Pour limiter le réchauffement climatique, le nombre de solutions est en fait limité à deux. La première consiste à contrôler, autant que faire se peut, la quantité de gaz à effet de serre qui se trouve dans l’atmosphère pour que la réflexion des rayons solaires ne baisse pas de façon trop importante. Selon les calculs, l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère depuis 1750 s’est traduite par le fait que la chaleur reflétée par la terre est maintenant interceptée à 82,7% contre 82,1% il y a 250 ans.
Des conséquences imprévisibles
Et il y a une autre possibilité pour limiter le réchauffement. Elle consiste à réduire la quantité de ces mêmes rayons solaires qui touche la terre. Dans le deuxième cas, on entre dans le domaine de la géo-ingénierie et de l’utopie scientifique. Des solutions théoriques qui n’ont pas bonne presse car elles ne semblent pas forcément sérieuses, car elles reviennent à une forme de pensée magique, la technologie va nous sauver, et parce que pour les écologistes cela nous permettrait de nous exonérer de changer de mode de développement et de mode de vie. Et puis et surtout, parce que les conséquences de manipulations à grande échelle du climat et de l’environnement de la terre sont imprévisibles. Les modèles climatiques à notre disposition sont imprécis et imparfaits. Ceux utilisés, par exemple, par le GIEC sont souvent contradictoires, ne fonctionnent pas en remontant dans le temps et donnent des évaluations allant de 1,8 degré Celsius de réchauffement à la fin du siècle par rapport à 1850… à plus de 5 degrés.
Mais quand une solution pour limiter le rayonnement solaire qui touche la terre provient de chercheurs du très prestigieux MIT (Massachussetts Institute of Technology), elle mérite une certaine attention. C’est au sein du Senseable City Laboratory qu’un groupe inter-disciplinaire a cherché une «solution d’urgence», si la hausse constante des températures devenait la menace mortelle pour la civilisation humaine que nous promettent, déjà depuis plusieurs décennies, les collapsologues et autres prophètes de l’apocalypse.
Un bouclier gonflable entre le soleil et la terre
Leur solution nommée Bubble Spaces est extra-terrestre. Elle est dans l’espace. Elle est inspirée d’une idée formulée par l’astronome Roger Angel en 2006. Il avait alors imaginé le déploiement dans l’espace d’un radeau composé de petites bulles gonflables afin de protéger la Terre d’une fraction des radiations solaires qui seraient ainsi déviées.
Le réseau de bulles –qui ferait à peu près la taille du Brésil– serait constitué de boucliers gonflables en silicium renforcés avec du graphène. Cet amas –qui formerait une sorte de disque géant– serait placé dans l’espace au-delà de l’atmosphère à un point de Lagrange. C’est-à-dire à une distance où les forces gravitationnelles du Soleil et de la Terre créent une orbite stable. Il serait positionné de manière à se trouver en permanence entre le soleil et notre planète.
Les scientifiques du MIT qui se sont penchés sur la question ont estimé qu’en détournant précisément 1,8 % des radiations solaires avant qu’elles ne touchent notre planète, «nous pourrions totalement inverser le réchauffement climatique». Ils expliquent tout cela sur un site internet qui se trouve ici.
Faisabilité technique et économique
Voilà pour la théorie. Dans la pratique, les choses deviennent beaucoup plus compliquées. Il y a d’abord, la question de la faisabilité technique. Les obstacles sont innombrables compte tenu de la difficulté et du coût de fabrication d’un bouclier d’une telle taille en orbite et de la maintenance ensuite nécessaire pour qu’il soit efficace. Les chercheurs expliquent, par exemple, que pour créer le bouclier géant, il faudra sans doute fabriquer les bulles pour gonfler les éléments du bouclier directement dans l’espace. «Le gonflage in situ des bulles implique des tâches complexes en robotique et en navigation», préviennent-ils.
Et puis et surtout, on ne mesure pas vraiment tous les risques qu’une telle solution pourrait entraîner pour la Terre et ses occupants. Et cela même si les chercheurs du MIT soulignent que «contrairement aux autres propositions de géo-ingénierie, comme celles consistant à dissoudre les gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour augmenter son taux de réflexion, cette méthode n’interfère pas avec notre biosphère et de ce fait crée moins de risques d’altérer nos écosystèmes déjà fragiles». Elle pourrait tout de même provoquer une nouvelle ère glaciaire ou des changements majeurs de climat sur certains continents sans parler de mouvement inattendus de masses d’air.