Peu à peu les éléments nécessaires à la création d’une filière complète de l’hydrogène se mettent en place en France. Et cela même si le retard reste important par rapport à la Chine, la Corée du Sud ou le Japon. En tout cas, la société Hydrogène de France (HDF) a signé il y a quelques jours un contrat stratégique de transfert de technologie avec le fabricant canadien de piles à combustibles Ballard Power Systems (BPS). Il lui permettra d’assembler à Bordeaux des piles à combustibles puissantes capables de produire plus de 1 MW et destinées avant tout au stockage d’électricité renouvelable (éolienne et solaire). L’usine de 8.000 m2 doit commencer à produire en 2022. Il s’agit d’un investissement de 15 millions d’euros qui devrait permettre la création d’une centaine d’emplois. Cela représente un pari considérable pour HDF. L’entreprise créée en 2012 emploie aujourd’hui 18 salariés et affiche 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires
Spécialiste des piles à combustible pour le transport lourd (bus, camions, navires, trains…), BPS est une société canadienne d’une toute autre dimension. Basée à Vancouver et cotée sur le Nasdaq, elle emploie plus de 900 personnes. BPS produit 100% des membranes (la partie à la plus forte valeur ajoutée) de ses piles à Vancouver et a créé deux co-entreprises en Chine. Circulent ainsi aujourd’hui dans les rues de Shanghai 600 camions à hydrogène de 8 tonnes utilisant les piles BPS. C’est aussi une de ses piles qui alimentera le bus à hydrogène de Pau. Enfin, c’est toujours Ballard Power Systems qui a fabriqué la pile de 1 MW que HDF a installé dans une raffinerie de Martinique pour produire de l’électricité à partir d’hydrogène en surplus.
L’accord de transfert de technologie entre HDF et BPS va permettre aux deux sociétés de développer une activité qui devient essentielle: le stockage d’électricité renouvelable, solaire ou éolienne. HDF est déjà entré sur ce marché par l’intermédiaire d’un projet de parc solaire en Guyane française avec stockage de l’électricité produite via la fabrication d’hydrogène par électrolyse. La construction de la CEOG (Centrale électrique de l’ouest guyanais) doit commencer en avril 2020 et sa mise en service est prévue en 2022. Elle devrait alimenter 10.000 foyers.
Après le stockage, les trains et les navires
Si pour des projets de ce type, on trouve sur le marché des électrolyseurs puissants et des cuves de stockage adaptées, il n’existait pas en France de fabricants de piles à combustible de forte puissance, plus de 1 MW, pour produire de l’électricité avec de l’hydrogène à une échelle industrielle comme avec une petite centrale thermique. Cette lacune est maintenant comblée.
En attendant que l’usine soit construite, sur un site qui n’est pas encore déterminé, HDF participera à la production des piles du projet GEOC à Vancouver, et commencera ainsi à acquérir la technologie et le savoir-faire. L’usine devrait être capable de produire par an, dans un premier temps. des piles pour une capacité totale de 50 MW. Il s’agira d’unités de 1,5 MW installées dans un container (voir l’image ci-dessus). Mais toutes les membranes continueront à être produites à Vancouver.
A terme, le partenariat franco-canadien pourrait s’étendre et concerner la production de piles à combustible pour des trains et des navires. BPS travaille déjà avec Siemens sur son train à hydrogène.