Confrontée à des besoins d’électricité qu’elle n’arrive pas à satisfaire et à des pénuries et des blackouts, la Chine a lancé depuis plusieurs années une stratégie qui consiste à multiplier les sources d’énergie. Elle ne renonce pas, loin de là, au charbon, mais éloigne les centrales les plus polluantes des métropoles et dans le même temps multiplie les investissements massifs dans le nucléaire, l’hydraulique, le solaire et l’éolien. La Chine est ainsi le premier producteur au monde d’hydroélectricité, d’électricité solaire, d’électricité éolienne et évidemment de charbon. Et elle entend devenir très rapidement le numéro un mondial de l’électricité nucléaire… La Chine veut atteindre 10% d’électricité nucléaire en 2035, ce qui implique la construction de près d’une centaine de réacteurs en 15 ans (soit 6 à 8 réacteurs par an)! Elle deviendra alors de loin la première puissance mondiale du nucléaire civil.
Dans l’éolien marin, en terme de puissance installée, l’Europe domine, mais pour combien de temps encore. Près de la moitié des nouvelles capacités éoliennes marines installées dans le monde en 2020 ont été implantées dans les eaux chinoises selon le dernier rapport du Global Wind Energy Council (GWEC).
La plus puissante éolienne marine au monde
En 2020, l’industrie éolienne offshore a installé près de 6,1 GW de nouvelles capacités dans le monde, soit légèrement moins que le niveau record de 2019 (6,24 GW). C’est, pour la troisième année consécutive, en Chine qu’ont principalement eu lieu ces installations (plus de 3 GW d’éoliennes marines installées en 2020), devant les Pays-Bas (près de 1,5 GW), la Belgique (706 MW), le Royaume-Uni (483 MW) et l’Allemagne (237 MW).
Au total, la puissance cumulée du parc éolien marin mondial a atteint 35,3 GW à la fin 2020, 70% de ces capacités étant implantées dans les eaux européennes. Si le Royaume-Uni dispose toujours du plus important parc éolien offshore (28,9% des capacités mondiales à la fin 2020), la Chine (28,3%) se place désormais devant l’Allemagne (21,9%).
Sur le plan technologique, l’offensive chinoise est également impressionnante. Le groupe chinois MingYang Smart Energy a présenté il y a quelques semaines son projet d’une nouvelle éolienne offshore de 16 MW, la plus puissante au monde. Elle illustre la course au gigantisme et à la puissance dans l’éolien marin.
Ainsi, l’Haliade-X de l’Américain General Electric avec ses 13 MW était encore il y a peu l’éolienne marine la plus puissante. Mais plusieurs fabricants ont annoncé le développement de modèles plus puissants encore, le groupe germano-espagnol Siemens-Gamesa, le Danois Vestas (15 MW) et donc MingYang Smart Energy. Ce dernier a présenté une éolienne marine qui mesurera 264 m de haut et disposera d’un rotor de 242 m de diamètre. Ses pales de 118 m de long balaieront une surface de 46.000 m2, l’équivalent de la superficie de six terrains de football. Une seule de ces éoliennes pourrait permettre de produire près de 80 GWh par an, de quoi satisfaire les besoins électriques annuels de «plus de 20 000 foyers» selon MingYang.
Le GWEC estime que les nouvelles capacités installées en 2021 seront plus de deux fois supérieures à celles de 2020. En tout, 235 GW de nouvelles capacités éoliennes marines pourraient être déployées dans le monde d’ici 2030, soit près de 7 fois le niveau actuel. L’Agence internationale de l’énergie estimait il y a deux ans que la filière pourrait constituer le nouveau «game-changer du système énergétique», au même titre que «la révolution du schiste et l’essor du solaire photovoltaïque» au cours des dernières années.
L’Europe, y compris la France, ont fait de l’éolien marin l’une des énergies décarbonées privilégiées, à la fois parce qu’elle offre un potentiel de puissance bien supérieur à l’éolien terrestre, qu’elle se heurte à bien moins d’oppositions locales… en général et que les facteurs de charge sont aussi supérieurs à l’éolien terrestre. Même si les coûts de fabrication, d’entretien et de raccordements sont élevés et donc les coûts de production.
Dans son rapport, le GWEC précise que les facteurs de charge moyens de la filière sont désormais compris «approximativement entre 40% et 50%» au niveau mondial. Avec les progrès technologiques, la filière estime que ce facteur de charge pourrait atteindre 60% à l’horizon 2050. Des chiffres à prendre avec une grande prudence. Le facteur de charge moyen de l’éolien marin en Europe était de 38% en 2019 selon WindEurope.