Comment contourner l’opposition de plus en plus farouche à l’installation d’éoliennes. Aujourd’hui en France, près de trois projets éoliens sur quatre sont retardés en raison de contestations menées souvent au nom de l’environnement et de la protection des paysages et des habitations proches des installations.
Mais si le gouvernement veut atteindre ces objectifs ambitieux de développement de la puissance installée produisant de l’électricité grâce au vent, il doit convaincre les populations et contourner les oppositions. La France, qui est le pays d’Europe où la production d’électricité émet le moins de CO2 par habitant grâce au nucléaire, n’est pas en vraiment en pointe en matière d’éoliennes. Elle compte actuellement moins de 8.000 turbines en fonctionnement contre près de 30.000 en Allemagne. La France a des chances aujourd’hui de rattraper une partie de son retard car en Allemagne l’opposition à l’installation de nouvelles éoliennes est devenue encore plus forte qu’en France. Certains parlent même de révolte contre les éoliennes.
En France, l’objectif annoncé de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est de faire passer la puissance installée électrique des éoliennes de 15,9 Gigawatt (GW) à 35 GW en 2028. Plus de 600 éoliennes nouvelles sont installées par an, il faudra accélérer et donc surmonter les oppositions. Car plus de 70% des projets d’implantations font l’objet de recours juridiques, même si 90% de ces recours n’aboutissent pas, assure Jean-Louis Bal, Président du syndicat des énergies renouvelables. Ces recours déposés par des associations mettent notamment en cause les impacts sur le paysage. Ils sont d’autant plus fréquents que 57% de la production éolienne terrestre est assurée en France par seulement deux régions: les Hauts-de-France et le Grand Est. Le niveau de saturation dans ces régions est proche à l’image de ce qui se passe en Allemagne.
Xavier Bertrand, Président de la région Hauts-de-France. explique que: «personne ne voit le niveau de tension qu’il y a aujourd’hui par rapport aux projets d’implantations». Il appelle le gouvernement à stopper toutes les implantations d’éoliennes dans sa région.
Guide de bonnes pratiques
Le ministère de la Transition écologique et solidaire qui souhaite «un développement harmonieux de l’éolien» a d’abord commencé à simplifier et alléger les procédures juridiques et administratives pour éviter que des successions de recours ne retardent les projets de plusieurs années. A la fin de l’année dernière, Sébastien Lecornu, alors secrétaire d’Etat à la Transition écologique, a signé un décret pour faire sauter un échelon de juridiction lors des recours contre les éoliennes. Ensuite, selon une méthode administrative bien connue, a été constitué un groupe de travail. Une première dizaine «d’initiatives» a été annoncée, toujours à la fin de l’année dernière, afin de «renforcer l’acceptabilité de l’énergie éolienne sur l’ensemble du territoire tout en maîtrisant les risques et les nuisances». Il n’est pas sûr qu’elles aient un impact considérable… A l’image de l’excavation généralisée promise de l’intégralité des massifs en béton des éoliennes en fin de vie. Ce qui se passera éventuellement dans quelques décennies n’intéresse pas vraiment les futurs riverains des nouvelles éoliennes.
Le gouvernement s’engage aussi à une meilleure répartition des projets éoliens sur le territoire. «On pourrait faire des appels d’offres, pour avoir des quotas d’éoliennes par région ou département, ou bien établir des bonus/malus pour les projets en fonction de la quantité d’éolienne déjà présente sur le territoire». Enfin, un guide de bonnes pratiques sera édité afin de d’améliorer l’image de l’éolien auprès des habitants et des expérimentations de solutions innovantes vont être lancées cette année, notamment pour réduire les nuisances lumineuses du balisage clignotant. La partie semble loin d’être gagnée.