Les cours du pétrole ont connu une baisse spectaculaire depuis la désormais fameuse « journée de la libération » et le lancement de fait par l’administration Trump d’une guerre commerciale planétaire. Depuis la chute libre ne semble pas s’arrêter alimentée par les répliques et les surenchères, notamment entre les Etats-Unis et la Chine. Entre le 2 avril et le 9 avril au matin, les cours du baril de référence aux Etats-Unis, WTI (West Texas Intermediate), ont abandonné plus de 20% pour se retrouver à 57 dollars et ceux du baril de référence en Europe, BRENT, ont perdu 19% pour se retrouver à 60 dollars. On peut aujourd’hui parler de véritable krach pétrolier. Et il y en a eu plusieurs au cours des dernières années. On peut en dénombrer six avec celui en cours.
Dans l’ordre chronologique descendant, quelques journées qui ont marqué au fer rouge le marché pétrolier au cours des dernières années.
– 3 avril 2025 : droits de douane et augmentation simultanée de production de l’OPEP+ (-7%)
Barils: WTI (West Texas Intermediate): -7% | Brent: -6,4%
Deux chocs dans la même journée. L’annonce d’une augmentation sans précédent et généralisée des droits de douane par Donald Trump a déstabilisé l’ensemble des marchés et réveillé le spectre d’une récession planétaire en cas de mesures de rétorsion et d’une guerre commerciale sans merci entre les deux premières puissances économiques (Etats-Unis et Chine). Dans le même temps, le cartel élargi OPEP+ a annoncé une augmentation de sa production bien plus importante que prévue à 411.000 barils par jour pour le mois de mai. Les cours du pétrole se sont effondrés, le WTI chutant de 7 % et le Brent suivant de près. La chute libre s’est poursuivie depuis avec un effondrement au total de l’ordre de 20% des cours du pétrole en l’espace de quatre journées de cotation.
-26 novembre 2021 : la panique Omicron (-13,1%)
WTI : -13,1% | Brent : -11,6%
La nouvelle de l’arrivée d’une nouvelle variante du COVID baptisée Omicron a effrayé les marchés. Ils ont vu se profiler une nouvelle vague d’interdictions de déplacements, de blocages et de destruction de la demande. Le WTI a perdu plus de 13% ce jour-là, l’un des plus importants chocs de l’ère pandémique.
– 19 juillet 2021 : l’erreur de calcul du cartel OPEP+ (-7,5%)
WTI : -7,5 % | Brent : -6,8 %
L’OPEP+ a cru trop tôt au rebond de l’économie mondiale après la pandémie. Les 23 pays du cartel (les 13 de l’OPEP historique menés par l’Arabie Saoudite et leurs 10 alliés menés par la Russie) ont décidé d’augmenter leur production, après l’avoir drastiquement baissée pendant la pandémie pour soutenir les cours face à un effondrement de la demande, de 400.000 barils par jour. Le marché l’a interprété comme étant prématuré et trop important, en particulier avec les craintes sur la variante Delta du Covid-19.
-20 avril 2020 : le krach des krachs (-305%) avec des cours négatifs
WTI : 18,27 dollars à -37,63 dollars | Brent : 25 dollars
Il s’agit de la plus forte baisse en dollars des cours du pétrole de l’histoire. Les prix du WTI sont même devenus un court instant négatif. Ils sont tombés à -37,63 dollars le baril, soit une chute de plus de 300%. Cela a été lié en quelque sorte à un incident technique à savoir le débouclage dans la panique de contrats à terme. L’effondrement a été amplifié par le fait que les logiciels de négociation n’étaient pas conçus pour gérer des prix négatifs. Certains systèmes ont liquidé automatiquement les positions ou gelé les transactions.
Les spéculateurs ont cherché désespérément à se débarrasser de barils dans un marché saturé et n’ayant plus de possibilités de stocker le pétrole ont payé des acheteurs… très cher, pour qu’ils les prennent !
Le catalyseur réel a été le fait que les réservoirs de stockage de pétrole étaient pleins et personne ne voulait de livraison physique en mai. Résultat. Le marché du pétrole est devenu fou. La seule raison pour laquelle le Brent n’est pas devenu négatif est qu’il s’agit d’un brut maritime.
-9 mars 2020 : le déclenchement de la guerre des prix entre l’Arabie Saoudite et la Russie (-24,6%)
WTI : -24,6% | Brent : -24,1% (34,36 dollars)
Après l’échec retentissant négociations au sein de l’OPEP+ pour faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19, l’Arabie saoudite et la Russie se sont lancées dans une guerre des prix pour changer le jeu du marché pétrolier et éliminer une partie de la concurrence. Les cours du baril se sont effondrés. Le WTI a abandonné 24,6 % en une seule séance, la deuxième plus forte baisse en pourcentage sur une journée de l’histoire.
-1er août 2019 : une première augmentation soudaine de droits de douane par Donald Trump (-7,9%)
WTI : -7,9% | Brent : -7,0%
L’histoire se répète. Lors de son premier mandat, Donald Trump a annoncé sur Twitter le 1er août 2019 l’instauration de nouveaux droits de douane de 10% sur 300 milliards de dollars d’importations chinoises. Les marchés ont alors paniqué, comme aujourd’hui, à l’idée d’une escalade de la guerre commerciale et d’un ralentissement de la demande mondiale. Ils apprendront lors du second mandat de Donald Trump qu’il s’agissait d’une répétition.