Protéger leurs salariés et continuer à assurer l’approvisionnement énergétique du pays. A l’heure où des dizaines de millions de Français sont de fait en confinement, contraints de limiter au maximum leurs déplacements et de rester chez eux, les entreprises stratégiques de l’énergie font face à un exercice difficile. EDF, RTE, Enedis, Engie et GrDF doivent, avec moins de main d’œuvre, continuer à faire fonctionner les centrales, les barrages hydrauliques et les réseaux d’électricité et de gaz, des activités vitales pour le pays. «Tout le monde comprend qu’on a besoin de continuer à avoir de l’électricité, du gaz… », a déclaré à la fin de la semaine dernière Élisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire
Elle avait convoqué pour une réunion de crise tous les acteurs importants de l’énergie et leur a demandé d’actualiser leur plan de continuité ou plan pandémie en «tenant compte des caractéristiques de l’épidémie». Elle leur a promis en échange des mesures réglementaires permettant notamment d’adapter, c’est-à-dire d’allonger, les horaires de travail. «C’est surtout des règles d’organisation du travail, le fait d’avoir des équipes de réserve, de par exemple travailler en deux fois 12 plutôt qu’en trois fois huit pour garder des équipes en réserve…» a détaillé la ministre. Le plan prévoit également de redimensionner la taille des équipes de jour sur le modèle de celles de nuit, de solliciter des personnels d’EDF ayant les compétences nécessaires mais travaillant sur un autre poste ou de faire appel à des personnels d’un autre site.
La continuité assurée avec 40% d’absentéisme
Ce plan concerne avant tout EDF et le gestionnaire du réseau électrique RTE. Il est déclenché si trop de salariés sont dans l’impossibilité de venir travailler et permet à ses deux entreprises d’avoir une activité normale avec seulement 60% de leurs employés en activité.
Les centrales nucléaires, qui représentent plus de 70% de la production d’électricité en France, sont sans surprise en première ligne. Notamment parce que le personnel habilité à y travailler est spécialement formé et aussi spécialement habilité pour des raisons de sécurité. «Un système d’astreinte sera mis en place, et on veillera à ce qu’une partie du personnel soit bien en repos, de manière à pouvoir changer de salarié au fur et à mesure de l’avancée de la pandémie» a expliqué Thierry Raymond de la CGT sur Europe 1.
Le plan pandémie déclenché à Flamanville
Le système se veut souple. EDF et RTE ont la possibilité de le lancer sur certains sites, et pas sur l’ensemble du territoire. EDF a ainsi activé lundi 16 mars son plan pandémie à la centrale nucléaire de Flamanville. Seuls les salariés indispensables à la sécurité et à la sûreté des installations restent sur place les autres sont confinés chez eux. «Il y a des présomptions de cas dans la centrale et son directeur -en concertation avec l’entreprise- a décidé de mettre en œuvre ce plan dès aujourd’hui», explique l’énergéticien. Un scénario qui pourrait se répéter dans les prochains jours dans d’autres centrales nucléaires.
Enfin, le secteur pétrolier ne fait pas face aux mêmes contraintes. Contrairement à l’électricité, le carburant se stocke. «La logistique pétrolière a déjà eu des soubresauts et des crises. Elle est robuste et agile et les gens ont l’habitude de travailler dans des modes dégradés», explique l’Union française des industries pétrolières (Ufip). Dans les raffineries, entre 5 et 7 personnes se relaient sur certains postes critiques. Il est donc possible d’assurer la continuité de certaines fonctions, même avec de nombreuses absences.