Les carburants fossiles sont considérés comme posant de sérieux problèmes à l’environnement et au climat en émettant notamment des gaz à effet de serre, mais comme présentant des avantages économiques considérables. C’est notamment pour cela que les énergies fossiles devraient encore représenter entre 79% et 62% de l’énergie consommée dans le monde en 2040 selon les différents scénarios possibles.
Mais les calculs économiques et financiers qui, par exemple, privilégient dans les pays pauvres les centrales au gaz et à charbon pour produire de l’électricité sont contestables. Le véritable retour sur investissement est bien plus proche de celui des énergies renouvelables. Car produire et distribuer des carburants fossiles consomme beaucoup d’énergie et elle n’est pas prise en compte. C’est en tout cas la conclusion d’une étude récente de l’Université de Leeds qui a été publiée par le magazine scientifique Nature.
Selon l’étude, le pétrole, le charbon et le gaz offrent en moyenne un rendement de 25 pour 1. Cela signifie que pour chaque baril de pétrole utilisé pour la production de pétrole, 25 barils sont produits. Mais cette mesure appelée retour énergétique sur investissement (REI) est traditionnellement calculée quand les énergies fossiles sont sorties de terre et ne prend pas en compte le processus de raffinage et de traitement. Quand il est pris en compte, le REI tombe à 6 pour 1 selon l’Université de Leeds. Il devient alors comparable à celui des panneaux solaires. «La transition des carburants fossiles vers les renouvelables pourrait en fait ne pas être aussi douloureuse que les personnes ne pensent», explique à l’agence Bloomberg Paul Brockway, l’un des auteurs de l’étude.
Les données prises en compte dans l’étude proviennent de l’Agence Internationale de l’Energie et d’Exiobase. Sur une période de 16 ans (1995-2011), le retour moyen sur investissement des énergies fossiles au stade final du produit a baissé de 23%. «Et il devrait continuer à décliner. Les puits facilement accessibles s’épuisent et les compagnies sont contraintes de dépenser plus d’énergie pour extraire des produits de moins bonne qualité qui demandent plus de raffinage», souligne Paul Brockway.
L’étude se veut même assez alarmiste. Elle met en garde contre le danger que présente les coûts croissants de l’extraction des carburants fossiles qui pourraient créer une chute brutale de l’approvisionnement, notamment de pétrole. Si le retour énergétique sur investissement tombe sous le ratio de 5 pour 1, cela pourrait réduire rapidement la production économiquement viable. Les chercheurs soulignent ainsi la nécessité d’augmenter les investissements dans les renouvelables.