Après l’Agence Internationale de l’Energie (IEA),c’est au tour d’un autre organisme de faire des prévisions sur le paysage de l’énergie dans les prochaines décennies. L’institution à but non lucratif, Resources for the Future (Ressources pour l’avenir), vient de publier son Global Energy Outlook (GEO), ces prévisions sur l’énergie dans le monde.
Cette étude a notamment pour intérêt d’amalgamer les prévisions faites par des institutions comme l’Agence Internationale de l’Energie, le Département américain de l’énergie, l’Institut de l’économie de l’énergie du Japon et des acteurs privés comme BloombergNEF, l’OPEP, ExxonMobil, BP, Equinor, Shell… Cette «étude d’études» est une approche fréquente dans les milieux universitaires et dans les sciences sociales. Elle permet de se faire une idée des différents scénarios possibles élaborés par la plupart des grands acteurs de l’industrie.
Il existe trois grands scénarios. Le premier, le «scénario de référence» est celui de la continuité sans changement de politique de l’énergie dans le monde. Le deuxième est le «scénario de l’évolution» dans lequel de nouvelles politiques et de nouvelles technologies sont développées à un rythme comparable à celui que nous connaissons aujourd’hui. Le troisième scénario est celui de la «rupture» avec la mise en place d’une transition énergétique réduisant rapidement et brutalement les émissions de gaz à effet de serre.
–Première conclusion, la croissance de la consommation d’énergie dans le monde va considérablement ralentir dans les prochaines décennies en dépit de l’augmentation de la population. Entre 1990 et 2015, la consommation mondiale d’énergie a augmenté de 190 quadrillions de Btu ou Quad pour atteindre 550 quadrillions. Un Quad représente 293,07 térawatts heure. Au cours des 20 prochaines années, la consommation mondiale d’énergie devrait augmenter de 30 à 90 Quad et pourrait même décliner de 4 Quad dans le scénario le plus ambitieux en terme de lutte contre le réchauffement climatique.
–Deuxième conclusion, les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des accords de Paris de 2015 seront très difficiles à atteindre. Les émissions de CO2 pourraient même passer de 32 milliards de tonnes métriques en 2015 à 43 milliards de tonnes métriques en 2040 dans le scénario le plus défavorable. Elles seraient ramenées à 20 milliards de tonnes métriques en 2040 dans le scénario de la «rupture».
–Troisième conclusion, la consommation des énergies fossiles, qui représentait 82% du total des énergies consommées en 2015, devrait continuer à augmenter en volume dans la plupart des scénarios sauf le plus ambitieux en matière de lutte contre les émissions de CO2. Selon les deux premiers scénarios, les fossiles représenteraient 79% ou 74% de la consommation d’énergie dans le monde en 2040. Selon le scénario de «rupture», ce chiffre serait ramené autour de 62%. C’est pourquoi plutôt que de transition énergétique, les experts parlent plutôt d’addition de source d’énergie. Néanmoins, le charbon va fortement décliner de 28% de l’énergie mix en 2015 à un pourcentage compris entre 12% et 17% en 2040.
–Quatrième conclusion, les prévisions sont très partagées sur quel type d’énergie connaitra d’ici 2040 la croissance la plus forte, les énergies renouvelables ou le gaz naturel. Mais les énergies renouvelables connaitront une croissance importante et dans le scénario de la «rupture» représenteront 31% de la consommation d’énergie en 2040 et dépasseraient alors le pétrole.
–Cinquième conclusion, les système énergétique mondial deviendra de plus en plus électrifié. En 1990, l’électricité représentait 13% de l’énergie mondiale et 18% en 2015. Elle passerait à 20% ou 24% en 2040 et même à 36% dans le scénario de la rupture.