A Flamanville, le chantier de l’EPR, réacteur nucléaire à fission de dernière génération, tourne au cauchemar économique comme technique. Pendant ce temps là, la fusion nucléaire, une source d’énergie en théorie bien plus grande encore, moins polluante car sans déchets et bien plus complexe à maitriser, commence à prendre forme. Plus de 60% du futur réacteur expérimental de Cadarache, le projet Iter qui associe 35 pays, est construit. La phase d’assemblage de la machine doit commencer en 2020. C’est la promesse un peu utopique d’offrir dans quelques décennies à l’humanité une énergie surabondante, peu coûteuse et propre…
Mais c’est une technologie d’une très grande complexité et qui est loin d’être à un stade opérationnel. Il a fallu près de dix ans d’usinage complexe pour que les plus importants composants du réacteur thermonucléaire soient fabriqués. Il faudra ajuster au millimètre 1 million d’éléments constitués de 10 millions de pièces totalisant les 440.000 tonnes du «Tokamak», le nom de ce réacteur très particulier conçu dans les années 1950 par les physiciens russes Igor Tamm et Andreï Sakharov. Depuis plusieurs semaines, une phase de tests a commencé sur les machines d’assemblage.
Iter reproduit à une «petite» échelle la fusion d’éléments atomiques qui se produit au coeur des étoiles. Les particules sont chauffées à plus de 150 millions de degrés et la matière entre alors en état de plasma à partir duquel la fusion atomique peut se produire. Cette dernière génère une quantité considérable d’énergie et de chaleur qui fabrique de la vapeur elle-même convertie en électricité par des turbines et des alternateurs. Aucun matériau ne pouvant le contenir, le réacteur est confiné dans une cage magnétique à l’aide d’aimants surpuissants, le «Tokamak». Le «Tokamak» d’Iter sera de loin le plus grand du monde avec une hauteur de 29 mètres et 18 aimants générant une puissance d’attraction un million de fois supérieure à celle du champ magnétique terrestre.
Si tout se passe bien, le premier plasma devrait être fabriqué en décembre 2025. Il faudra ensuite encore dix ans, jusqu’en 2035, pour réaliser la première fusion nucléaire contrôlée de tritium-deutérium.