<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Bill Gates et Jeff Bezos parient sur l’hydrogène blanc ou géologique

25 septembre 2024

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Bill Gates et Jeff Bezos parient sur l’hydrogène blanc ou géologique

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L’hydrogène blanc est à la mode et fait rêver. Si jamais le potentiel d’extraction dans le sous-sol d’un hydrogène à la fois renouvelable et décarboné s’avérait aussi important que l’espèrent certains géochimistes, cela pourrait avoir un impact majeur sur la transition énergétique. C’est clairement ce que parient les milliardaires Bill Gates (Microsoft) et Jeff Bezos (Amazon) en investissant dans la start-up américaine Koloma, spécialisée dans la recherche d’hydrogène géologique.

L’hydrogène vert ou décarboné est une des clés de la transition énergétique, en dépit des multiples détracteurs de ce vecteur d’énergie. Pour une raison assez simple, dans un certain nombre de domaines d’activités essentiels, industrie lourde et transports sur longue distance (notamment aérien et maritime), il n’y a pas d’autres solutions pour se passer des carburants fossiles. Cela dit, l’hydrogène vert est un vecteur d’énergie fabriqué avec de l’électricité décarboné dont la production est à la fois limitée et coûteuse.

Mais toute l’équation pourrait changer si l’hydrogène géologique ou blanc, produit naturellement dans le sous-sol et qui s’évapore rapidement dans l’atmosphère compte tenu notamment de la légèreté de la molécule, était exploitable en quantité. C’est une possibilité qui mérite qu’on y consacre des moyens.

Bill Gates et Jeff Bezos ont investi dans la start-up Koloma

C’est le pari que tentent les milliardaires Bill Gates (Microsoft) et Jeff Bezos (Amazon) avec la jeune société américaine Koloma. La société a levé plus de 305 millions de dollars depuis sa création. « Nous pouvons utiliser l’expertise et les prestataires de services pour les industries pétrolière, gazière et minière et les mettre rapidement au service de la découverte de ressources sans carbone. L’exploitation et la modification de ce qui existe déjà nous permettront d’accélérer la maturation de l’industrie », explique Pete Johnson, Pdg et cofondateur de Koloma. « L’hydrogène géologique devrait avoir un très faible impact sur le carbone, mais aussi une empreinte foncière minime et un très faible impact sur l’eau », ajoute-t-il.

Il n’y a pas que Koloma. En août, en Australie, le groupe minier Fortescue a acquis une participation de 39,8% dans la société HyTerra, spécialisée dans l’hydrogène, pour un montant de 21,9 millions de dollars. HyTerra et Fortescue collaboreront notamment sur le projet Nemaha au Kansas de recherche d’hydrogène blanc. L’injection de liquidités devrait permettre à HyTerra d’étendre ses explorations à six puits au lieu de deux.

Ruée vers l’hydrogène blanc

Le cabinet Rystad Energy annonce même déjà une ruée vers l’hydrogène blanc dans la veine de la ruée vers l’or… On n’en est pas vraiment là. L’hydrogène blanc est produit dans le sous-sol par une réaction de l’eau avec des roches contenant du fer. Le fer se corrode et des bulles d’hydrogène pur se forment dans la croûte terrestre. Contrairement aux combustibles fossiles, dont la production prend des dizaines ou des centaines de millions d’années, l’hydrogène blanc se renouvelle constamment. Plusieurs gisements ont été découverts depuis 2012 au Mali, en Australie, en Europe de l’Est, en France, à Oman, en Espagne et aux États-Unis.

On a ainsi trouvé l’an dernier un gisement dans le sous-sol lorrain au fond d’une vieille mine de charbon. La Française de l’énergie a annoncé une découverte autour du puits de Folschviller (Moselle). Les premières estimations font état de 46 millions de tonnes.  A nouveau une équipe de chercheurs français, de l’Université Grenoble Alpes, a révélé au début de l’année avoir trouvé un gisement dans une mine de chrome en Albanie. La fuite d’hydrogène se fait à un rythme d’environ 200 tonnes par an. Sur cette base, les chercheurs estiment que le gisement pourrait contenir entre 5.000 et 50.000 tonnes d’hydrogène.

Selon Geoffrey Ellis, géochimiste américain travaillant pour le U.S. Geological Survey, « la majeure partie de l’hydrogène se trouvant dans le sous-sol est probablement inaccessible,mais une récupération de quelques pour cent permettrait encore de répondre à la demande prévue – 500 millions de tonnes par an – pendant des centaines d’années ».Geoffrey Ellis est le responsable d’une étude dont les conclusions provisoires montrent qu’il pourrait y avoir jusqu’à 5.000 milliards de tonnes d’hydrogène sous nos pieds. Le ministère américain de l’énergie vient d’allouer une première enveloppe de 20 millions de dollars dédiée à la recherche d’hydrogène blanc dans huit États du pays.

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