<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’Europe a fait le choix délibéré du déclin énergétique

26 septembre 2024

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L’Europe a fait le choix délibéré du déclin énergétique

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La Commission européenne, dont la politique énergétique menée depuis près de deux décennies est un échec, persiste et signe dans l’erreur ce qui démontre une fois de plus l’irresponsabilité de la technocratie bruxelloise. Compte tenu de sa composition, la nouvelle Commission s’annonce encore plus arc-boutée sur une politique inefficace et des objectifs irréalistes et dangereux économiquement comme socialement. Le retour en France aux responsabilités énergétiques de la nouvelle ministre de la Transition écologique et de l’énergie, Agnès Pannier-Runacher, est une bonne nouvelle tant son parcours de ministre de la Transition énergétique de mai 2022 à février 2024 avait été réussi. Au point de lui valoir d’ailleurs l’inimitié de Bruno Lemaire. Mais sa tâche s’annonce encore plus difficile aujourd’hui avec une Commission plus idéologique que jamais et une France politiquement très affaiblie à Bruxelles.

La tâche de la nouvelle ministre de la Transition écologique et de l’Energie, Agnès Pannier-Runacher, s’annonce particulièrement difficile à Bruxelles auprès des institutions européennes et plus particulièrement de la Commission dont la politique énergétique est un échec, ce qui ne l’empêche pas de persister. Le parcours en tant que ministre de la Transition énergétique d’Agnès Pannier-Runacher entre mai 2022 et février 2024 a été une réelle réussite, au point d’ailleurs d’irriter Bruno Lemaire, alors ministre de l’Economie, qui avait obtenu son départ…

Elle avait notamment obtenu de la Commission européenne, profondément anti-nucléaire, un recul dans son opposition systématique à l’atome et avait réussi à constituer au sein de l’Union un front pro-nucléaire d’une dizaine de pays. Cette fois, le rapport de force s’annonce lui est moins favorable. Non seulement parce que la Commission nouvellement formée penche encore plus contre la stratégie énergétique française et également parce que la France a perdu une partie de sa capacité d’influence du fait de sa faiblesse politique intérieure.

Le modèle à surtout ne pas suivre

Pourtant, la politique énergétique européenne reste le modèle de ce qu’il ne faut pas faire… Depuis près de deux décennies, les décisions prises par les institutions européennes ont mené vers une situation qui n’a cessé de se dégrader en termes de coûts de l’énergie et de souveraineté. Sans parler d’un marché de gros de l’électricité construit pour répondre aux seuls intérêts de l’Allemagne dont la politique de transformation énergétique, l’Energiewende, est un échec cuisant. Ce qui ne l’a pas empêché d’être le modèle qu’impose la Commission européenne. Mais à Bruxelles, l’irresponsabilité et l’arrogance technocratique sont les normes.

Une stratégie simpliste et inefficace

La stratégie simpliste et inefficace que la Commission impose envers et contre tout se résume aux renouvelables intermittents éolien et solaire et aux véhicules électriques, quitte à sacrifier des pans entiers de l’industrie européenne pour des gains limités en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Il n’est pas question de nucléaire, d’hydroélectricité et de gaz de schiste que l’on préfère importer massivement des Etats-Unis pour compenser l’intermittence de l’éolien et du solaire.

Paris est ainsi sans cesse dénoncé à Bruxelles pour ne pas atteindre les objectifs de l’Union Européenne en matière d’énergies renouvelables tout en étant l’un des meilleurs élèves en termes d’émissions carbone. Une absurdité. L’électricité produite en France est décarbonée à 92%…

Une Commission plus que jamais anti-nucléaire

Et sous l’impulsion d’Ursula von der Leyen reconduite à la tête de ladite Commission et du nouveau Commissaire européen à l’énergie, le social-démocrate danois Dan Jorgensen farouchement anti-nucléaire, la situation ne peut que continuer à se dégrader. « Son travail contribuera à faire baisser les prix de l’énergie, à investir dans l’énergie propre et à garantir que nous réduisions notre dépendance », a déclaré Ursula von der Leyen. Autant dire persister dans une stratégie en échec patent. Le « nouveau Pacte vert » d’Ursula von der Leyen constitué de milliers de pages de normes, de réglementations et de recommandations concoctées par une armée de technocrates a été imposé sans la moindre étude d’impact et sans concertation avec les filières et industries concernées… Ce que la Cour des comptes européennes ne cesse de dénoncer, en vain, dans ses rapports.

Rappelons aussi que Dan Jorgensen s’était farouchement opposé à l’inclusion du nucléaire dans la liste des technologies durables susceptibles d’être financées par des fonds européens. Un combat finalement gagné par la France l’hiver dernier et par Agnès Pannier-Runacher au terme d’un bras de fer avec l’Allemagne et une bonne partie de la Commission.

Un axe Berlin-Madrid

Ajoutons que l’ancien ministre de l’Énergie et du Climat danois a suivi à la lettre les préceptes allemands et bruxellois de priorité absolue au développement des renouvelables intermittents, notamment pour réduire la dépendance de son pays au gaz russe. Ils ont fourni près de 55% de son électricité su Danemark en 2023 dont la stabilité et la sécurité du réseau était dans le même temps assurée par l’électricité nucléaire suédoise et celle des centrales à charbon allemandes…

Et pour couronner le tout, Dan Jorgensen sera sous les ordres d’une antinucléaire historique : l’Espagnole Teresa Ribera, nommée vice-présidente exécutive en charge « d’une transition propre, juste et compétitive ». Certains voient aujourd’hui se former un axe Berlin-Madrid à la fois très favorable aux renouvelables intermittents, opposé aux droits de douane sur les véhicules électriques chinois importés et adversaire du nucléaire. La recette du désastre.

Lire tout simplement le rapport de Mario Draghi sur la perte de compétitivité européenne

En face, la France minée par sa faiblesse politique intérieure aura toutes les peines du monde à défendre ses intérêts et de remettre un peu de bon sens dans la stratégie énergétique européenne.

Le plus consternant est que tout cela se fait dans une relative indifférence et dans l’incompréhension du rôle essentiel de l’énergie dans l’activité économique et la prospérité ou non des nations. Rappelons que 99% de l’activité économique peut se résumer par des transferts d’énergie.

Mais l’Union européenne qui n’émet que 7% des gaz à effet de serre sur le planète se veut être le phare du monde et le modèle de la décarbonation. Elle est dans les faits devenue un anti-modèle. Il suffit juste de lire le rapport de Mario Draghi sur la compétitivité de l’Union Européenne qui finira évidemment dans les oubliettes.

Mario Draghi souligne que le coût de l’énergie est devenu le principal handicap de l’économie européenne. Il la condamne à une croissance faible, un appauvrissement et une perte de souveraineté. Il est trois à cinq fois plus élevé en Europe qu’aux Etats-Unis pour le gaz et deux à trois plus élevé qu’aux Etats-Unis et en Chine pour l’électricité des entreprises… Et la volonté d’accélérer encore sur les renouvelables intermittents (éolien et solaire) et sur les véhicules électriques ne peut pas améliorer les choses.

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