<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le charbon ne veut pas disparaître

2 janvier 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Train Charbon Wikimedia
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Le charbon ne veut pas disparaître

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L’année 2023 a vu un nouveau record de consommation de charbon dans le monde et il est permis de douter des prévisions annonçant année après année le reflux de l’utilisation du combustible fossile qui émet le plus de gaz à effet de serre. Les promesses de renoncement au charbon, faites à la COP26 de Glasgow en 2021 et réitérées à la COP28 le mois dernier, n’ont pour le moment jamais été suivies d’effet. La succession d’études de l’Agence internationale de l’énergie annonçant une baisse de l’utilisation du charbon revient à prendre ses désirs pour la réalité.

Les engagements pris lors de la COP28 d’engager la transition vers la fin des énergies fossiles ne deviendront crédibles que quand l’humanité sera déjà capable de commencer à se passer du combustible fossile qui émet le plus de gaz à effet de serre, le charbon. Il faut avoir le sens des priorités. Le charbon est tout simplement le plus grand émetteur de gaz à effet de serre de l’humanité. Il représente 40% de toutes les émissions liées à l’énergie. Elles ont atteint un niveau record de 15,5 gigatonnes de CO2 en 2022. C’est plus que l’ensemble des émissions énergétiques de la Chine et trois fois plus que celles des États-Unis. En outre, la pollution atmosphérique liée à la combustion du charbon a des conséquences considérables, via notamment les particules fines, sur la santé publique.

Prendre ses désirs pour la réalité

Il faut se souvenir qu’en 2021, lors de la COP26 à Glasgow, l’engagement avait déjà été pris de se passer progressivement du charbon. Il n’en a rien été. Le même engagement a été réitéré sans le moindre débat en décembre dernier à Dubaï. Mais il est permis de douter des promesses « historiques » faites par les Etats tout comme des prévisions des institutions internationales, à commencer par celles de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui devenue maintenant une autorité morale a tendance à prendre ses désirs pour la réalité.

L’année 2023 aura ainsi vu un record de consommation de charbon dans le monde à 8,54 gigatonnes et il est malheureusement difficile de croire qu’elle va commencer à refluer dans les prochaines années. C’est bien simple, la consommation de charbon dans le monde a augmenté de plus de 5% depuis l’accord de Glasgow ! Et les investissements dans le charbon dans le monde ont augmenté de 10% en 2023 par rapport à 2022 à 150 milliards de dollars…

L’AIE ne cesse de se tromper

L’AIE qui n’a cessé de se tromper persiste pourtant en espérant peut-être que la méthode Coué finisse par fonctionner. L’Agence a encore annoncé à la mi-décembre que la demande mondiale de charbon aller diminuer doucement pour s’établir à 8,3 gigatonnes d’ici à 2026. Mais il y a un an, l’AIE affirmait que la demande de charbon avait déjà atteint un pic d’environ 8 gigatonnes et qu’elle serait à peine plus élevée en 2025. Dans son dernier rapport, elle a revu fortement à la hausse son estimation de la consommation en 2022, de 8 gigatonnes à 8,4 gigatonnes. Une petite erreur…

L’AIE souligne que le charbon connaît un déclin rapide aux États-Unis et dans l’Union européenne, avec une baisse de 21% et 23% respectivement de la consommation en 2023. Contrairement à 2022, l’Europe a pu sans trop de problèmes faire face à la chute des importations de gaz russe sans avoir recours à ses centrales thermiques à charbon, même si elles restent opérationnelles en cas d’hiver rigoureux. Même le Japon, qui a eu recours massivement au charbon quand il a fermé toutes ses centrales nucléaires après l’accident de Fukushima en 2011, a consommé 8% de charbon en moins en 2023. Le Japon a, il est vrai, relancé une bonne partie de ses réacteurs nucléaires.

La Chine et l’Inde ont consommé environ 70% du charbon produit en 2023

Mais la situation n’a rien à voir dans les pays en développement et dans l’usine du monde qu’est la Chine. Et les États-Unis et l’Union européenne, qui représentaient ensemble environ 40% de la consommation mondiale de charbon il y a trente ans, en assurent moins de 10% aujourd’hui. Autant dire qu’ils ne comptent plus. En revanche, la Chine et l’Inde, les deux pays de loin les plus peuplés, ont consommé l’an dernier environ 70% du charbon utilisé dans le monde. Et la Chine à elle seule en avait consommé 54% de la production mondiale en 2022 et a assuré environ la moitié de la production planétaire. La Chine, l’Inde et les économies à croissance rapide d’Asie du Sud-Est ont des besoins d’énergie et plus particulièrement d’électricité en constante augmentation, subissent des pénuries et des coupures, et ont toutes augmenté leur consommation de charbon au cours des dernières années… et vont continuer à le faire.

La consommation de charbon a augmenté l’an dernier de 5% en Chine et de 8% en Inde. Et cela même si ces deux pays investissent massivement dans les renouvelables et le nucléaire, surtout la Chine. Le charbon émet beaucoup de CO2 et de polluants atmosphériques mais est une source d’énergie fiable, non intermittente et bon marché. Elle a aussi l’avantage d’être souveraine, c’est-à-dire d’être produite en grande partie sur le sol national, en Chine comme en Inde.

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