<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’Europe veut ses propres batteries, mais des batteries propres

15 décembre 2020

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Tesla-Gigafactory
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L’Europe veut ses propres batteries, mais des batteries propres

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L'Union Européenne veut imposer à partir de 2027 des normes environnementales strictes sur les batteries lithium-ion allant de leurs conditions de fabrication, y compris celles des matières premières utilisées, jusqu'à leur recyclage. Des exigences légitimes mais qui auront un coût élevé et un impact sur la compétitivité et le développement de la production de batteries en Europe. L'enjeu économique, industriel et de souveraineté est considérable. L'Europe se doit de construire en quelques années un outil industriel performant et compétitif pour rester un acteur majeur de l'industrie automobile.

L’Union Européenne met-elle la charrue avant les bœufs? En imposant la voiture électrique sans en produire et en contrôler sur son sol le composant essentiel, les batteries, l’Union Européenne a déjà mis son industrie automobile, auparavant la plus compétitive au monde, dans une situation particulièrement difficile. La production en Europe de batteries via le grand programme d’un «Airbus des batteries» n’est encore qu’une perspective. Au mieux, les «gigafactories» européennes commenceront à produire des cellules de batteries en 2022. Et cela ne sera pas suffisant. Il faudra aussi obtenir l’implantation en Europe d’industriels des matériaux constituant les cellules. Sinon, les usines européennes seront totalement dépendantes de la Chine pour obtenir les matériaux permettant de fabriquer les anodes et les cathodes.

Mais l’Union entend aussi déjà imposer aux producteurs de batteries des normes environnementales strictes, certes justifiées, mais que personne d’autre dans le monde n’envisage aujourd’hui de dicter. Pour la première fois, elles prendraient en compte  l’ensemble de la vie des batteries, de l’extraction des matières premières au recyclage en passant par la production.

L’Europe peut-elle dicter ces normes au reste du monde?

Reste à savoir si l’Union Européenne mesure les conséquences de ces décisions, sur le coût des batteries et donc des véhicules électriques et sur la compétitivité de son industrie automobile. L’Europe peut-elle dicter au reste du monde ces critères environnementaux? Et peut-elle dans ces conditions voir sa production de batteries exploser en quelques années? En 2018, Benchmark Minerals prévoyait alors qu’en 2029, la capacité européenne de production de batteries serait de 173 GWh/an. Fin 2019, cette prévision était passée à 369 GWh/an. Fin 2020, le cabinet de consultant table maintenant sur 509 GWh/an.

Les nouvelles normes environnementales seront imposées à partir de juillet 2027 sur l’ensemble de la chaîne de vie des batteries. Les fabricants devront les recycler et réduire l’empreinte carbone de leur fabrication. Les batteries produites hors d’Europe ne respectant pas ces normes seront «interdites» d’entrée sur le marché unique, a affirmé la semaine dernière Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur. «Un avenir vraiment durable doit être alimenté par des batteries propres» a ajouté le commissaire européen à l’Energie, Maros Sefcovic, pour expliquer la révision du règlement de 2006 sur les batteries.

Passeport numérique et seuils d’empreinte carbone

Selon le projet de règlement, qui doit encore être validé par les Etats membres et le Parlement européen, les constructeurs devront dès juillet 2024 déclarer l’empreinte carbone des batteries installées dans leurs véhicules. «Aujourd’hui, on ne la connaît pas vraiment. Il faut le temps de collecter des données dans ce secteur tout juste naissant en Europe», explique-t-on à la Commission. Un système de «passeport numérique» devra permettre de suivre dès l’origine les matériaux utilisés. En janvier 2026, des labels de classe de performance seront introduits comme il en existe, par exemple, pour les réfrigérateurs.

Des seuils maximaux d’empreinte carbone seront fixés, à chaque niveau de la chaîne, à partir de juillet 2027. La liste des critères à respecter portera sur la durabilité des matières premières utilisées, le recours à des matériaux recyclés et l’énergie employée dans la fabrication.

Un enjeu industriel, économique et de souveraineté

La partie recyclage du plan entrera en vigueur dès 2025. L’objectif de collecte des batteries passera alors à 65% (puis 70% en 2030), contre 45% actuellement. Aujourd’hui, seulement 10% du lithium contenu dans les batteries est recyclé. Le nombre de batteries au lithium à recycler, compte tenu de leur durée de vie, sera multiplié par 700 d’ici à 2040 selon la Commission. La Commission entend aussi que soient récupéré et recyclé le cobalt, le nickel et le plomb des batteries.

L’enjeu économique, industriel et de souveraineté est considérable. Bruxelles estime que la demande mondiale de batteries va être multipliée par quatorze d’ici 2030. Et l’Europe se doit de construire en quelques années un outil industriel performant et compétitif pour rester un acteur majeur de l’industrie automobile. Maros Sefcovic est persuadé que cela se fera. Il s’est déclaré «convaincu que d’ici à 2025, l’Union européenne sera en mesure de produire suffisamment de cellules de batteries pour répondre aux besoins de l’industrie automobile européenne

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