L’administration Trump est décidée à soutenir l’industrie nucléaire américaine pour qu’elle soit capable de fabriquer des réacteurs de nouvelle génération et de les exporter. Au Congrès comme à la Maison Blanche, la perte de compétitivité de l’industrie nucléaire américaine face aux Chinois, aux Russes, aux Français et aux Sud-Coréens est considérée comme une question préoccupante de sécurité nationale.
L’administration américaine considère qu’en utilisant leur technologie nucléaire Moscou et Pékin gagnent en influence dans de nombreux pays. Le Département d’Etat (Ministère des affaires étrangères) veut donc dans un premier temps élargir la coopération avec des pays qui veulent se doter de réacteurs civils et promouvoir ainsi l’industrie américaine.
«Nous avons perdu énormément de terrain. Nous avons dans le passé contrôlé 90% du marché mondial, nous sommes aujourd’hui à 20% et encore si la chance est avec nous» a déclaré à la chaîne américaine CNBC Ed McGinnis, le Secrétaire adjoint pour le nucléaire du Département de l’énergie. Il a ajouté que la très grande majorité des accords commerciaux nucléaires internationaux sont le fait aujourd’hui de la Chine et de la Russie.
La Chine construit plus de réacteurs nucléaires sur son sol qu’aucun autre pays au monde et les groupes nucléaires publics chinois sont en compétition pour prendre des marchés au Pakistan et en Argentine. Le groupe russe Rosatom vend lui des réacteurs en Inde, au Bengladesh, en Europe de l’est et en Turquie. Washington s’en inquiète maintenant ouvertement.
Christopher Ford, Secrétaire adjoint de l’administration américaine pour la sécurité internationale et la non prolifération nucléaire, met en garde contre le danger que représente l’atout géopolitique pour la Russie et la Chine d’établir des liens étroits avec les dirigeants de nombreux pays en leur fournissant des centrales nucléaires clés en mains et en les aidant à les financer.
Mais pour redonner à l’industrie nucléaire américaine les moyens de s’opposer aux groupes chinois et russes, il lui faut rattraper son retard technologique. L’administration Bush et le Congrès sont déterminés à participer au financement du développement de nouveaux réacteurs, notamment de petites tailles, faciles à installer et à entretenir et relativement peu dangereux. Ils estiment que ces technologies pourraient être disponibles dans 5 à 10 ans. Pas moins d’une vingtaine de réacteurs de ce type seraient aujourd’hui à l’étude dans de nombreuses start-up et intéressent d’ailleurs le Département de la Défense pour ses propres besoins.
«Nous sommes sans le savoir encore les leaders mondiaux dans l’innovation technologique nucléaire. Notre grand défi est de rendre ces technologies disponibles sur le marché», explique Ed McGinnis. Ainsi, par exemple, NuScale Energy a conclu des accords pour étudier le déploiement de petits réacteurs en Roumanie, au Canada et en Jordanie. Selon l’Association nucléaire mondiale (World Nuclear Association), une trentaine de pays envisagent d’installer des centrales nucléaires.