Les grands pays occidentaux (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie) ont mis en garde au cours des derniers jours l’Iran contre une entrée en guerre contre Israël. Mais ils jouent aussi depuis des années et encore plus récemment un jeu énergétique trouble avec la République islamique. Ils tentent d’amadouer les mollahs en fermant les yeux sur des exportations de pétrole clandestines qui sont la ligne de vie de l’économie chancelante du pays…
La main tendue de l’administration Biden
Ainsi, depuis que l’administration Biden est au pouvoir aux Etats-Unis, les exportations de pétrole iraniennes ont fortement augmenté dans l’espoir, aujourd’hui oublié, de conclure entre Washington et Téhéran un nouvel accord sur le programme nucléaire iranien qui avait été signé par l’administration Obama et dénoncé ensuite par l’administration Trump. Au début de l’année 2018, quand Donald Trump a cassé cet accord et mis en place des sanctions contre l’industrie pétrolière de la République islamique, la production iranienne était de 3,8 millions de barils par jour. Elle est tombée ensuite à moins de 2 millions de barils par jour à la fin de l’année 2022 avant de rebondir après l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche pour atteindre maintenant 3,2 millions de barils par jour selon l’agence Reuters. Et Téhéran ne compte pas s’arrêter là. L’Iran veut faire passer sa production à 4 millions de barils par jour selon l’agence d’information officielle du pays Tasnim.
La république islamique d’Iran exporte son pétrole dans 17 pays
Le ministre du pétrole de la République islamique, Javad Owji, a déclaré le mois dernier que son pays avait réussi à neutraliser les effets des sanctions occidentales, notamment sur ses exportations de condensat. Il s’agit d’un pétrole léger très valorisé qui gazeux dans les puits est refroidi ensuite. Il comporte peu de déchets et permet de fabriquer de l’essence et du naphta. Il peut aussi être mélangé à des pétroles plus lourds et plus difficiles à raffiner.
Javad Owji a aussi affirmé que l’Iran exportait maintenant son pétrole dans 17 pays, avait fait passer ses revenus liés à la vente de barils de 9 milliards de dollars en 2020 à plus de 28 milliards de dollars et que sa production était maintenant de 3,6 millions de barils par jour.
Une flotte de tankers fantômes en mauvais état et dangereux
Certes, il y a de la propagande dans les propose de Javad Owji, mais aussi une part de vérité. Selon la banque Standard Chartered, les dernières données douanières sur les importations chinoises montrent que les importations de pétrole brut en provenance de Malaisie ont atteint 1,456 million de barils par jour en juin, le deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré. Or, la production de pétrole brut de la Malaisie est d’environ 0,35 million de barils par jour et ses exportations en moyenne de 0,2 million de barils par jour. Cela signifie que la grande majorité du pétrole que la Chine importe de Malaisie n’a pas été produite dans le pays… mais en Iran
Selon de multiples sources, les transferts se font via une flotte fantôme composée de pétroliers vieillissants non assurés. Une technique mise au point depuis de nombreuses années et adoptée aussi par la Russie pour contourner l’embargo occidental. Ce qui n’est pas sans présenter des risques de déversements et de collisions avec des navires fatigués sur des routes commerciales étroites et dont les transpondeurs sont éteints. Deux des navires « iraniens » ont ainsi pris feu au large de Singapour après une collision le 19 juillet dernier. Mais cela n’empêche par l’Iran de trouver en permanence de nouveaux moyens de contourner l’embargo occidental. Des tankers clandestins ont été tracés récemment vers Oman et le Bangladesh.
Un corridor énergétique avec la Russie
Enfin, la République islamique continue par ailleurs à resserrer ses liens énergétiques avec Moscou. Toujours selon le ministre iranien du pétrole Javad Owji, la Russie et l’Iran commenceront bientôt à travailler sur un corridor énergétique stratégique. Il permettrait d’établir une liaison directe, pour le gaz naturel dans un premier temps, entre l’Iran et la Russie. Il s’agit d’un projet lié à l’accord de principe de 40 milliards de dollars conclu entre le géant gazier russe Gazprom et la compagnie nationale iranienne de pétrole.