<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’hydroélectricité peut-elle survivre aux sécheresses, au manque d’investissements et aux oppositions locales ?

23 octobre 2024

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Photo : Barrage trois gorges
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L’hydroélectricité peut-elle survivre aux sécheresses, au manque d’investissements et aux oppositions locales ?

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L’hydraulique génère aujourd’hui et pour encore des années plus d’électricité que toutes les autres énergies renouvelables combinées. Elle a en outre l’avantage d’être pilotable, c’est-à-dire contrairement à l’éolien et au solaire de pouvoir répondre à la demande. Mais cette source d’énergie est en perte de vitesse, victime à la fois des sécheresses dans certaines régions du monde, du coût des investissements pour construire de nouveaux équipements ou moderniser ceux existants et des oppositions locales à des travaux ayant un important impact environnemental. L’Agence internationale de l’énergie a pourtantbtiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises affirmant que l’hydraulique est un élément essentiel de la transition énergétique.

L’hydraulique est aujourd’hui la plus importante source d’énergie renouvelable existante et le restera encore pour plusieurs années. Elle génère plus d’électricité dans le monde que toutes les autres énergies renouvelables combinées. Pour autant, son développement est devenu très lent et les équipements existants, construits souvent pour des durées de vie de l’ordre d’un siècle, sont parfois menacés, faute d’investissements suffisants dans leur entretien et faute de ressources en eau.

La question peut sembler incongrue quand depuis plusieurs mois la France est soumise à des précipitations et des tempêtes sans précédents depuis des années voire des décennies. Elle n’en est pas moins pertinente. Le réchauffement climatique se traduit dans de nombreux pays et nombreuses régions du monde par une baisse tendancielle des précipitations et des sécheresses prolongées.

Les barrages en Chine, aux Etats-Unis et au Brésil affectés par les sécheresses

C’est ce que montre notamment une étude réalisée l’an dernier par le Word Economic Forum. Elle souligne notamment que les barrages en Chine, aux Etats-Unis et au Brésil sont particulièrement affectés. Ainsi, en 2022 d’importantes sécheresses dans le bassin du fleuve Yangtze, en Chine, ont réduit de 26% le potentiel hydroélectrique des gigantesques barrages construits sur ce fleuve, ce qui a eu un impact important sur la production d’électricité du pays et a été à l’origine de blackouts. Au cours des dernières années, le Brésil, les États-Unis et les pays européens du sud ont été confrontés à des difficultés comparables.

Cela dit, des études montrent aussi que l’hydroélectricité peut rester une source d’énergie fiable pendant des périodes de sécheresse intenses et prolongées. Selon le département américain de l’énergie, « l’ensemble du parc hydroélectrique a maintenu 80% de sa production moyenne » et « l’hydroélectricité a pu continuer à fournir une énergie flexible pendant les périodes de forte demande d’énergie, même pendant les sécheresses les plus graves des deux dernières décennies ».

Une source d’énergie renouvelable et pilotable

Et l’hydraulique a un avantage considérable par rapport à la plupart des autres renouvelables, il est pilotable. Contrairement à l’éolien et au solaire, la production hydroélectrique répond étroitement à la demande et est même la plus rapide à solliciter devant les centrales thermiques. Il faut à peine quelques minutes pour ouvrir les vannes, faire tourner les turbines et alimenter le réseau. Cette source d’énergie dépend aussi de la météorologie, la pluviosité, mais avec une capacité à la gérer dans le temps, contrairement au vent et à l’ensoleillement, par le fait que les barrages permettent par définition de stocker mécaniquement de l’électricité.

Si la question de l’impact sur la production hydroélectrique des sécheresses est bien réelle, la désaffection pour l’hydraulique a aussi d’autres raisons : les oppositions à la construction d’équipements ayant un impact environnemental souvent considérable, le fait que les emplacements les plus favorables sont déjà équipés et le coût très élevé des investissements.

« Géant endormi »

Ce n’est pas pour rien si l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait qualifié il y a quelques années l’énergie hydraulique de « géant endormi » et si les chantiers de construction dans le monde de barrages ont considérablement diminué depuis le siècle dernier. La construction de grands barrages sur la planète est passée d’un pic d’environ 1.500 par an à la fin des années 1970 à 50 par an en 2020… Au cours de la deuxième partie du XXème siècle, l’hydroélectricité a généré jusqu’à un cinquième de l’approvisionnement mondial en électricité. Et elle reste indispensable au XXIème siècle.

L’AIE soulignait encore il y a quelques mois dans un rapport détaillé l’importance de l’hydroélectricité pour la transition. « Au cours des cinq dernières années, le taux de croissance moyen [de l’énergie hydraulique] a été inférieur d’un tiers de ce qui est nécessaire, ce qui montre qu’il faut redoubler d’efforts, notamment pour rationaliser l’octroi des permis et garantir la durabilité des projetsLes centrales hydroélectriques devraient être reconnues comme un pilier fiable des systèmes d’énergie propre de l’avenir et soutenues en conséquence. » Il y a bien un petit regain d’intérêt dans le monde pour l’énergie hydraulique avec des projets en Chine, au Canada et en Suède, mais il reste limité…

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