<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Les grands pays miniers sont en Asie et en Amérique, pas en Europe et en Afrique

9 août 2024

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Les grands pays miniers sont en Asie et en Amérique, pas en Europe et en Afrique

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La transition énergétique passe par une utilisation massive de métaux et de minéraux dits critiques ou stratégiques. L’Europe et la France ont pris conscience tardivement de la nécessité de s’assurer une relative indépendance dans l’approvisionnement sous peine de se retrouver dans une situation de dépendance comparable à celle des importations massives d’hydrocarbures. Mais le chemin à parcourir pour se hisser au niveau des grands pays miniers est considérable et se heurte à de multiples obstacles environnementaux, sociaux, politiques et financiers.

L’Europe en général et la France en particulier ont manifesté depuis plusieurs années l’intention de redevenir des pays miniers même si c’est une activité qui a été abandonnée progressivement depuis les années 1970-1980. Elle est pourtant jugée indispensable à la transition et à la souveraineté énergétiques. Les technologies de la transition, batteries, moteurs électriques, éoliennes, panneaux photovoltaïques, électrolyseurs, piles à combustible et les indispensables modernisations des réseaux électriques nécessitent de grandes quantités de métaux et minéraux. Et passer de la dépendance aux combustibles fossiles à celle aux minéraux dits stratégiques ne serait pas vraiment un progrès en termes d’indépendance au moins.

Une activité marginale par rapport aux besoins

Mais quand on regarde la situation européenne et française aujourd’hui dans l’industrie minière, on mesure le chemin à parcourir. L’activité minière est marginale par rapport aux besoins et les obstacles à sa reconstruction sont innombrables : environnementaux, économiques, financiers, sociaux et politiques. L’industrie minière est, par définition, problématique pour l’environnement et cela même s’il est possible d’en limiter l’impact. Et au-delà des promesses de la mine dite responsable, nulle exploitation ne peut se faire sans des impacts environnementaux dont il convient de définir s’ils sont acceptables.

En attendant, les huit principaux pays miniers aujourd’hui dans le monde ont réussi à surmonter… ou ignorer plus facilement ses problèmes. Ils sont dans l’ordre la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, le Brésil, la Russie, l’Australie, l’Indonésie et le Canada selon la base de données du programme de l’ONU pour l’environnement. Très clairement, la production de charbon pèse d’un poids considérable pour la plupart des pays de ce classement, à commencer par les deux premiers. Et la Chine domine totalement cette activité avec une production l’an dernier tout minéraux confondus de 32 milliards de tonnes à comparer aux 8 milliards de tonnes de l’Inde et des Etats-Unis. Le Brésil est à 5 milliards de tonnes, la Russie a 3,1, l’Australie à 2,7, l’Indonésie à 2,7 et le Canada à 2,6. Cela signifie que la Chine produit autant de minéraux que ses sept concurrents les plus important réunis…

L’Europe représente 9% de la production mondiale

Si on regarde un peu plus dans le détail, la production minière chinoise est constituée à 70% de matériaux non métalliques, ce qui comprend le sable, les graviers et l’argile. En revanche, l’industrie dominante en Australie est celle de l’extraction des minerais métalliques, environ 53% de la production. Elle comprend notamment du minerai de fer, de la bauxite et du cuivre.

À l’échelle mondiale, un total de 104,1 milliards de tonnes de biomasses, de combustibles fossiles, de minerais métalliques et de minéraux non métalliques ont été extraits en 2023. Cela représente une augmentation de près de 8% par rapport aux 96,5 milliards de tonnes de 2020.

Plus de la moitié de cette production a été réalisée dans la zone Asie et le Pacifique, 56,9 milliards de tonnes soit environ 55% du total, suivis par l’Amérique latine et les Caraïbes avec 11,2 milliards de tonnes (11%), l’Amérique du Nord avec 10,6 milliards de tonnes (10%), l’Europe avec 9,2 milliards de tonnes (9%), l’Afrique avec 8,2 milliards de tonnes (8%), l’Asie de l’Ouest avec 5,3 milliards de tonnes (5%) et l’Europe de l’Est et l’Asie centrale avec 2,9 milliards de tonnes (3%).

Pour ce qui est de la France, la production annuelle est inférieure à 400 millions de tonnes. La réforme du Code minier – opérée par ordonnances au printemps 2022 – simplifie et modernise quatre questions essentielles : autorisations environnementales, indemnisations et réparations des dommages miniers, adaptation du code minier au XXIème siècle, et adaptation à l’outre-mer. Mais c’est une réforme technique. Elle ne change rien à la prise de conscience de la nécessité de redevenir un pays minier et industriel pour préserver souveraineté et… niveau de vie. Et elle ne change rien aux oppositions locales farouches au petit nombre de projets miniers qui existent.

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