Ile-de-France Mobilités (IDFM) a annoncé cette semaine de grandes ambitions et de grands investissements pour faire passer l’intégralité de la flotte de bus de la RATP au biogaz ou à l’électricité. Elle va remplacer en neuf ans les 8.700 bus –sur les 10.300 au total– qui fonctionnent au diesel dans la région. Et elle commence par ce qu’elle appelle la zone centrale, Paris et sa proche couronne, qui compte 4.700 bus dont 3.300 au diesel et qui devrait être débarrassée des bus diesel dès 2025. L’objectif de la RATP est de disposer de 2.200 bus biogaz (contre 250 actuellement) et 1.500 électriques (contre 150), en plus de ses 1.100 hybrides d’ici 2025.
1,8 milliard d’euros d’investissements
L’investissement fait par la région représentera un coût total sur dix ans de 1,8 milliard d’euros. Cela comprend la conversation par la RATP de vingt-cinq dépôts pour 600 millions d’euros. Ce programme bénéficiera d’une contribution modeste de la Commission européenne avec une subvention de 23 millions d’euros pour l’achat de bus électriques et la conversion des dépôts. Avec l’aide d’un prêt de la Banque des territoires (Caisse des Dépôts), entre 10 et 20% des investissements sont aujourd’hui financés. L’impasse budgétaire de cet été, quand IDFM a arrêté ses paiements mensuels à la RATP et à Transilien (SNCF) faute de recettes, n’a pas d’impact sur le plan de sortie des bus diesel lancé depuis quatre ans.
Mais la baisse des émissions coûte cher. Un bus diesel coûte à l’achat 230.000 euros en moyenne et son équivalent électrique 450.000 euros. Si la consommation en service de l’électrique est évidemment moins coûteuse, au bout de sept ans, à la moitié de la vie du bus électrique, il faut changer sa batterie dont le coût est de 200.000 euros. Un bus hybride coûte environ 350.000 euros et un bus au GNV (gaz naturel pour véhicules) 300.000 euros.
Il ne faut pas non plus se tromper sur les choix techniques. Les modèles hybrides (diesel/électrique), dont 1.100 sont en circulation, affichent en utilisation réelle des émissions très proches de celles d’un véhicule uniquement diesel, notamment dans les embouteillages. La vitesse commerciale moyenne des bus à Paris est de 11 km/h…
Bus électriques et à gaz
IDFM a passé l’an dernier une imposante commande de bus à gaz et électriques (641 véhicules), sans passer par les opérateurs de transport, afin de standardiser le matériel francilien. La RATP aura l’essentiel des nouveaux matériels. Elle a de son côté commandé 800 bus électriques à Heuliez, Alstom et Bolloré. Un nouvel appel d’offre portant sur 2.100 bus supplémentaires (1.400 roulant au biogaz et 700 électriques) a été lancé.
«Pour nous, l’enjeu est énorme puisqu’il est de diminuer de moitié nos émissions de CO2 à l’horizon 2025. Trois quarts des gaz à effet de serre sont générés par la traction, et trois quarts de la traction, c’est les bus», a expliqué la Pdg de la RATP Catherine Guillouard.
L’Ile-de-France dispose d’un des réseaux de transports en commun les plus denses au monde (1.500 lignes de bus, 14 lignes de métros, 9 lignes de tramways et 14 lignes de trains et RER) qui permet aux Franciliens de réaliser près de 9,5 millions de déplacements chaque jour.