Décarboner le transport maritime est l’une des gageures de la transition énergétique. Les technologies à dispositions sont aujourd’hui relativement limitées. La première possibilité, qui commence à peine à être mise en œuvre, consiste à remplacer le fuel lourd très polluant des diesels géants des cargos, des porte conteneurs et des tankers par du gaz naturel. Il s’agit toujours de carburant fossile mais dont les émissions de gaz à effet de serre, de soufre et de particules fines sont nettement plus faibles. A terme, l’hydrogène voire l’ammoniac, qui est une énergie plus concentrée, pourraient alimenter des moteurs électriques sur de grands navires. Mais il faudra attendre de nombreuses années.
Des tests menés avec le skipper Michel Desjoyaux
Cela explique pourquoi en complément d’une propulsion classique et sur certaines niches, la marine à voile fait son retour. Même le groupe Michelin, le géant français et mondial des pneumatiques, s’est pris au jeu. Il a a profité de son événement Movin’On 2021, sommet mondial de la mobilité durable, pour présenter un projet d’aile gonflable, rétractable et automatisée pour les navires marchands et de plaisance. Il s’agit à la fois pour Michelin de profiter de son savoir-faire dans les matériaux remplis d’air comprimé et de montrer sa volonté de se diversifier.
L’aile en question, baptisée projet Wisamo (Wing Sales Mobility), «au design révolutionnaire» (voir l’image ci-dessus), est née de la rencontre entre le département de Recherche et de développement de Michelin dont la réputation n’est plus à faire dans les pneumatiques et ailleurs (il a développé l’an dernier un masque révolutionnaire pour les professions de santé) et deux inventeurs suisses. Michelin s’est également associé à Michel Desjoyaux, skipper de renom, afin de permettre «aux équipes de recherche de Michelin d’en parfaire la mise au point».
Une large plage d’utilisation
Cette aile pourrait permettre «de diminuer la consommation de carburant et d’avoir ainsi un impact environnemental positif en réduisant les émissions de CO2», explique Michelin. Elle est «particulièrement adaptée aux rouliers, vraquiers, gaziers et pétroliers, cette aile pourra être installée au moment de la conception du bateau, en équipement d’origine, ou en rétrofit sur un navire déjà opérationnel».
L’un des avantages de cette aile serait de posséder «une large plage d’utilisation, notamment au «près» (vent de face), lui permettant d’avoir un spectre d’utilisation parmi les plus larges du marché. L’aile pourra être utilisée sur toutes les voies maritimes. Rétractable, elle facilitera les arrivées portuaires et le passage sous les ponts. Elle permettra un gain en carburant pouvant aller jusqu’à 20% par navire».
Un premier navire de transport sera équipé l’an prochain. Si les résultats des tests sont probants, Michelin prévoit de lancer rapidement l’industrialisation de ces voiles dès 2022.
Maintenant, la marine à voile ne peut pas être une solution miracle. Tout d’abord, parce que ses performances ne sont pas à la hauteur de la taille des navires de transport du XXIème siècle. Et ensuite, parce que les routes maritimes ne suivent plus les vents dominants.