Selon les dernières prévisions publiées à la fin de l’année dernière par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il faudra attendre 2035 pour que la consommation de pétrole dans le monde se stabilise et attendre ensuite de nombreuses années pour qu’elle baisse significativement. Et cela même si les investissements sont massifs dans les véhicules électriques et les renouvelables. Cela signifie que les pays producteurs de pétrole vont encore longtemps peser sur l’économie mondiale et que l’importance de leurs réserves reste une question majeure.
Les plus grands producteurs actuels de pétrole, dans l’ordre les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, la Russie et le Canada, ne sont pas forcément les pays ayant les réserves les plus importantes, loin de là. Le Venezuela possède de loin les réserves les plus importantes. Mais c’est une chose de posséder des ressources naturelles et une autre d’être capable de les exploiter. Voilà la liste des pays ayant les plus importantes réserves prouvées ou estimées de pétrole dans leur sous-sol dans l’ordre croissant.
10-Libye
Le seul pays d’Afrique figurant dans ce classement a des réserves estimées à 48,3 milliards de barils tout en étant un producteur assez mineur avec une moyenne de seulement 1,2 million de barils par jour. Cela est notamment la conséquence de la guerre civile et l’instabilité politique qui minent le pays depuis plusieurs années. Cela dit l’Europe cherche à apporter un peu plus de stabilité au pays pour en faire un de ses principaux fournisseurs de pétrole afin de remplacer, au moins en partie, les importations russes.
9-Etats-Unis
Les réserves américaines sont évaluées à 36 milliards de barils par l’administration du pays et à 68,8 milliards par des observateurs indépendants qui incluent dans leur calcul les condensats d’hydrocarbures qui sont des pétroles bruts légers résultant de la condensation de certains gaz naturels. En tout cas, les Etats-Unis grâce à la révolution technique du pétrole de schiste sont redevenus depuis 2014 les premiers producteurs du monde de pétrole, une place perdue en 1975. La production de pétrole américaine devrait atteindre 12,4 millions de barils par jour cette année et battre son record atteint en 2019 de 12,3 millions de barils par jour. Mais cette performance devrait être de relativement courte durée. Comme le souligne l’agence Bloomberg, la production américaine de pétrole de schiste a sans doute atteint son maximum et devrait se stabiliser et même baisser dans les prochaines années. Cela est notamment lié aux oppositions locales de plus en plus farouches à la fracturation hydraulique permettant de produire le pétrole de schiste et à la rentabilité relativement limitée des investissements aux Etats-Unis dans cette production.
8-Koweit
Le pays a des réserves prouvées de 101,5 milliards de barils. Il produit entre 2,4 et 2,7 millions de barils par jour et en exporte 1,7 million. La compagnie pétrolière nationale Kuwait Petroleum Corporation a de grandes ambitions et veut pousser la production quotidienne d’ici 2030 à 4 millions de barils.
7-Emirats Arabes Unis
Le troisième producteur de l’Opep avec une moyenne de 2,7 millions de barils par jour dont il exporte 2,3 millions a des réserves estimées à 111 milliards de barils. La pétrole assure la prospérité des Emirats qui par ailleurs investissent dans la diversification économique, notamment la technologie et le tourisme.
6-Russie
Le pays produit aujourd’hui 9,4 millions de baril par jour, troisième producteur au monde, une baisse par rapport aux 11 millions produits il y a quelques années. Et cela même si les sanctions occidentales après l’invasion de l’Ukraine en février 2022 ont eu un impact limitésur les exportations pétrolières russes. Moscou a tout simplement trouvé d’autres clients, notamment en Asie. Les réserves de pétrole prouvées du pays sont officiellement de 80 milliards de barils, mais de nombreux experts estiment qu’elles sont bien supérieures à cela et atteignent au moins 120 milliards de barils.
5-Irak
Le deuxième producteur de l’Opep a des réserves estimées à 145 milliards de barils et une production quotidienne de 4,5 millions de barils dont 3,4 millions sont exportés. L’ambition affichée de Bagdad est de produire autant que l’Arabie Saoudite, mais selon les experts les capacités irakiennes ne pourront pas dépasser 6,3 millions de barils par jour dans les cinq prochaines années.
4-Iran
La République islamique d’Iran a des réserves prouvées de 208,6 milliards de barils et une production quotidienne de 2,39 millions dont seulement 760.000 sont officiellement exportés du fait des sanctions américaines contre Téhéran. Au cours des derniers mois, l’Iran a été capable d’exporter plus de pétrole, au moins 1,1 million de barils par jour selon les observateurs.
3-Canada
Le Canada a officiellement 171 milliards de barils de réserve et dans les faits selon plusieurs études beaucoup plus, avant tout sous forme de sables bitumineux dans l’Alberta. Le pays est le quatrième producteur mondial de pétrole avec plus de 5 millions de barils par jour en moyenne. Cette production est en augmentation en dépit de la pression du gouvernement canadien pour limiter le développement de l’industrie pétrolière.
2-Arabie Saoudite
Le deuxième producteur de pétrole avec en moyenne 11,5 millions de barils par jour a des réserves prouvées de 267 milliards de barils. En dépit d’une politique qui consiste à ajuster étroitement l’offre à la demande pour maintenir des prix élevés, le Royaume Saoudien ambitionne de pousser sa capacité de production à 13 millions de barils par jour d’ici 2027. Quitte à ne pas exploiter pleinement cette possibilité.
L’Arabie Saoudite a aussi pour atout d’avoir le pétrole le moins coûteux à produire. Pour sortir un baril de terre, selon l’Energy information administration américaine, cela coûte en moyenne 8,98 dollars à Aramco, la compagnie nationale saoudienne, y compris la distribution, le transport et les taxes, 23.35 dollars pour les producteurs américains de pétrole de schiste et 19.21 dollars pour le russe Rosneft.
1-Venezuela
Mis à mal par une crise politique, sociale et économique interminable, l’industrie pétrolière vénézuélienne est minée par la corruption et le manque de moyens humains et financiers.La dégringolade a commencé en 2003 quand après une grève du personnel, le président Hugo Chavez a décidé de licencier près de 20.000 employés de la compagnie pétrolière nationale PDVSA (Petroleos De Venezuela SA), dont la grande majorité des cadres, des ingénieurs et des géologues.
Le pays possède les plus grandes réserves de pétrole exploitables évaluées à entre 300 et 500 milliards de barils. Mais il est incapable d’exploiter cette ressource et son niveau de production n’a cessé de baisser depuis plusieurs décennies du fait notamment d’une politique aberrante menée par le régime et des sanctions américaines. L’an dernier, la production était comprise entre 600.000 et 700.000 barils par jour.
Le problème, les réserves colossales sont avant tout constituées, à 77% pour être précis, de pétrole extra lourd provenant de la ceinture de l’Orénoque au nord-est du pays. Ce pétrole a une viscosité très élevée et contient beaucoup de souffre, d’azote et autres polluants contaminants. Son exploitation et son raffinage se traduisent par des émissions très importantes de gaz à effet de serre. Pour extraire ce pétrole, il faut creuser de nombreux puits horizontaux et injecter du sable pour forcer le pétrole à remonter à la surface. Une fois extrait, ce pétrole doit être mélangé à des qualités plus légères ou à des adjuvants pour être plus facilement transporté et raffiné.