes formes confondues, sont non conformes. En fait, on ne connait pas vraiment leur nombre exact.

Ils sont aussi à l’origine d’un excès de consommation, et donc d’émissions de CO2 et créent des nuisances notamment sonores. « Si les dommages matériels, voire corporels que peuvent engendrer les ralentisseurs hors normes sont déjà identifiés, aucune étude n’avait été menée, jusqu’à ce jour, pour mesurer toutes les autres nuisances qu’ils engendrent: surconsommation, CO2, inconfort, bruit », explique  la Ligue de défense des conducteurs qui a fait réaliser il y a quelques années une étude dont les résultats sont éloquents.

Sur un circuit fermé, elle a fait installer deux ralentisseurs. Le premier respecte les dimensions légales avec une hauteur de 10 cm, un plateau de 4 mètres et une rampe de 1,40 mètre de long, tandis que le second reproduit un ralentisseur illégal, souvent rencontré par les automobilistes, qui culmine à 24 cm de haut.

Les deux véhicules ayant servi au test sont représentatifs du parc français, une Renault Clio et un Peugeot 3008, roulant tous deux à l’essence. Le test avait été mené sous le contrôle d’un huissier et réalisé en partenariat avec la PUMSD, l’Automobile Club des Avocats et les experts de l’Automobile Magazine.

Résultat, en comparaison avec le passage du véhicule sans ralentisseur, la surconsommation de carburant est de 10,5% pour la citadine et de 13% pour le SUV sur un ralentisseur légal. Elle augmente respectivement de 26% et de 28% lors du franchissement du ralentisseur illégal.

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