<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> EDF et Framatome vont construire la plus grande forge nucléaire au monde

30 septembre 2024

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EDF et Framatome vont construire la plus grande forge nucléaire au monde

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C’est un projet qui pourrait marquer réellement la renaissance de la filière nucléaire française. Doter les forges du Creusot de nouvelles presses capables de façonner jusqu’à 18.000 tonnes d’acier et de fabriquer avec une très grande précision et qualité les cuves et les générateurs de vapeur des futurs réacteurs EPR2. Le nouvel équipement devrait coûter 600 millions d’euros à Framatome, filiale d’EDF, créer plus de 300 emplois qualifiés sur le site historique du Creusot et être opérationnel en 2028-2029.

Le renouveau du nucléaire français passe par un renforcement important et rapide des capacités industrielles du pays affaiblies depuis des décennies. Pour EDF le temps presse si l’énergéticien public veut être capable de construire 6 et peut-être 14 nouveaux réacteurs dans les prochaines années et être compétitifs sur les marchés à l’exportation. Voilà pourquoi EDF et sa filiale Framatome détenue à 80% ont annoncé un projet impressionnant : la construction de la plus grande forge au monde dédiée à la fabrication des composants essentiels des futurs réacteurs EPR2. Cet investissement de 600 millions d’euros, prévu pour le site du Creusot, pourrait marquer la véritable renaissance de la filière nucléaire française.

Maîtriser en interne la fabrication des pièces maîtresses

Baptisé « Forge+ » cet équipement dont la mise en service est estimée aux alentours de 2028-2029 sur des terrains déjà acquis par Framatome sera équipé de presses capables de façonner jusqu’à 18.000 tonnes d’acier le double de la capacité actuelle de Creusot Forge. Cela permettra à Framatome de maîtriser en interne l’intégralité de la fabrication des pièces maîtresses des EPR2, telles que les cuves et les générateurs de vapeur, qui sont actuellement fabriqués pour partie à l’étranger et notamment au Japon. Cette renationalisation de la production est un enjeu stratégique pour renforcer l’autonomie et la compétitivité de l’industrie nucléaire française.

La construction d’une forge capable de presser l’acier jusqu’à 18.000 tonnes est un défi technologique.

  • Ce sont des presses géantes. Elles seront parmi les plus puissantes au monde, nécessitant des fondations extrêmement solides et des systèmes de contrôle ultra-précis.
  • Les générateurs de vapeur et surtout les cuves des réacteurs nucléaires sont très spécifiques. L’acier utilisé pour les fabriquer doit répondre à des normes de qualité extrêmement rigoureuses. La forge devra donc être équipée de fours capables de chauffer et traiter ces matériaux dans des conditions très précises.
  • Une logistique complexe. La manipulation de pièces aussi massives nécessitera des moyens de levage et de transport hors normes.

Cette nouvelle infrastructure devrait permettre.

  • Une grande précision. Les presses géantes offriront une précision de fabrication inégalée réduisant ainsi le risque de défauts et améliorant la durée de vie des composants. Il y a eu des problèmes avec la cuve de l’EPR de Flamanville…
  • Une meilleure maîtrise de la qualité. En contrôlant l’ensemble du processus de fabrication, Framatome pourra garantir une qualité constante de ses produits. L’objectif affiché est d’éviter de reproduire les errements vus sur le chantier de l’EPR de Flamanville.
  • Une flexibilité accrue.La forge sera capable de fabriquer une grande variété de composants, ce qui permettra à Framatome de s’adapter plus facilement aux évolutions du marché.

La construction de cette nouvelle forge s’inscrit dans une stratégie plus large de remise à niveau de l’industrie nucléaire française. Elle devrait permettre à la fois de réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs étrangers tout en créant de nouveaux emplois qualifiés et en renforçant la position de la France sur le marché mondial du nucléaire.

Ce projet devrait créer plus de 300 emplois sur le site du Creusot. Toutefois, sa réalisation reste conditionnée à la commande par l’État de huit nouveaux EPR, venant s’ajouter aux six déjà annoncés. Le gouvernement, sous l’impulsion de nouvelle ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, semble favorable à cette accélération du programme nucléaire.

Philippe Thomazo

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