L’Energy Information Administration (EIA) américaine a publié le 24 septembre ses prévisions sur l’énergie dans le monde d’ici 2050. Une étude annuelle intitulée International Energy Outlook 2019. Le rapport de 170 pages souligne que le principal obstacle à la transition vers des sources d’énergies émettant moins de gaz à effet de serre est l’augmentation rapide de la consommation d’énergie dans le monde. Elle est liée à deux éléments majeurs: l’amélioration du niveau de vie, notamment en Asie, et, dans une moindre mesure, la poussée démographique en Afrique.
Selon le scénario de référence de l’EIA, la consommation mondiale d’énergie primaire pourrait ainsi augmenter de 46,9% entre 2018 et 2050. Plus de la moitié de cette demande supplémentaire proviendrait des pays asiatiques en cours de développement. La consommation énergétique de ce «groupe incluant la Chine et l’Inde» pourrait doubler d’ici le milieu du XXIème siècle.
«Forte croissance économique… et une croissance démographique rapide»
La forte hausse de la demande d’énergie dans l’ensemble des pays «hors OCDE» (+70% entre 2018 et 2050) s’explique par «une forte croissance économique, un accès accru à l’énergie et une croissance démographique rapide». Mais dans les pays développés de l’OCDE, la consommation d’énergie devrait également continuer à croître d’ici le milieu du siècle (+15%). Elle le ferait à un rythme plus modéré que dans les pays en cours de développement en raison de «la plus faible croissance économique et démographique et des progrès en matière d’efficacité énergétique». Mais il n’est pas question de stabilisation de la demande d’énergie et encore moins de baisse dans les pays développés.
Ces derniers devraient tout de même faire des efforts en matière de transport, par exemple, avec une baisse de 1% de l’utilisation d’énergie pour cette activité d’ici le milieu du siècle tandis qu’elle devrait augmenter de 77% dans les pays en développement. La consommation d’énergie pour les bâtiments augmentera de 65% à l’échelle mondiale sur la même période et quatre fois plus vite dans les pays en développement que dans les pays de l’OCDE.
La production d’électricité devrait occuper une place essentielle dans la hausse de la consommation mondiale d’énergie, notamment dans les villes des pays en voie de développement qui connaitront à la fois une forte progression de leur population et une amélioration, en moyenne, des conditions de vie. La production d’électricité pourrait ainsi croître au niveau mondial de 79% entre 2018 et 2050 (+ 2,3% par an en moyenne dans les pays hors OCDE, + 1% par an dans les pays de l’OCDE).
Les énergies fossiles, 69% de la consommation en 2050
Selon l’EIA, la demande mondiale augmentera dans les trois prochaines décennies pour toutes les sources d’énergie, y compris fossiles. Celle des énergies renouvelables progressera en moyenne de 3,1% d’ici 2050, de pétrole de 0,6%, de charbon de 0,4% et de gaz naturel de 1,1%.
En 2050, les énergies fossiles pourraient encore représenter 69% de la consommation mondiale d’énergie primaire, contre 80% en 2018. Le point le plus déterminant pour l’évolution de la consommation d’énergie fossile sera celui du prix du pétrole et du gaz. Le scénario de référence de l’EIA est construit avec un baril de pétrole à 100 dollars en moyenne. Dans une hypothèse ou le cours du baril de pétrole serait bien plus élevé, en moyenne de 185 dollars, la progression des énergies renouvelables serait plus rapide. Dans tous les cas de figure, elle sera supérieure à celle de toutes les autres sources d’énergie sur la période. Ainsi, les renouvelables (hydraulique, solaire, éolien) deviendront la première source d’énergie primaire devant le pétrole, un peu avant 2050 (voir le graphique ci-dessus).
Mais si la dépendance aux énergies fossiles va se réduire, elle ne va pas disparaître. Une situation illustrée par la problématique du charbon. Pour l’EIA, le charbon, l’énergie fossile qui émet le plus de CO2, pourrait connaitre une évolution paradoxale. Sa consommation mondiale pourrait «décliner jusqu’à la décennie 2030» du fait d’une transition vers le gaz naturel et les énergies renouvelables pour la production électrique. Mais elle pourrait à nouveau augmenter dans les années 2040 pour satisfaire les besoins industriels et de production d’électricité des pays asiatiques à l’exception de la Chine.
Pour l’EIA, les engagements en matière d’émissions mondiales de CO2 ne seront pas atteints. Les émissions de gaz à effet de serre augmenteront de 0,6% par an en moyenne entre 2018 et 2050 (contre +1,8% en moyenne entre 1990 et 2018). A en croire, l’étude International Energy Outlook 2019, la transition énergétique sera ainsi très graduelle, du fait de la croissance économique et démographique mondiale.