Le Danemark a décidé d’accélérer considérablement sa transition énergétique. Son gouvernement a présenté le 20 mai un projet historique pour multiplier par plus de trois sa capacité de production d’électricité à partir d’éoliennes marines. Elles seront installées en mer baltique et en mer du nord et deux îles, dont une totalement artificielle, serviront de relais. La décision doit encore être entérinée par le parlement.
Selon le ministre du climat et de l’énergie danois, Dan Jorgensen, l’investissement est estimé entre 26 et 40 milliards d’euros. Son gouvernement a d’ores et déjà inscrit dans son budget 2020 un montant de 8,7 millions d’euros. Cette somme devrait couvrir les études préliminaires
Deux îles pour centraliser la production d’électricité
Toujours selon Dan Jorgensen, une grande partie du financement du projet proviendra d’investisseurs privés. «La réalité aujourd’hui est que des éoliennes offshore sont construites dans de nombreuses régions sans subventions et c’est aussi ce que nous souhaitons», a-t-il déclaré à l’agence Reuters.
Les deux îles du projet ont vocation à centraliser la production d’électricité issue des parcs éoliens environnants, puis de la répartir ensuite entre plusieurs pays selon les besoins. La première île sera celle Bornholm en mer baltique, qui sera profondément transformée, et la seconde sera totalement artificielle et construite en mer du nord à un emplacement qui reste encore à déterminer. Les deux îlots seront au cœur des parcs d’éoliennes marines qui devraient commencer à fonctionner en 2030. Ils devraient fournir au minimum plus de trois fois la capacité actuelle des éoliennes marines danoises qui est de 1,7 GigaWatts (GW).
Chacun des deux champs d’éoliennes produira au moins 2 GW, de quoi approvisionner en électricité quatre millions de foyers sur les 5,8 millions que compte le Danemark. Mais le potentiel est bien plus important. Le parc de mer du nord pourrait fournir jusqu’à 10 GW de quoi alimenter les besoins en électricité de 10 millions de ménages… quand le vent souffle. Cela représenterait alors environ 1.300 éoliennes marines, plus grandes et plus puissantes que leurs équivalents terrestres. Mais leur coût de construction et d’exploitation est plus élevé.
Une bonne partie de l’électricité produite sera soit exportée vers le continent européen, soit stockée. Elle pourrait l’être notamment via des installations d’électrolyse pour la production d’hydrogène vert. L’énergie ainsi stockée pourrait ensuite alimenter des véhicules, avions ou navires équipés de piles à combustible.
Réduire de 70% les émissions de CO2 d’ici 2030
Quand le projet aura été approuvé définitivement, le Danemark commencera des négociations avec les Pays-Bas et la Pologne pour leur fournir à terme de l’électricité.
L’an dernier, les parcs éoliens danois, terrestres et maritimes, ont fourni 47% de la consommation totale d’électricité, faisant ainsi du pays le numéro un européen de cette forme d’énergie. Il faut dire que le Danemark bénéficie d’une situation très favorable en matière de vents réguliers et puissante.
Le 20 décembre 2019, le Parlement danois a adopté à une large majorité le Climate Act, une législation ambitieuse. Elle stipule que le pays doit réduire de 70% ses émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990. Le grand projet d’éoliennes marines doit permettre de respecter cet engagement.