<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Pourquoi Donald Trump cible la voiture électrique

24 juillet 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Photo :
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

Pourquoi Donald Trump cible la voiture électrique

par

Si l’administration Biden a bien réussi à stimuler la fabrication de véhicules électriques et de batteries sur le sol américain, la demande n'a pas vraiment suivi. Et la question divise profondément le pays, comme la plupart des sujets, au point que dans les Etats rouges (red states), c’est-à-dire les Etats républicains, le véhicule électrique est parfois considéré comme un complot ourdi à Washington pour priver l’Amérique profonde de son mode de vie et de ses emplois. Donald Trump joue sur du velours et considère que les véhicules électriques « ne vont pas assez loin, sont très très chers et sont aussi lourds ».

Après avoir survécu « miraculeusement » à une tentative d’assassinat et tandis que son adversaire démocrate qui l’a battu il y a quatre ans, Joe Biden, a été contraint de se retirer pour des raisons de santé, Donald Trump semble aujourd’hui avoir de très grandes chances de redevenir Président des Etats-Unis. Il mène une partie de sa campagne contre la stratégie de transition énergétique impulsée par l’administration Biden et plus particulièrement son soutien à la voiture électrique. C’est même devenu une cible prioritaire et facile.

Dans une interview accordée à Bloomberg Businessweek, Donald Trump a expliqué à la fois « n’avoir rien contre les véhicules électriques…» mais il a tout de même à leur encontre trois critiques majeures : « ils ne vont pas assez loin, ils sont très très chers et ils sont aussi lourds ».

L’avenir de l’automobile divise profondément les Etats-Unis… comme la plupart des sujets

Et ce n’est pas tout. Il faut dire que l’avenir de l’automobile est une question économique et sociale majeure pour un pays dont les paysages urbains et les infrastructures sont dédiés à la voiture et dont l’industrie automobile représente pas moins de 4,8% du PIB et près de 10 millions d’emplois.

La voiture électrique divise profondément le pays, comme la plupart des sujets, au point que dans les Etats rouges (red states), c’est-à-dire les Etats républicains, le véhicule électrique est parfois considéré comme un complot ourdi à Washington pour priver l’Amérique profonde de son mode de vie et de ses emplois. Pas moins.

La fameuse loi IRA (Inflation Reduction Act) d’août 2022 a fait du passage à la motorisation électrique une des clés de la politique industrielle américaine. Ce texte a rendu les constructeurs américains, dont General Motors, Ford et Tesla, éligibles à des crédits d’impôt qui subventionnent la fabrication de batteries et incitent à l’achat de véhicules électriques. Les constructeurs étrangers sont également éligibles, à condition qu’ils installent leurs usines en Amérique. Volkswagen, Mercedes-Benz, BMW du côté allemand et Toyota et Honda du côté japonais ont annoncé leur intention d’investir dans la production de véhicules électriques et de batteries en Amérique du Nord dans les mois qui ont suivi la signature de la loi par M. Biden.

La demande ne suit pas faute notamment de bornes de recharge

Pour autant, si l’IRA a bien réussi à stimuler la fabrication de véhicules électriques et de batteries sur le sol américain, la demande n’a pas vraiment suivi. Il s’est passé aux Etats-Unis et encore plus rapidement ce qui se produit sur la plupart des marchés automobiles européens. Une fois les adeptes de la nouveauté et les classes aisées équipés et convaincus, gagner le cœur du marché est beaucoup plus difficile à cause du changement d’habitude de conduite, du prix élevé des véhicules, des questions sur leur autonomie réelle, de l’angoisse de la recharge et du manque justement d’infrastructures de recharge. Et les Etats-Unis ont un énorme problème de bornes.

L’an dernier, il y en a eu seulement 27.600 installées dans un pays de 9,8 millions de kilomètres carrés, soit 13% de ce qui a été installé dans le même temps dans toute l’Europe. La Chine installe huit fois plus de bornes par trimestre que les Etats-Unis l’an dernier en une année. C’est une des raisons pourquoi, selon la version 2024 de l’étude du cabinet Mc Kinsey baptisée Mobility Consumer Pulse (le pouls du consommateur de mobilité), pas moins de 46% des utilisateurs de voitures électriques aux Etats-Unis envisagent d’abandonner cette technologie pour revenir au moteur thermique. Donald Trump joue sur du velours, surtout quand il s’en prend en plus aux importations de voitures chinoises. Mais là, ses arguments sont moins forts car l’administration Biden a décidé en mai dernier d’imposer des droits de douane de 100% sur les véhicules électriques chinois importés. Pour Donald Trump, cette décision a été soufflée à la Maison Blanche par lui-même.

Une menace directe contre les constructeurs japonais et européens

Mais il n’entend pas s’arrêter là et veut aussi s’en prendre aux importations de véhicules japonais et européens. « Ils nous traitent avec violence. Ils ne prennent pas nos voitures. Nous prenons leurs voitures par millions », a affirmé Donald Trump. S’il a qualifié l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe – assassiné en 2022 – de « très bon ami », M. Trump a déclaré que le Japon était « dur avec » les États-Unis. Il a ajouté avoir défié M. Abe et l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel en leur demandant combien de Chevrolet et de Ford il y avait au Japon et en Allemagne par rapport au nombre de Toyota, de Mercedes-Benz, de BMW et de Volkswagen qui se trouvent aux États-Unis.

Sa conclusion est une menace. « Si je peux me permettre de leur donner deux conseils, ainsi qu’à tous ceux qui espèrent une continuité dans la politique automobile américaine : Accrochez-vous ».

La situation a été en fait bien résumée il y a déjà quelques mois par le patron de Ford, Bill Ford, dans un entretien au New York Times. « Je n’aurais jamais cru voir un jour nos produits aussi fortement politisés, mais c’est le cas ».

À propos de l’auteur

La rédaction

La rédaction

Newsletter

Voir aussi

Share This