Il s’agit sans doute autant d’un souhait que d’une analyse. Energy Post pronostique, enfin, un déclin du charbon dans la production d’électricité dans le monde. Ainsi, même si les capacités dans le monde de production des centrales au charbon ont encore augmenté de 17 gigawatts au premier semestre de l’année 2019, Energy Post souligne que les projets de construction de centrales ne cessent de se réduire. Le plus intéressant est le fait que les centrales à charbon existantes en Chine ne fonctionnent plus depuis 2015, en moyenne, qu’à 50% de leurs capacités.
Reste à savoir si cela est suffisant pour faire une tendance. Tous les yeux sont tournés vers les 15 pays qui détiennent 91% des capacités de production de centrales au charbon dans le monde (voir ci-dessous). Les cinq premiers étant la Chine (49% des capacités mondiales) loin devant les Etats-Unis (13%), l’Inde (11%), la Russie (2%) et l’Allemagne (2%). Ces 15 pays représentent 1.845 gigawatts sur les 2.027 gigawatts d’électricité produite à partir du charbon sur la planète.
Selon Christine Shearer de Global Energy Monitor, nous sommes arrivés au point d’inflexion. Il y a aujourd’hui dans le monde 12,7 gigawatts de capacité de production électrique au charbon en projets, soit 3 gigawatts de plus que les centrales qui ferment (10 gigawatts). Mais comme seulement un tiers de ses projets voient effectivement le jour depuis 2010, la capacité mondiale de production d’électricité à partir du charbon a commencé son déclin.
Il faut dire que la pression contre le charbon ne cesse de grandir. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a demandé un moratoire mondial après 2020 sur la construction de centrales au charbon. Il a peu de chances de voir le jour, mais il contribue à freiner les nouveaux projets.
Aujourd’hui, seuls la Chine, l’Inde, l’Indonésie, les Philippines et le Bengladesh construisent encore des centrales au charbon. L’Inde a révisé à la baisse ses prévisions de nouvelles centrales au charbon. La Turquie a 34 gigawatts de projets au charbon dans les tuyaux mais a seulement lancé 12% des chantiers programmés depuis 2010. Le Vietnam, l’Indonésie et la Thaïlande ont nettement réduit leurs projets charbonniers, faute notamment de financements. L’Egypte, la Russie et la Mongolie ont encore chacun en projet une seule centrale à charbon qui dépendent toutes de financements chinois qui tardent à se concrétiser. Par ailleurs, le Japon, la Corée du sud et Taiwan n’ont plus de projets charbonniers depuis 2015 et la Pologne et l’Afrique du sud n’en auront sans doute plus jamais également. Seuls le Bengladesh et les Philippines maintiennent leurs projets charbonniers.
La décrue est donc sans doute en cours. Mais elle s’annonce lente, au moins dans les prochaines années. Tout dépendra notamment de la vétusté des centrales existantes et donc de la rapidité de leur fermeture et de leur remplacement par des sources de production d’électricité moins émettrices de C02 (gaz naturel ou renouvelables). L’âge moyen des centrales à charbon dans le monde va de 9 ans au Vietnam à 51 ans en Ukraine. Mais les plus nombreuses, les chinoises, n’ont que 12 ans de fonctionnement en moyenne et les indiennes 16 ans…