Après avoir battu l’an dernier un record d’exportations d’électricité (89 TWh) et face à une consommation française stagnante et même en baisse depuis 2019, du fait de la faible croissance économique, de la désindustrialisation et des progrès en matière d’efficacité énergétique, EDF voit dans les besoins exponentiels de l’IA (Intelligence Artificielle), une opportunité à saisir et vite. La consommation des data centers pourrait quasiment tripler d’ici à 2030 en Europe selon le cabient McKinsey, passant de 62 TWh aujourd’hui à 150 TWh en 2030. A cet horizon, les data centers pourraient consommer 5% de l’électricité européenne, contre 2% aujourd’hui. Pour le cabinet ICIS, leur consommation pourrait même atteindre 237 TWh en 2035.
L’opportunité est d’autant plus grande pour EDF que les groupes technologiques qui installeront leurs centres de données sur le sol français pourront se targuer d’utiliser une électricité décarbonée à 95%… Il y a très peu de pays au monde qui peuvent afficher une telle performance. Et puis les géants de la technologie qui ont aujourd’hui pour la plupart installés leurs filiales européennes en Irlande, pour des raisons de dumping fiscal, sont confrontés aux limites du système électrique irlandais. En 2023, leur data centers représentaient déjà 21% de la consommation électrique du pays.
Quatre sites industriels déjà offerts aux groupes de technologie
Voilà pourquoi, EDF a sélectionné 4 sites industriels, sur des terrains lui appartenant, disposant d’une puissance totale déjà disponible de l’ordre de 2 GW et qui sont « déjà raccordés au réseau électrique ». C’est-à-dire imédiatement opérationnels. Un appel à manifestation d’intérêt auprès des entreprises du numérique sera émis d’ici la fin du mois pour ses quatre premiers sites et il y en aura deux autres disponibles à l’horizon 2026. Ils se situent dans trois régions – Rhône-Alpes, Grand Est et Ile-de-France, a indiqué EDF sans toutefois dévoiler leur localisation. EDF louera ses terrains et proposera des offres de fourniture d’électricité.
« Nos sites étant pour la plupart des anciens sites de production d’EDF, ils sont aujourd’hui tous dotés de postes de transformation, soit 225.000, soit 400.000 volts, ce qui nous permet de passer outre la recherche d’un nouveau poste de transformation ou la recherche d’une connexion », explique Stéphane Raison, directeur d’EDF chargé de l’installation de grands sites de consommation. De quoi « réduire de plusieurs années » la durée de réalisation de ses projets.
Entre EDF et l’Etat, 35 sites pourraient être mis à disposition
Ces terrains occuperont quelque 150 hectares sur les 45.000 d’emprise d’EDF, troisième propriétaire foncier du pays, derrière la SNCF et l’Etat.
EDF prévoit une augmentation de 150 TWh de la demande d’électricité en France d’ici 2035 en France liée à la transition énergétique et à l’électrification des usages dans le chauffage, les transports et l’industrie. Sur cette augmentation de consommation, 20 TWh devait aller vers les centres de données. Un objectif qui sera « très certainement dépassé » puisque entre EDF et l’Etat, pas moins de 35 sites pourraient être mis à disposition des géants de l’IA.